Rambam 1 Chapitre

Notons que bon nombre de ces lois ne sont pas la halakha, c'est-à-dire la pratique observée dans les communautés juives. Elles ne sauraient donc en aucun cas être prises comme référence. Veuillez noter également que cette version est un premier essai qui fera l'objet de corrections ultérieures.

16 Kislev 5786 / 12.06.2025

Lois relatives au sanhédrin et aux peines qui dépendent de sa juridiction : Chapitre Vingt-trois

1. « Tu n’accepteras pas de pot-de-vin » ; inutile de mentionner qu’il est défendu [d’accepter un pot-de-vin] pour pervertir le jugement, mais [il est défendu d’accepter un pot-de-vin] même pour acquitter celui qui doit être acquitté et condamner celui qui doit être condamné, cela est défendu, et il [celui qui accepte de cette manière un pot-de-vin est inclus [dans le verset] : « Maudit soit celui qui accepte un pot-de-vin », et a l’obligation de restituer le pot-de-vin lorsque celui qui le lui a donné le lui réclamera.

2. De même que celui qui accepte [un pot-de-vin] transgresse un commandement négatif, ainsi, celui qui donne [un pot-de-vin], comme il est dit : « Tu ne placeras pas d’embûche devant l’aveugle ».

3. Tout juge qui siège et cherche à acquérir du renom pour augmenter le salaire de ses huissiers et de ses greffiers fait partie de ceux qui suivent le lucre. C’est ainsi que les enfants de Samuel ont agi, aussi est-il dit à leur sujet : « ils recherchaient le lucre, acceptaient des dons corrupteurs ». Ce n’est pas seulement un pot-de-vin d’argent [qu’il est défendu d’accepter], mais même des paroles corruptrices. Une fois, un juge monta dans un petit bateau pour traverser un fleuve, et une personne lui tendit la main et l’aida à monter, alors qu’elle avait un litige ; le juge lui dit : « Je ne suis pas habilité à [juger] ce litige ». Une fois, un [juge] enleva une plume d’oiseau du foulard du juge, et un autre recouvrit de la salive [au sol] qui se trouvait devant le juge, et il [leur] dit : « Je ne peux pas servir de juge pour vous ». Une fois, une personne apporta l’un des dons [destinés] au cohen à un juge qui était un cohen et il lui dit : « Je ne peux pas servir de juge pour toi ». Une fois, le métayer d’un juge qui lui apportait des figues de son champ chaque vendredi vint plus tôt et lui apporta [des figues] jeudi, parce qu’il avait un litige, et le juge lui dit : « Je ne suis pas habilité pour ce jugement ». Bien que les figues appartinrent au juge, étant donné qu’il les apporta [plus tôt], il devint inhabilité pour le jugement.

4. Tout juge qui emprunte [un objet à une personne] est invalide pour le jugement de celui auquel il a emprunté [cet objet]. Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Si le juge n’a rien à lui prêter [en échange]. Mais s’il a [des objets] à prêter, il est habilité [pour le jugement], car lui aussi [le prêteur] pourra lui emprunter [un objet, au juge ; le juge ne se sentira donc pas redevable d’une dette envers le prêteur].

5. Tout juge qui perçoit un salaire pour juger, son jugement est nul et non avenu. Et ce, à condition que ce soit un salaire qui apparaisse à l’évidence [comme revenu pour sa fonction de juge]. En revanche, s’il [le juge] est occupé à son travail, et que deux personnes se présentent à lui [pour un jugement] et qu’il leur dit : « Payez-moi [le salaire de] celui qui va travailler à ma place le temps de votre jugement ou payez-moi le fait que je ne travaille pas », cela est permis, et ce, à condition qu’il apparaisse à l’évidence que ceci est le salaire pour remplacer son travail et non davantage, et qu’il reçoive la même somme des deux [parties en litige] l’une en présence de l’autre, cela est permis.

6. Il est défendu à un juge d’arbitrer le cas d’un ami, bien que ce ne soit pas son chouchbine, ni un intime qu’il aime comme lui-même, ainsi que [d’arbitrer le cas d’] une personne qu’il déteste. Plutôt, il faut que les deux parties en litige soient semblables aux yeux des juges et dans leurs cœurs. Et s’il [un juge] ne connaît aucune des deux [parties], ni ses actes, il n’est pas de juge plus juste que lui.

7. Deux érudits qui se détestent n’ont pas le droit de siéger ensemble dans un jugement, car cela aura pour cause de fausser le jugement ; [en effet,] du fait de la haine qui existe entre eux, chacun cherchera à casser les paroles de son collègue.

8. Un juge doit toujours considérer comme s’il y avait un glaive posé sur son cou et la Géhenne était ouverte en dessous de lui ; il doit savoir qui il juge, et devant Qui il juge, et Qui le punira s’il dévie du chemin de la vérité, ainsi qu’il est dit : « D.ieu se tient dans l’assemblée divine », et il est dit : « Soyez attentif à ce que vous faites ; ce n’est pas au nom d’un homme que vous rendez justice, mais au nom de l’Eterne-l ».

9. Tout juge qui ne rend pas un jugement parfaitement juste cause le départ de la Présence Divine de parmi le peuple juif. Et tout juge qui prend [l’argent] de l’une [des parties] pour le donner à l’autre de manière contraire à la loi, D.ieu lui demandera compte de sa vie, ainsi qu’il est dit : « Il traite avec rigueur ceux qui leur inflige des vexations ». Tout juge qui rend un jugement parfaitement vrai même un instant, est considéré comme s’il avait arrangé le monde entier, et fait résider la Présence Divine parmi le peuple juif, ainsi qu’il est dit : « D.ieu se tient dans l’assemblée divine ». Peut-être le juge pourra-t-il dire : « Pourquoi dois-je m’attirer ce malheur » [d’être puni en cas d’erreur] ? Le verset dit : « Il est présent quand vous prononcez un jugement ». Le juge ne doit [se baser] que ce que ces yeux voient [c'est-à-dire qu’il doit avoir l’intention de jugement de manière juste, et ainsi, il ne sera pas puni].

10. Les parties en litige doivent être considérées devant toi comme des méchants, avec la présomption que ce que chacun prétend est un mensonge, et tu dois juger selon ce qui te paraît [juste], et lorsqu’ils te quittent, tu dois les considérer comme des justes, lorsqu’ils ont accepté le jugement, et regarde chacun d’entre eux avec mérite.