Un homme simple vivait dans sa maison. Il travaillait dur pour vivre ainsi que sa famille. Tous ceux qui étaient autour de lui connaissaient la même existence : le lever alors que, souvent, il fait à peine jour, le labeur au long de la journée, le soulagement du soir et le repos physique toujours attendu, parfois obtenu, les soucis constants du quotidien qui tendent à effacer tout autre préoccupation. Lui, pourtant, était différent. Il connaissait, comme intuitivement, la puissance du rêve. Et il rêvait tout éveillé. Au cœur de son travail, il se prenait à songer et son rêve était merveilleux. Il se voyait allant à la rencontre du roi, du souverain qui, bon et miséricordieux, veillait au bonheur de ses sujets. Il se voyait l’approchant, le saluant avec respect et amour tandis que le monarque lui rendait son salut avec bienveillance. Il se voyait encore lui demandant de combler les manques qu’il ressentait, matériellement ou spirituellement. Et toutes ses requêtes étaient accordées. Puis, il se voyait accompagnant le roi alors qu’il retournait dans sa ville et son palais. C’est alors que l’homme sortait de son rêve, secouant les épaules comme pour en chasser les dernières traces et reprenait son travail avec, au cœur, le regret vague que tout cela ne soit véritablement qu’un songe. Ne savait-il pas lui-même que le roi vivait dans son palais, bien loin de là, et que les gens simples ne pouvaient même pas imaginer parvenir un jour jusqu’à lui ?
Un jour pourtant, l’impensable arriva. Il fut proclamé, dans tout le pays, que le roi irait à la rencontre de son peuple et que chacun pourrait l’approcher à sa guise. L’homme se prépara autant et aussi bien qu’il le put. Certes, il n’était pas un grand seigneur mais, au moins, il serait un sujet fidèle et aimant de son roi ! Le jour dit, le cœur battant, il se présenta. Et la réalité fut encore plus belle que son rêve. Il parla au roi, lui demanda tout ce qui lui tenait à cœur et plus encore. Et, en un sourire radieux, le roi lui accorda tout ce qu’il demandait. Ce jour-là changea toute sa vie.
Il faut en prendre conscience : cette histoire est bien autre chose qu’un joli conte. Elle est surtout celle de notre vie. Chacun est ainsi emporté par les jours qui passent et les préoccupations qui, naturellement, les emplissent. C’est alors que le mois d’Elloul, dernier du calendrier juif, commence. Il est celui où nous nous préparons aux grandes fêtes de Tichri. Il est celui où le Roi de l’univers, D.ieu, est comme plus proche de chacun. Il vient à nous, prêt à entendre les demandes et à y répondre avec une miséricorde absolue, comme un Père sait répondre à ses enfants. Elloul ? Un mois pour tout changer.