Le verset Vayéra 18, 1 dit : «l'Eternel se révéla à lui(1) à Eloneï Mamré. Il était assis à la porte de la tente, à la chaleur du jour». Rachi explique : «C'était le troisième jour après sa circoncision(2). A la porte de la tente : pour voir s'il y avait des passants qu'il pouvait faire entrer chez lui(3)».

Notre père Avraham consacra sa vie et tout ce qu'il possédait à la propagation de la Parole de D.ieu auprès des créatures du monde(4). Ce fut l'oeuvre de toute son existence et, même âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans(5), il n'avait pas pris la décision de prendre du repos.

C'était donc le troisième jour après sa circoncision et il endurait de terribles souffrances. Malgré cela, il avait pris place à la porte de sa tente et il guettait les passants. Il souhaitait réellement recevoir des invités, leur délivrer son enseignement, exprimer sa gratitude au Créateur du monde(6), diffuser encore plus largement la foi en le D.ieu Unique.

On peut effectivement déduire de ce récit de la Torah un enseignement merveilleux, s'appliquant à chaque Juif, y compris à celui qui a d'ores et déjà fait revenir de très nombreuses personnes vers leur source, à celui qui a obtenu de bons fruits de ses efforts, à celui qui a conduit un très grand nombre de Juifs à la Techouva(7).

Nul ne peut se permettre d'interrompre son action sacrée, pas même pour un court instant, afin de prendre un peu de repos, après un intense effort, après quatre-vingt-dix-neuf ans d'investissement personnel ininterrompu. Il faut encore poursuivre son action avec empressement et détermination(8).

En effet, peut-être est-il possible de rencontrer encore un autre Juif, éloigné de la vérité et de le placer sur la voie de la Torah et des Mitsvot(9).

(Discours du Rabbi, Séfer Ha Si'hot 5749, tome 1, page 48)

Notes :
(1) A Avraham.
(2) C'est alors que la plaie de la circoncision est la plus douloureuse.
(3) Avraham se distinguait par son hospitalité et les douleurs intenses qu'il éprouvait, à la suite de sa circoncision, ne le dispensaient pas, à son sens, de recevoir des invités dans sa maison, afin de leur faire connaître l'Existence d'un D.ieu unique.
(4) Bien plus, il fit connaître le D.ieu unique à une époque en laquelle le monde entier était encore idolâtre.
(5) C'est à cet âge qu'il pratiqua la circoncision.
(6) En leur servant un repas et en leur demandant, à la fin de celui-ci, de bénir D.ieu, à Qui appartenait tout ce qu'ils venaient de consommer.
(7) C'est un tel homme, en effet, qui pourrait être conduit à penser qu'il a multiplié les accomplissements, qu'il peut désormais se reposer et passer le relais à ceux qui n'ont pas encore agi autant que lui. De fait, un tel raisonnement peut être admis comme logique et la société moderne a largement entériné le concept de la retraite.
(8) La Torah n'admet pas l'idée de la retraite !
(9) Peut-être est-ce là l'accomplissement de l'existence, la raison véritable pour laquelle l'âme est descendue ici-bas. Si elle ne mène pas cette action, avançant ses acquis précédents, elle sera passée à côté de la mission qui lui est confiée dans ce monde matériel.