La Paracha Nasso évoque de nombreux commandements parmi lesquels figurent les diverses obligations du Nazir. L’une d’entre elle nécessite qu’il ne se coupe pas les cheveux, comme l’illustre l’un des plus célèbres : Chimchone (Samson). Cette loi concernant le Nazir souligne la sainteté extraordinaire des cheveux et c’est pourquoi la Torah insiste sur le fait qu’il ne doit pas les couper. Nous savons tous que Chimchone en tirait sa force prodigieuse. Il semble donc que les cheveux comportent un aspect positif.

Cependant dans certains passages de la Torah, nous lisons tout le contraire. Par exemple, dans le cas du Metsora, celui qui est atteint d’une maladie un peu comparable à la lèpre, dont nous avons parlé il y a quelques semaines, nous observons que ses cheveux devaient être complètement rasés.

Les Lévites, dans le désert, reçurent également l’injonction de les couper complètement.

Quelle est donc la véritable signification des cheveux ? Est-ce quelque chose qui manque de sainteté, comme nous pouvons le constater avec le Metsora ou avec les Lévites, ou cela contient-il une sainteté extrêmement importante, comme pour le Nazir ?

Ces commandements semblent s’opposer les uns aux autres.

La ‘Hassidout explique que le cheveu représente une diminution de la force vitale, une contraction pour ainsi dire. En effet, nous pouvons constater d’une part que les cheveux sont vivants, qu’ils ne cessent de pousser. Mais par ailleurs, la force vitale des cheveux est si faible qu’on peut les couper sans en ressentir aucune douleur. Ainsi s’ils sont vivants, ils le sont moins, pour ainsi dire, que d’autres parties de notre corps.

Cette vitalité affaiblie constitue-t-elle un aspect positif ou le contraire ?

Tout dépend de la situation.

Prenons pour exemple un maître transmettant un enseignement à ses élèves. S’il n’est que peu versé sur le sujet par rapport à ses élèves, il devra leur dispenser la totalité de ses connaissances. S’il venait à contracter et diminuer ses informations, ses élèves n’apprendraient rien, puisque déjà, a priori le maître n’a pas beaucoup de connaissances. Et dans ce cas, le fait de contracter, réduire et diminuer la transmission serait quelque chose de négatif.

Mais si, par contre, l’enseignant possède des connaissances bien plus profondes et supérieures à celles de ses élèves, c’est précisément le fait de ne pas s’adapter, de ne pas se mettre à leur portée, de ne pas contracter son savoir qui empêchera toute acquisition de la part des élèves. Pour que les élèves puissent tirer parti de cet enseignement, il est indispensable que le maître puisse se mettre à la portée des âmes qu’il a en main. S’il veut leur transmettre l’ensemble de ses connaissances, ils n’apprendront rien.

Cette contraction est donc, dans ce cas, un élément positif.

La ‘Hassidout explique qu’il s’agit du même processus dans l’idée de la contraction de la Divinité qui permet à D.ieu de créer et de faire vivre le monde.

Si nous parlions d’un niveau de Divinité inférieur dans le monde, un tel niveau, après avoir été contracté, aurait des influences négatives. Cette force vitale pourrait se diriger vers des forces indésirables et nourrir des forces opposées à la Divinité.

Cependant, l’essence de la Divinité, la lumière illimitée de D.ieu doit être contractée pour que le monde soit créé. Dans le cas inverse, le monde ne serait pas en mesure d’exister et devant l’extraordinaire révélation de la Divinité, il serait totalement annihilé dans son existence, tout comme un objet matériel exposé à proximité du soleil serait complètement brûlé.

C’est pourquoi, lorsque nous parlons d’une contraction d’un niveau si extraordinaire de Divinité, il s’agit d’une contraction positive, absolument nécessaire.

Mais si nous évoquons la contraction d’un niveau inférieur de Divinité, cela n’est pas seulement inutile mais cela peut également avoir des conséquences négatives.

Cette idée de contraction est représentée par les cheveux.

Dans certains cas, la loi évoque la coupe des cheveux dans une représentation qui souligne l’aspect négatif de cette contraction, comme nous l’avons vu plus haut. Il s’agit ici d’une révélation inférieure de la Divinité et cela représenté par les lois qui rendent nécessaire la coupe des cheveux, comme c’est le cas pour les Lévites ou le Metsora.

Mais parfois, la contraction est nécessaire et cela apparaît, dans la loi juive, par les cheveux du Nazir où la contraction, c’est-à-dire le fait de laisser pousser les cheveux, est quelque chose de positif, constructif et saint.

C’est la raison pour laquelle, dans le cas du Nazir, ses cheveux ne doivent pas être coupés.