Le jour que nous commémorons ce Chabbat, le 17 Tamouz, est lié à cinq événements malheureux (Taanit 26a) qui se produisirent dans notre histoire. Non seulement devons-nous donc renforcer la manière dont « se tient le monde » et « existe le monde », par l’intermédiaire de notre service d’aujourd’hui, mais nous devons également faire jaillir « la qualité supérieure de la lumière sur l’obscurité » et « la qualité supérieure de la sagesse sur la folie ».

Ce concept est exprimé par Maïmonide. Dans son Traité sur les Jeûnes (5 :19), il écrit que dans le futur, ces jours seront transformés en fêtes, jours de bonheur et de réjouissance.

Il nous incombe donc de méditer sur les raisons des problèmes, c’est-à-dire sur « nos actes impies », pour pouvoir les corriger par la Techouva (retour à D.ieu). Et nous devons faire en sorte qu’ils soient totalement rectifiés.

Il est évident que chaque jour de jeûne fut institué en fonction d’une raison particulière le concernant et c’est dans cette direction que doivent porter nos efforts pour la corriger en faisant Techouva.

En ce qui concerne le 17 Tamouz, la Michna déclare : « Cinq événements eurent lieu le 17 Tamouz. » Le premier de ces événements, et donc le plus important, est la « destruction des Tables de la Loi ». Nous devons méditer sur la raison de leur destruction ainsi que sur ce qui peut être fait pour une rectification complète.

Au niveau le plus simple, nous pouvons observer que la destruction des Tables se réfère à la destruction de la Torah, et de la Torah telle qu’elle se manifeste dans les Tables, dans un état d’unité. La Loi Écrite, ce que l’on appelle « la Torah », était écrite sur un parchemin. La Torah Orale, fait allusion, à ce qui est appréhendé et compris par l’intellect humain. Dans les deux cas, la Torah constitue une entité différente de ce qui la contient, que ce soit le parchemin ou le processus intellectuel.

Par ailleurs, les Tables représentent l’unité dans la Torah. Les lettres de la Torah et les Tables se trouvaient unifiées par le fait que les premières étaient gravées sur les dernières. Il ne s’agissait pas d’une jonction de deux entités séparées mais d‘une « unité unique », bien particulière.

Ce concept se reflète dans notre service de D.ieu. Quand un Juif étudie la Torah, il ne doit pas se considérer comme un individu autonome, séparé de la Torah. Mais les lettres de la Torah doivent plutôt se graver dans son essence, devenir une partie de lui-même. Le Talmud de Jérusalem (Chekalim 6 :1) déclare que la Torah, dans sa totalité, est contenue dans les Tables de la Loi. Chaque aspect de notre existence doit donc se lier à la Torah de telle manière qu’elle devienne gravée en nous et qu’il soit impossible de nous en différencier. Les lettres de la Torah constituent alors une partie-même de notre corps. Notre corps forme un avec notre âme, elle-même partie de D.ieu et, comme le déclare le Baal Chem Tov, « quand l’on saisit une partie de l’essence, c’est comme si on la saisissait entièrement. »

Nous pouvons tirer une leçon de ce qui précède, en ce concerne la destruction des Tables de la Loi. Dans une situation où l’on possède et accomplit chaque détail de la Torah, à l’exception de celui qui est souligné par les Tables, nous avons un sérieux problème. Cette faute est en elle-même suffisamment dommageable pour nécessiter l’institution d’un jeûne public.

Le corps du Juif est la propriété de D.ieu, et, en général, ne doit pas être ignoré. Le Maguid de Mézéritch nous enseigne qu’ « un petit trou dans le corps fait un grand trou dans l’âme. » Il insiste donc sur l’importance de veiller à subvenir aux besoins de notre propre corps.

Cependant, lorsque les Tables sont brisées, c’est-à-dire que se trouve alors menacée l’unité du Peuple juif avec la Torah, l’on peut ignorer les besoins physiques. Dans une telle situation, le fait de jeûner devient une Mitsva et permet de réparer une déficience spirituelle.

La Torah nous offre un certain nombre de moyens pour rectifier la destruction des Tables. Selon les déclarations de nos Sages, selon lesquelles Ahavat Israël, « l’amour du prochain », constitue « toute la Torah », il s’ensuit que l’on doit comprendre le rôle primordial de cette Mitsva dans la destruction des Tables de la Loi.

Il faut savoir qu’elle survint précisément par Ahavat Israël. Moché les brisa pour minimiser la punition encourue par le Peuple juif pour avoir fabriqué un veau d’or et pour faciliter leur pardon.

Nous en tirons donc la conclusion de l’importance capitale d’intensifier nos efforts dans le domaine d’Ahavat Israël. Chaque acte dans ce sens nous lie « tous comme un. » Et cela aboutit à la bénédiction de D.ieu, comme nous le déclarons dans notre prière : « Bénis-nous, notre Père, tous comme un. ». Et c’est alors que nous pouvons attirer sur nous les bénédictions illimitées et infinies de D.ieu.

Parmi les cinq événements qui eurent lieu de 17 Tamouz se trouve également la destruction de Jérusalem. C’est un jour où nos ennemis percèrent la muraille qui entourait et protégeait la ville.

Ce concept a son parallèle dans notre vie. Le nom hébreu de la ville de Jérusalem, Yerouchalayim, est composé de deux mots : Yir’a et Chalem, qui signifient : « peur complète ». Ce niveau de crainte embrasse la totalité de notre service divin et affecte tous les aspects de notre comportement.

La crainte complète, comme tous les autres aspects de la Torah et des Mitsvot, doit être entourée d’une muraille, comme l’indiquent nos Sages : « Faites une barrière autour de la Torah ». Dans notre vie personnelle, cette barrière représente la pratique de la méditation, l’acceptation du Joug Divin et la qualité d’être prêt au sacrifice de soi.

Quand cette muraille autour de Jérusalem est détruite, il est nécessaire d’instaurer un jeûne. En « perdant de la graisse et du sang », nous pouvons corriger les brèches de la muraille. Le jeûne est une Mitsva qui nous permet, lorsqu’on l’observe, de rétablir notre connexion avec D.ieu et de nous unir à Lui.