Lettre n° 9656

Par la grâce de D.ieu,


veille du saint Chabbat qui bénit
le mois d’Adar 5729,
Brooklyn, New York,


Je vous salue et vous bénis,


Nous sommes(1) à la veille du saint Chabbat qui bénit le mois d’Adar, dont le point culminant est les jours de Pourim, qui approchent. On connaît le contenu de ces jours, qui sont commémorés et revécus(2) chaque année.


Il en est ainsi dans les relations avec D.ieu, en ayant la conviction que ce qui est accompli selon les voies naturelles, par exemple l’intervention d’Esther auprès de A’hachvéroch, connaît la réussite uniquement quand l’action est accompagnée d’une prière(3), d’une requête formulée au Saint béni soit-Il, car le salut appartient à D.ieu. C’est pour cela qu’encore à l’heure actuelle, le jeûne d’Esther précède la célébration de Pourim.


Il en est de même également pour les relations entre les hommes, car l’une des Mitsvot de Pourim est l’envoi de mets à des amis. La raison en est(4) la nécessité de mettre en évidence le rapprochement entre les cœurs, l’amitié mutuelle. Une autre Mitsva est essentielle, celle des dons aux pauvres. Il faut, en effet, venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, ce qui est encore plus important que l’envoi de mets aux amis ou bien son propre repas de Pourim. Selon les termes précieux du Rambam, qui tranche la Hala’ha : “Il est préférable qu’un homme multiplie les dons aux pauvres plutôt que son repas et les mets aux amis, car celui qui réjouit le cœur de ces malheureux ressemble à la Présence divine”, selon la fin des lois de la Meguila(5).


* * *


J’ai appris avec plaisir ce que vous faites dans l’armée et votre bon comportement. Tout d’abord, vous portez les Tefillin chaque jour de semaine et : “une Mitsva en attire une autre”(6). Vous mettez donc en pratique les autres Mitsvot de la Torah, Torah de vie, expression qui veut dire, au sens le plus simple, qu’elle délivre un enseignement pour la vie, celle de ce monde, afin qu’elle soit digne de ce nom, d’autant que le respect d’une Injonction du Créateur, béni soit-Il, préserve et protège de tout ce qui n’est pas souhaitable(7). Bien entendu, si le respect de la Torah et des Mitsvot est indispensable à tout moment et en tout lieu, combien plus l’est-il en notre Terre Sainte, surtout dans une situation en laquelle les bénédictions de D.ieu, Qui donne la Torah et Qui ordonne les Mitsvot, sont particulièrement nécessaires.


J’espère que vous vous servez de votre influence dans le sens qui vient d’être défini, également pour le bien des autres. En effet, “tu aimeras ton prochain comme toi-même”(8) est “un grand principe de la Torah”(9). Puisse D.ieu faire que vos paroles émanent du cœur. De la sorte, il est certain qu’elles pénètreront dans le cœur(10) et qu’elles y feront leur effet, à fortiori quand elle sont accompagnées d’un exemple personnel.


Il est aussi un autre point. Quand les paroles émanent du cœur, elles font leur effet à tout moment et en toute situation, car le cœur d’Israël est en éveil pour la Torah et les Mitsvot(11). A fortiori en est-il ainsi dans le cadre de l’armée, dont la règle fondamentale est l’obéissance et la soumission(12), de sorte que : “nous ferons” précède : “nous comprendrons”(13). Or, s’il en est ainsi pour les instructions des hommes, combien plus est-ce le cas pour les Injonctions du “Commandant en chef”, le Saint béni soit-Il, Créateur du monde, Qui le dirige.


J’ajoute que, dans l’armée, nul ne peut prétendre que son comportement ne regarde que lui et que les autres ne peuvent rien lui dire, à ce sujet. On observe, en effet, que du comportement de chaque individu, y compris d’un simple soldat, dépend parfois le succès de la mission et la victoire de tout un bataillon, quelques fois même celui de tout le front et le sort de tout le pays. Le contraire est vrai pour un comportement indésirable, ce qu’à D.ieu ne plaise(14). Or, il en est de même ou plus fortement encore pour le comportement personnel, au quotidien, de chacun des enfants d’Israël, les armées de D.ieu.


Autre point : quand on se trouve dans ce cadre, on observe bien souvent la Providence de D.ieu de ses yeux de chair. Bien entendu, la même Providence est effective à tout instant et en tout lieu, mais, de façon générale, elle est occultée par les voies de la nature et la réflexion est donc nécessaire(15). Il n’en est pas de même, en revanche, dans le cadre de l’armée et de la situation qui y règne. On observe alors la Providence de D.ieu de la manière la plus claire. Il est sans doute inutile d’en dire plus. Avec ma bénédiction pour des jours de Pourim joyeux et, selon les termes du verset(16), “pour les Juifs, ce fut lumière, joie, allégresse et honneur”,


Notes


(1) Il est noté, en tête de la présente : “copie d’une lettre adressée à quelqu’un de Tsahal”.
(2) Esther 9, 28. Voir le Ramaz sur le Tikoun Chovavim, cité et commenté dans le Lev David du ‘Hida, au chapitre 29.
(3) Voir le Likouteï Si’hot, tome 31, à partir de la page 174.
(4) Voir le Manot Ha Lévi de Rabbi Chlomo Alkabets sur Meguilat Esther 9, 27 et 20, le Chneï Lou’hot Ha Berit, à la page 329b et le Meguilat Setarim sur le verset Esther 9, 19.
(5) Voir le Likouteï Si’hot, tome 16, à partir de la page 367.
(6) Selon le traité Avot, chapitre 4, à la Michna 2.
(7) Voir le traité Sotta 21a.
(8) Kedochim 19, 18.
(9) Selon le Torat Cohanim et le commentaire de Rachi sur ce verset.
(10) D’après le Séfer Ha Yachar de Rabbénou Tam, à la porte 13, cité par le Chneï Lou’hot Ha Berit, porte des lettres, à la lettre Lamed, à la page 69a.
(11) Voir le Midrash Chir Hachirim Rabba, chapitre 5, au paragraphe 2-1.
(12) Voir, à ce sujet, les lettres n°9449, 9722 et 9766.
(13) D’après le traité Chabbat 88a.
(14) Celui-ci nuit à la mission confiée, à la victoire du bataillon, remet en cause la situation du front et celle de tout le pays.
(15) Pour la mettre en évidence.
(16) Esther 8, 16.