Lettre n° 9596

Par la grâce de D.ieu,


à l’issue du saint Chabbat qui
bénit le mois de Kislev 5729,
Brooklyn, New York,


A l’attention du distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, élu du
peuple, qui le surpasse, recherche le bien de son peuple, a
des comportements généreux, est issu d’une illustre famille,
le Rav Chnéor Zalman(1) Chlita,


Je vous salue et vous bénis,


A l’occasion de votre anniversaire, qui approche, je vous souhaite une année de succès et de bénédiction, en vos activités publiques comme en ce qui vous concerne personnellement. En effet, ces deux dimensions sont liées et l’on ne peut pas les séparer chez un Juif, en général et pour ce qui vous concerne, en particulier, compte tenu de vos fonctions. Tout cela se fera en bonne santé, dans la joie et l’enthousiasme.


J’espère que, conformément à votre habitude, de par le passé(2), vous vous rendrez, en ce jour, à la synagogue et maison d’étude Tséma’h Tsédek, dans la Jérusalem réunifiée, “cité où tous s’unissent”(3). Je vous joins donc ce qui a été publié, ces jours-ci(4), de l’enseignement du Tséma’h Tsédek, des Paroles du D.ieu de vie, appartenant à la fois à l’enseignement révélé de la Torah et à sa partie cachée.


Cette unité apparaît encore plus clairement dans les discours du Tséma’h Tsédek(5) que dans ceux de nos autres maîtres et chefs, ses prédécesseurs et ses successeurs. Malheureusement, la reliure n’a pas été achevée et ces fascicules vous sont donc adressés en l’état. Avec mes respects, ma bénédiction pour avoir de longs jours et de bonnes années, de même que pour me donner de bonnes nouvelles, à la fois matériellement et spirituellement,


Vous avez eu le mérite de recevoir en partage la fondation de Kfar ‘Habad(6) et puisse donc D.ieu faire que soit bientôt créé le second Kfar ‘Habad(7), puis le troisième. J’ai donc eu l’idée de vous faire une proposition, à l’occasion de votre anniversaire et en relation avec la synagogue Tséma’h Tsédek. Je préciserai, tout d’abord, que j’ai reçu une bonne nouvelle selon laquelle il existerait d’autres terrains disponibles dans la même rue, des terres ou même des constructions appartenant à ‘Habad et aux institutions ‘Habad. De fait, cette rue porte elle-même le nom de ‘Habad. En conséquence, il serait judicieux, juste, valable et bon que d’autres bâtiments de cette rue, d’autres terrains s’ajoutent à cette synagogue et maison d’étude afin de l’agrandir, d’être la résidence des hommes de ‘Habad et des institutions, avant tout d’une Yechiva, au moins d’une petite, dans sa dimension quantitative. Peut-être même y prévoira-t-on un internat. Selon le rythme des événements et de ce qui se passe ces dernières années, tout cela peut être rapide, ou même se produire en ce qui sera considéré comme proche pour nous(8), si toutes les institutions susceptibles de venir en aide et de statuer désirent réellement que tout cela se fasse.


Bien entendu, je n’ignore pas les difficultés que cela soulève, la nécessité, d’une part, de supprimer et de faire disparaître ce qui se trouve à cet endroit, d’autre part, de construire et de renforcer tout ce qui est souhaitable. Mais, il est absolument certain qu’avec la détermination qui convient, on surmontera toutes ces difficultés d’une manière relativement aisée. En modifiant quelque peu la formulation de nos Sages(9), on pourrait dire que : “le cœur le révèle à la bouche”, de sorte que non seulement cette rue, mais bien l’ensemble du quartier porte le nom de ‘Habad.


Pour faire suite à ce qui vient d’être dit, je reproduirai ici un point de ce qui a été expliqué aujourd’hui, à l’occasion de la réunion ‘hassidique du Chabbat Parchat ‘Hayé Sarah, qui bénit le mois de Kislev(10). On connaît le dicton de l’Admour Hazaken(11) que nous avons maintes fois entendu de mon beau-père, le Rabbi, selon lequel “on doit vivre avec le temps”, c’est-à-dire appliquer l’enseignement de la Paracha de la semaine aux événements qui se déroulent pendant cette semaine, pour reprendre son expression.


Parfois, il est nécessaire de méditer à la Sidra et à la Paracha de la semaine pour en déduire les enseignements s’appliquant aux événements de la semaine. D’autres leçons, en revanche, sont apprises beaucoup plus facilement. Par un effet de la miséricorde divine, quand on peut craindre le doute ou le manque d’objectivité détournant le raisonnement de celui qui consulte la Paracha de la semaine et l’empêche d’y découvrir l’enseignement qui convient, sans le dénaturer ni l’interpréter à l’inverse de la vérité, une leçon peut parfois être délivrée d’une manière si claire que toute ambiguïté est nécessairement levée. C’est effectivement le cas de la Paracha de cette semaine, dès son début et ce qui est exposé ci-dessous justifie le long récit et le dialogue d’Avraham avec les fils de ‘Heth, dont on peut se demander la signification.


Il y avait un terrain et une grotte, dans la ville de ‘Hévron. Là, étaient enterrés Adam et ‘Hava. La grotte, le champ qui l’entourait et la ville alentour se trouvaient sous la domination des fils de ‘Heth, qui étaient aussi des descendants d’Adam et de ‘Hava et qui, en outre, étaient les plus nombreux.


La Paracha relate donc que Avraham vint, et l’on souligne que : “Avraham était unique”(12). Il demanda qu’on lui donne la grotte de Ma’hpéla, non pas d’une manière accessoire, mais bien pour qu’elle soit son domaine, c’est-à-dire d’une façon définitive. En apparence, une telle requête allait à l’encontre de la justice et de la droiture, car ces hommes se trouvaient sur place, ils étaient les plus nombreux et ils descendaient eux-mêmes d’Adam et de ‘Hava, au même titre que Avraham. Comment, dès lors, justifier une telle requête, précisément de la part de celui qui avait consacré toute sa vie à l’hospitalité et aux bonnes actions, au point que le Créateur du monde et de l’homme porte témoignage, à son propos : “Je l’ai aimé afin qu’il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder le chemin de D.ieu en faisant la Tsédaka et le jugement”(13) ?


Il faut bien en conclure que cette requête était pleinement justifiée. Bien plus, au final, les fils de ‘Heth y accédèrent, d’une manière agréable et pacifique, sans la moindre dispute, encore moins en luttant. En fait, il s’adressa à eux en ces termes : “Je suis un étranger, résidant parmi vous”(14). Rachi énonce une explication, à ce sujet, qui est donc accessible à l’enfant de cinq ans, lequel étudie aussi son commentaire : “Si vous le voulez, je serai un étranger. Sinon, je serai un résident et j’en prendrai possession de plein droit(8), car le Saint béni soit-Il(8) m’a dit : Je donnerai cette terre à ta descendance”. Or, fait surprenant, non seulement les fils de ‘Heth admirent le principe d’accéder à cette requête, mais, bien plus, Ephron, le propriétaire de la grotte et du champ, se faisant le porte-parole de tous les fils de ‘Heth, lui donna non seulement la grotte, mais aussi le champ et, au final : “tous les arbres des champs dans tout son domaine, autour”(15). Bien plus, s’agissant du paiement, “il me la donnera à sa pleine valeur”(16). Là encore, conformément à la nature des fils de ‘Heth, qui “parlent beaucoup, mais n’agissent même pas un peu”(17), ils lui demandèrent : “quatre cents Shekels d’argent, acceptables par le marchand”.


Depuis lors, la grotte de Ma’hpéla et tout ce qui la concerne sont devenus la propriété d’Avraham, transmissible à ses enfants après lui, jusqu’à la fin des générations, avec l’accord des fils de ‘Heth et des peuples qui les représentent et qui ont pris leur place. Il y a là un enseignement évident et clair pour tous les cas similaires et, a fortiori, pour cette situation précise. Cela est évident également, comme on l’a dit, pour l’enfant de cinq ans. Néanmoins, dans la manière de s’exprimer, l’enfant de cinq ans et même celui de dix ans peuvent commettre l’erreur de penser qu’il faut : “se prosterner devant le peuple de la terre”(18), y compris selon le sens simple du verset, comme l’indique Ibn Ezra(19). Et, nos Sages, s’adressant à celui qui, ayant atteint l’âge de quinze ans, étudie déjà la Guemara et le Talmud, expliquent et clarifient(20) que l’on se prosterne afin de rendre grâce au Saint béni soit-Il pour la bonne nouvelle que l’on reçoit(21). Mais, en l’occurrence, ce fut : “devant le peuple de la terre”. Il leur donna donc cette explication et ils comprirent que l’on ne peut louer et glorifier que D.ieu, béni soit-Il.


Ce qui est vrai pour la grotte de Ma’hpéla s’applique aussi à la rue ‘Habad, dans la vieille ville de Jérusalem, comme on l’a dit.


Notes


(1) Monsieur C. Z. Chazar, président d’Erets Israël. Voir, à son sujet, la lettre n°9581.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°9400.
(3) Tehilim 122, 3. Voir, à ce propos, le Yerouchalmi, traité ‘Haguiga, chapitre 3, au paragraphe 6.
(4) Il semble qu’il s’agisse des Biyoureï Ha Zohar, tome 1, dont l’avant-propos est daté de Roch ‘Hodech Elloul 5728. On verra, à ce sujet, la lettre n°9582.
(5) Voir, en particulier, à ce propos, le Likouteï Si’hot, tome 9, à la page 250.
(6) Voir les Iguerot Kodech du Rabbi Rayats, tome 13, aux pages 451 et 498.
(7) Voir, à ce sujet, les lettres n°9087, 9666 et 9672.
(8) Le Rabbi souligne les mots : “pour nous”, “de plein droit” et “le Saint béni soit-Il”.
(9) Voir, à ce sujet, la lettre n°6603.
(10) Voir les Si’hot Kodech 5729, tome 1, à partir de la page 121.
(11) Voir le Séfer Ha Si’hot 5702, à la page 29 et le Hayom Yom, à la date du 2 ‘Hechvan.
(12) Yé’hezkel 33, 24.
(13) Vayéra 18, 19.
(14) ‘Hayé Sarah 23, 4.
(15) ‘Hayé Sarah 23, 17.
(16) ‘Hayé Sarah 23, 9.
(17) Traité Baba Metsya 87a et commentaire de Rachi sur le verset ‘Hayé Sarah 23, 16.
(18) ‘Hayé Sarah 23, 7.
(19) Dans son commentaire de ce verset. Et, l’on consultera également son commentaire du verset Hayé Sarah 23, 12 : “Et, Avraham se prosterna devant le peuple de la terre”.
(20) Midrash Béréchit Rabba, Parchat ‘Hayé Sarah, chapitre 58, au paragraphe 6 et chapitre 60, au paragraphe 6.
(21) En l’occurrence, l’obtention de cette grotte. En revanche, il est bien clair que Avraham ne se prosterna pas devant les fils de ‘Heth.