Notre rapport au temps est sans doute très révélateur de ce que nous sommes. Ainsi, on peut voir des hommes qui perçoivent le passé et les événements qu’il contient – positifs ou négatifs – comme des éléments à jamais gravés dans la pierre la plus dure, comme des choses que l’on peut oublier mais qui resteront, malgré tout, présentes au plus profond de la conscience et, par conséquent, au cœur des jours à venir.

D’autres hommes font un choix différent : celui de considérer que le passé se limite à lui-même, qu’il est, par nature, enfoui bien loin en arrière et que, par conséquent, il ne peut avoir la moindre influence sur nos décisions futures ou notre vie présente. Faut-il donc vivre avec le passé chevillé à nous ou avec le seul souci de l’éphémère ? C’est une manière de se demander ce qui fait l’homme : sa capacité à assumer sa propre histoire ou son aptitude à l’oublier ?

Lorsque le jour de Pessa’h Cheni (cette année mercredi 14 mai 2014) – le deuxième Pessa’h – revient, il nous apporte aussi une réponse. Souvenons-nous : D.ieu avait ordonné de célébrer la fête de Pessa’h, d’offrir le sacrifice voulu, un événement spirituel essentiel. Et certains n’avaient pas pu le faire pour diverses raisons, dont ils étaient eux-mêmes souvent responsables. Puis ils vinrent voir Moïse. « Pourquoi cela nous serait-il retiré ? » supplièrent-ils. Leur demande était d’une sincérité absolue, elle s’éleva avec force jusqu’au Trône céleste et la réponse retentit : « Ils auront une deuxième chance. » Le deuxième Pessa’h – un mois après le premier – était né. Ce jour, qui tombe cette semaine, nous livre ainsi une clé. 

Le passé existe bien et nous n’avons d’autre choix que de l’assumer mais ses conséquences ne sont jamais inébranlables. Il est, de fait, entre nos mains et nous avons le pouvoir de lui donner un autre sens. Les défaillances ne sont pas irréversibles. Elles peuvent être un nouveau point de départ, comme une base pour une nécessaire reconstruction, plus grande, plus belle, plus solide.

Tout cela est vrai pour chacun. L’insatisfaction est bien souvent le lot de celui qui choisit la conscience de préférence à l’illusion. Le deuxième Pessa’h relève que ce sentiment peut et doit être positif. Car il détient une puissance immense. Recommencer, refaire, rectifier, pour un avenir meilleur. A présent, tout est possible.