«Regardez le Tabernacle pour y prendre le modèle d’une vie spirituelle » disent les Kabbalistes. « En étudiant sa structure et son aménagement vous pouvez découvrir beaucoup de connaissances sur la structure et l’ «aménagement» de votre propre vie.»
Observons la Menorah, le candélabre à sept branches qui illuminait le Tabernacle. Le Talmud dit que l’éclat de la Menorah rayonnait même à l’extérieur du Sanctuaire. En fait, il avait pour but d’éclairer le monde entier. Dans le Tabernacle humain, la Menorah représente la lumière intérieure de chaque personne, la lumière de l’âme qui, lorsqu’elle apparaît, irradie le monde. Cultiver notre lumière intérieure est le but d’une vie et le processus en est décrit dans les instructions données par D.ieu pour allumer la Menorah.
L’une des clés pour découvrir les secrets de la Torah est d’être sensible à certaines tournures grammaticales inhabituelles ou qui paraissent illogiques dans son langage. Chaque fois que la Torah se détourne de sa structure linguistique usuelle, cela nous encourage à observer le verset plus profondément. Plus l’expression en est étrange plus il nous livre de secrets.
Quand D.ieu commence à donner Ses instructions pour la Menorah, Il dit à Moché : «Et tu ordonneras aux Enfants d’Israël et ils t’apporteront de l’huile d’olive pure, broyée pour le luminaire, pour allumer les lampes…» (Chemot 27 : 20)
Cela semble assez clair. Mais, analysés de plus près, ces simples mots parlent beaucoup plus qu’il n’y paraît.
Tout d’abord quand D.ieu donne des instructions à Moché, on se serait attendu à «Parle (ou commande) aux Enfants d’Israël…». Or ici, D.ieu dit : «Et tu ordonneras aux Enfants d’Israël». Ce léger changement de la norme ne constitue pas seulement un changement technique mais aussi un changement philosophique. D.ieu veut-Il que Moché transmette le message de D.ieu ou D.ieu désire-t-Il que Moché prenne une part plus active et plus ostensible en relayant Ses instructions ? Quel type d’intermédiaire D.ieu attend-il qu’il soit ?
D’autre part, que veulent impliquer les mots «broyée pour le luminaire ?» D.ieu n’aurait-Il pas dû dire : «broyée pour illuminer ?». Après tout, l’olive était utilisée pour illuminer le Tabernacle et pas seulement pour être posée en haut de la Menorah, le luminaire.
Ces deux expressions inattendues sont comme des drapeaux rouges agités dans notre direction pour nous pousser à approfondir les mots.

«Broyée pour le luminaire»
Le luminaire représente les profondeurs de l’âme, l’essence de sa source de lumière d’où émanent toutes ses forces et ses talents. Semblable à l’adrénaline, cette source de lumière puissante et essentielle est réservée pour des moments de grande nécessité. Habituellement nous n’y avons pas accès. Mais «broyée pour le luminaire», quand nous sommes dans l’urgence ou le défi, l’essence de l’âme jaillit et nous gagnons alors une force extraordinaire.
C’est ainsi que tout au long de l’histoire, les Juifs purent rester engagés à la Torah malgré les terribles dangers que suscitait cet engagement. Par exemple, malgré la menace d’Haman d’annihiler la nation juive toute entière, les Juifs ne renoncèrent pas à leur identité juive, ils ne tentèrent pas même de la cacher. Ils se réunirent publiquement dans la prière et l’étude de la Torah.
D.ieu demanda de l’olive qui était «broyée pour le luminaire». Il lance des défis immenses parce qu’il existe des occasions de manifester l’endurance et la grandeur, la lumière qui illumine l’environnement.
Mais un autre ingrédient est nécessaire pour pouvoir supporter la douleur d’être broyé et la transformer en énergie productrice. 

«Et tu ordonneras aux Enfants d’Israël»
Le mot Tetsavé, «ordonneras» possède un autre sens : lier. Ainsi le verset peut se lire : «et toi (Moché), tu lieras les Enfants d’Israël (à D.ieu) et ils t’apporteront de l’huile d’olive…». Le rôle de Moché consiste à rapprocher le peuple de D.ieu.
Moché, explique la Kabbale, est un expert pour cultiver et nourrir la foi en D.ieu. Cela ne signifie pas que sans lui, il n’y aurait pas de foi en D.ieu ! La foi est un constituant de notre âme. Mais elle a tendance à rester abstraite et ne pas avoir d’impact sur notre vie quotidienne. Le «travail» de Moché consiste à faire actualiser la foi, la rendre consciente et active
Et c’est tout particulièrement quand Il parle de l’huile pour la Menorah que D.ieu pointe le doigt vers Moché et dit : «tu lieras» : ton rôle est vital pour attacher la conscience du peuple à son Créateur. Parce que plus notre foi en D.ieu est tangible, mieux nous arrivons à transformer les défis que nous rencontrons en opportunités pour nous réaliser personnellement.
Ou pour le dire en d’autres termes, la tâche de Moché, alimenter la foi de son peuple, s’exprime le mieux quand nous sommes «broyés». Car c’est alors, quand la foi essentielle est stimulée, qu’elle prend une vitesse extraordinaire et s’active en des engagements lumineux pour D.ieu.
Et chaque génération possède son propre Moché. Quand les Juifs apprirent le plan démoniaque d’Haman, ce fut Morde’haï, le Moché de cette génération, qui les inspira pour avoir la foi et se lier à D.ieu bien plus intensément que précédemment. Sous sa direction, ils relevèrent ce défi et purent se régénérer à une source de forces qui ne leur était pas accessible dans des conditions normales.
Si nous relisons les instructions de D.ieu à Moché à travers le prisme de l’interprétation de la Kabbale, c’est ainsi que nous pouvons les comprendre : le dirigeant juif joue un rôle actif pour nourrir la foi de ses disciples. Et quand ils sont broyés et confrontés à un défi, ils exploitent leur luminaire et accèdent en eux à une lumière et une force dont ils ignoraient l’existence.
Parfois, un leader juif, comme Moché, a la chance de vivre dans une ère de liberté et de prospérité, personne n’étant «broyé». Comment alors pouvoir permettre ce type d’essor qui vient des épreuves, l’huile qui vient de l’olive broyée ?
C’est alors que Moché se trouve devant une opportunité incroyable. Il doit inspirer ses disciples à lancer eux-mêmes un défi. 
Il se peut qu’aucune force extérieure ne vous fasse ressentir d’inconfort, ni les Perses, ni les Grecs etc. Mais êtes-vous à l’aise ? Etes-vous satisfaits de vous-mêmes, du statu quo, de la vie en exil ?
Ce Moché nous inspire alors avec la vision d’une vie meilleure, une vie plus orientée vers D.ieu, au point que nous nous sentions mal, voire complètement broyés, par notre situation présente.
Et c’est alors que l’huile commence à couler. L’huile est plus précieuse, plus puissante que tout !