La Parchat Pekoudeï rapporte que Moché, notre maître, établit le compte de l’argent et de l’or que les enfants d’Israël avaient apporté pour l’édification du Sanctuaire. Puis, elle fait le bilan précis de la manière dont ces contributions ont été utilisées.

Le Midrash relate, à ce propos, que Moché, quand il fit le compte de l’argent, calcula la quantité qui avait été nécessaire pour les différents travaux(1) et il constata alors que mille sept cent soixante quinze Shekels d’argent manquaient, parmi les demi-Shekels apportés par les enfants d’Israël. Il ne savait pas ce qu’ils étaient devenus.

C’est alors qu’une Voix céleste retentit et déclara: «Quant aux mille sept cent soixante quinze restant, il en fit des crochets pour les piliers»(2). De cette façon, tous purent constater la parfaite honnêteté de Moché, notre maître, qui avait bien réparti les contributions pour le Sanctuaire de la façon la plus judicieuse qui soit.

On peut, toutefois, se poser la question suivante : D.ieu fit le choix d’attester de l’honnêteté de Moché au moyen d’une Voix céleste. Dès lors, pourquoi était-il nécessaire d’établir un compte précis de toutes les contributions et de la manière dont elles avaient été utilisées ? La Voix céleste aurait pu annoncer, tout simplement, que Moché s’était acquitté honnêtement de sa tâche(3).

L’explication est, en fait, la suivante. Il est clair qu’au sens le plus simple, la raison d’être de ce bilan était d’établir, aux yeux de tous les enfants d’Israël, le montant des contributions qui avaient été collectées et l’utilisation qui en avait été faite, afin que nul ne puisse penser que l’un de ceux qui s’étaient consacrés à l’édification du Sanctuaire n’était pas honnête, ce qu’à D.ieu ne plaise.

Mais, en outre, ce bilan avait également une autre raison d’être, plus profonde et c’est pour la satisfaire qu’il était nécessaire que Moché, notre maître, établisse lui-même le compte de ces contributions, sans s’en remettre à ce qui serait annoncé par la Voix céleste. Pourquoi ce bilan devait-il être fait par Moché, notre maître?

On peut le justifier de la façon suivante. Le Sanctuaire fut édifié avec les contributions que les enfants d’Israël avaient apportées, à titre personnel(4). En revanche, l’édification concrète devait être le fait de tout le peuple d’Israël, en tant qu’entité unique et unie(5). Or, le pouvoir de faire des accomplissements de nombreux individus une seule action, émanant d’une assemblée unique, était détenu précisément par Moché, notre maître. Quand ces contributions parvenaient dans sa main, elles devenaient le bien de tout le peuple d’Israël.

La participation de Moché, notre maître, à l’édification du Sanctuaire, apparaît notamment, comme le constatent nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, dans le fait que le Sanctuaire soit appelé, dans la Torah : «Sanctuaire du témoignage». En effet, «il porte témoignage, en Israël que le D.ieu a pardonné la faute du veau d’or, puisqu’Il révéla Sa Présence, parmi eux»(6).

Cependant, même si D.ieu avait pardonné la faute du veau d’or, une certaine tache(7) subsistait encore, du fait de cette faute, à la fois pour ceux qui l’avaient commise et pour ceux qui n’avaient pas empêché de le faire. Seul, Moché, notre maître, n’était en aucune façon lié à cette faute, puisque, quand elle avait été commise, il se trouvait sur le mont Sinaï. Il ne pouvait donc même pas empêcher les enfants d’Israël de la commettre.

De ce fait, lorsque les contributions pour le Sanctuaire lui parvinrent, elles devinrent(8) des offrandes sans le moindre défaut et il fut donc en mesure de réaliser l’union de tout ce que les enfants d’Israël avaient apporté, à titre individuel. C’est ainsi que fut constituée la participation unique, émanant de tout le peuple d’Israël et capable de révéler la Présence divine(9).

(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 26, page 280)

Notes :
(1) De l’édification du Sanctuaire.
(2) Ils avaient effectivement été utilisés. Il s’agissait donc d’une omission, mais non d’une malhonnêteté de l’un des bâtisseurs du Sanctuaire, ce qu’à D.ieu ne plaise.
(3) Cette simple déclaration rend tous les comptes inutiles.
(4) Des biens appartenant à chacun et dans la quantité décidée par chacun.
(5) Dans l’action concrète, les individualités devaient disparaître.
(6) Ce pardon a été obtenu par Moché et l’expression : «Sanctuaire du Témoignage a pour objet de pérenniser la contribution de Moché, à ce sanctuaire.
(7) Consécutive à la faute, compte tenu de sa gravité.
(8) Par son intermédiaire.
(9) Dans le Sanctuaire, après son édification.