Lettre n° 9618

Par la grâce de D.ieu,


21 Kislev 5729,
Brooklyn, New York,


Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre
aux besoins communautaires, le Rav M. Lewinger,


Je vous salue et vous bénis,


Je fais réponse à votre lettre du 7 Kislev(1), qui se réfère également à votre précédent courrier. Je n’ai pas répondu à ce dernier, conformément à l’enseignement de nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, selon lequel : “On ne répond pas…”(2). Je veux dire que, pour notre grande peine et pour notre honte, le sort de la ville sainte de ‘Hévron est encore incertain(3).


Bien entendu, je ne fais pas allusion à son sort véritable, car elle est, entre autres, la cité des Patriarches, l’endroit de la grotte de Ma’hpéla, l’une des quatre villes saintes de notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, en particulier d’après ce qu’expliquent et soulignent les maîtres de ‘Habad, en chaque génération, surtout ce qui est imprimé dans la sainte lettre de l’Admour Haémtsahi, successeur de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, quand il fonda une implantation dans la ville sainte de ‘Hévron, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, très bientôt et de nos jours, Amen, en 5583(4). Ceci a été dernièrement imprimé dans le recueil Méa Chéarim(5), à la page 15(6). On consultera aussi la conclusion, à cette référence(7) : “Il acheta lui-même, dans cette ville sainte, une petite synagogue portant son nom, afin de disposer d’un héritage sur place”.


Je fais allusion aux négociations qui sont menées discrètement, de manière secrète, mais qui sont bien connues parmi les non-Juifs et vous devez comprendre ce que je veux dire, sur ce qui doit être rendu des territoires libérés et ce qui ne doit pas l’être. Certes, concernant ‘Hévron, ces graves négociations sont menées depuis un an ou plus et il y a de nombreux avis, sur sa restitution. Néanmoins, dernièrement, c’est cet avis qui l’emporte(8) et point n’est besoin d’en dire plus sur ce qui est effroyable. De façon plus générale, je ne souhaitais pas écrire tout cela et, de fait, “peut-on réduire la main de D.ieu ?”(9). Jusqu’à maintenant, cela n’a été suivi d’aucun effet, du fait d’un miracle évident selon lequel les non-Juifs(5) n’ont pas voulu entamer la négociation sur la restitution des territoires, alors que la seule condition qui leur était imposée était d’accepter de parler de paix. Et, chacun sait que ces discussions n’ont aucune incidence sur le comportement à l’avenir. Leur refus ne peut donc être, comme on l’a dit, qu’un miracle évident de D.ieu, transcendant complètement(5) la nature, afin d’empêcher la restitution de ces territoires[ ?].


Néanmoins, nos Sages disent(10) que l’on ne doit pas attendre un miracle et D.ieu fasse donc qu’il ait lieu, qu’il soit grand. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas le moyen de satisfaire vos requêtes, sur les points que vous écrivez. Comme je l’ai dit, j’ai peur, non pas des non-Juifs, ce qu’à D.ieu ne plaise, car ils n’ont pas le libre-arbitre(11), mais bien de l’avis de ceux qui se trompent, même si cette erreur est commise par inadvertance, dans une situation de force majeure, car cela n’a pas de conséquence, de manière concrète(12). Vous devez comprendre ce que je veux dire.


Comme je l’ai dit, il n’y a pas lieu de développer tout cela au-delà de ce qui a été indiqué. Bien entendu, mon propos n’est absolument pas de vous décourager, de même que ceux qui vous suivent, dans vos conceptions et dans vos actions. Tout ce qui est dit ci-dessus est uniquement l’application du principe selon lequel : “Vous vous acquitterez de votre obligation envers l’Eternel et envers Israël”(13), pour faire réponse au contenu de votre lettre. Avec mes respects et ma bénédiction,


Notes


(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 35, à la page 261.
(2) “On ne répond pas à l’échec”, il n’y a pas lieu de faire remarquer à quelqu’un son échec et, en pareil cas, mieux vaut donc se taire, selon le traité Yoma 77a. Voir aussi le traité Roch Hachana 29b.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°9586.
(4) 1823.
(5) Le Rabbi souligne les mots : “Méa Chéarim”, “non-Juifs” et “complètement”.
(6) Cette lettre figure aussi dans les Iguerot Kodech, Admour Haémtsahi, tome 1, à la lettre n°32.
(7) Ceci est reproduit dans les références et notes sur Iguerot Kodech, Admour Haémtsahi, tome 1, à la page 500.
(8) Celui qui demande de rendre la ville.
(9) Beaalote’ha 11, 23.
(10) Dans le traité Pessa’him 64b.
(11) Voir le Rambam, lois de la Techouva, au début du chapitre 5, le Likouteï Torah, Parchat Emor, à la page 38b et la lettre n°5871.
(12) Par inadvertance ou non, l’erreur est faite et, dès lors, elle porte à conséquence.
(13) Matot 32, 22.