Nissan est connu comme « le mois de la Rédemption ». Cela tient au fait que le thème central du mois est la fête de Pessa’h, « le Temps de notre Rédemption ». Le Chabbat qui précède Pessa’h, connu sous le nom de Chabbat Hagadol, « le Grand Chabbat » met particulièrement l’emphase sur cette idée.

Le mot Nissan a la même racine que Ness ou « miracle ». Plus encore, le mot Nissan possédant deux Noun fait référence au « miracle des miracles », les événements spectaculaires qu’accomplit D.ieu, durant ce mois, en faisant sortir les Juifs d’Egypte.

Cela est particulièrement accentué lors de Chabbat Hagadol « car en ce Chabbat s’opéra le miracle extraordinaire de frapper les Egyptiens par leurs premiers-nés ». Et plus encore, « en ce jour, la Rédemption et les miracles (de l’Exode) commencèrent ».

Pourquoi le fait de « frapper les Egyptiens par leurs premiers-nés » est-il indiqué comme « un grand miracle », ce qui tendrait à impliquer qu’il était plus important que les autres ? Et d’autre part, pourquoi ce miracle est-il expressément lié au Chabbat ? « Il fut institué que ce miracle serait rappelé dans les générations ultérieures, lors du Chabbat, qui est pour cette raison dénommé Chabbat Hagadol ».

La libération d’Egypte avait pour but que « Je te prenne pour Moi comme nation et que Je sois pour toi D.ieu. Tu sauras que Je suis l’Eternel ton D.ieu Qui t’a délivré du joug égyptien ».

En d’autres termes, la révélation de la Divinité, au moment de l’Exode, permit aux Juifs d’être capables de discerner et de connaître D.ieu alors même qu’ils étaient plongés dans des préoccupations matérielles. En outre, au moment où D.ieu donna la Torah, cela leur permit d’accepter inconditionnellement Sa Torah et Ses Mitsvot, comme le statue le verset ; « Quand tu sortiras la nation d’Egypte, ils serviront D.ieu sur cette montagne ».

Il s’agissait donc pour les Juifs de révéler la Divinité dans ce monde matériel, d’une façon permanente, à travers leur service spirituel. C’est pourquoi l’Exode et le Don de la Torah culminèrent par la construction du Michkan, le Sanctuaire, un lieu terrestre et concret où D.ieu pourrait « résider parmi eux ». Cela se concrétisa avec encore plus de permanence avec la construction du Beth Hamikdach, qui verra sa forme parfaite parachevée avec le troisième Beth Hamikdach, qui sera éternel.

Cela explique pourquoi il était nécessaire que l’Exode se produise spécifiquement par des miracles, car seul un événement surnaturel peut manifester les possibilités illimitées de D.ieu. Cela permet à l’homme de percevoir que D.ieu est le Maître Suprême de la nature, qu’Il en fait ce qu’Il veut. Et cela permet, en contrepartie, aux Juifs de se libérer des restrictions et des limites de la mondanéité en tant qu’entité et de leur exil égyptien en particulier.

La grandeur du miracle de « frapper les Egyptiens par leurs premiers-nés » ainsi que son lien avec Chabbat Hagadol peuvent se comprendre dans la même ligne de pensée.

« Le miracle des miracles » consistant à « frapper les Egyptiens par leurs premiers-nés » était nécessaire. En effet, seule une révélation de la Divinité, qui transcende la nature, pouvait permettre d’atteindre les premiers-nés égyptiens, la force du mal la plus puissante, et ainsi briser l’Egypte.

Un tel miracle est qualifié de « grand miracle » car il fut l’événement crucial par lequel « la Rédemption et les miracles (de l’Exode) commencèrent ».

La commémoration de cette merveille fut établie le Chabbat car le Chabbat n’est pas seulement le jour de la semaine durant lequel nous vénérons D.ieu Se reposant des six jours de la Création, éloigné de la nature, la dominant, mais aussi parce que le Chabbat est lié à la Rédemption éternelle, un temps « composé uniquement de Chabbat et de tranquillité ».

Ce thème prend une ampleur encore plus grande lorsque Chabbat Hagadol tombe la semaine où nous lisons la Parachah Tsav. En effet, à ce propos, nos Sages affirment : « Le terme Tsav, commandement, signifie : ‘accomplis avec alacrité, empressement, maintenant et dans toutes les générations futures’ ».

Cela accentue encore davantage l’idée que l’éternité, qui transcende le temps et la nature, descend dans ce monde fini et limité par le temps et le pénètre.