Lettre n° 9594

Par la grâce de D.ieu,


20 Mar’hechvan 5729,
Brooklyn, New York,


Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, se consacre aux
besoins communautaires, aux multiples accomplissements,
le Rav Morde’haï Ha Cohen,


Je vous salue et vous bénis,


J’ai reçu(1) vos salutations avec plaisir, par l’intermédiaire de votre fils, le Rav Mena’hem Ha Cohen, de même que votre livre : “le mur occidental”(2). Je vous remercie d’avoir pensé à me l’adresser. Si, entre-temps, vous publiez d’autres ouvrages, vous voudrez bien les adresser ici, dans l’intérêt de tous(3). Vous le ferez même si ces publications ne concernent pas ce qui est d’actualité et a fortiori lorsque c’est le cas, comme pour ce livre.


Les enfants d’Israël ont l’usage de ne pas se limiter à un éloge et une louange, mais de formuler, en outre, des remarques, en particulier pour ce qui est imprimé et qui parvient ainsi au plus grand nombre, non seulement à l’heure actuelle, mais aussi dans le futur. Il est donc de mon devoir de formuler ici une remarque d’ordre général, qui est la suivante. Il y a, dans votre ouvrage, de nombreuses explications qui sont présentées conjointement, sans les distinguer, ni les séparer, ce qui suppose que la majeure partie des lecteurs soit à un même niveau de compétence ou, tout au moins, ait des connaissances comparables, alors qu’en réalité, les uns sont très éloignés des autres, leur sont parfois même opposés. Bien plus, vous considérez, en outre, que la compétence du lecteur est la même également dans les autres domaines ou, tout au moins, qu’elle est en rapport. A quelqu’un comme vous, il est inutile d’expliquer le sérieux de tout cela(4).


Ce que je veux dire est sans doute bien clair. Néanmoins, pour être plus précis, je citerai au moins deux exemples. Le chapitre : “Dans la Aggada”, à la page 71, mélange, avec une même formulation, en disant : “la Aggada relate”, d’une part une Aggada de la Torah, de laquelle nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, disent : “Si tu veux connaître Celui Qui a créé le monde par Sa Parole, étudie la Aggada”(5), d’autre part, sous le même titre, celle des livres qui…(6)


Il en est de même pour le chapitre : “Lamentations et chants”, qui présente d’abord une lamentation de Rabbi Eléazar Ha Kalir, basée sur une Aggada de E’ha Rabba(7), puis, dans le même chapitre, des textes d’auteurs à propos desquels il y a lieu de se lamenter. Vous devez comprendre ce que je veux dire.


A n’en pas douter, vous ne me tiendrez pas rigueur pour cette remarque, car, à mon sens, elle est pour le bien du grand nombre. En effet, il n’y a pas lieu, en la matière, de considérer qu’il est inutile de se plaindre du passé(8), car c’est bien de l’avenir qu’il s’agit(9). En effet, j’ai bon espoir que vous vous servirez des capacités qui vous ont été accordées, pendant de nombreuses années encore, afin de diffuser le Judaïsme traditionnel en tout endroit où s’exerce votre influence, le Judaïsme véritable. Car, la vérité exclut tout compromis.


Vous avez sûrement connaissance de l’importance de Rabbi Eléazar Ha Kalir et de la valeur de ses cantiques(10), comme le souligne le Ari Zal, qui est encore vivant, dans le Péri Ets ‘Haïm, au début de la première porte. Avec mes respects et ma bénédiction,


Notes


(1) Voir le Hé’hal Mena’hem, tome 1, à partir de la page 97.
(2) Vestige du Temple.
(3) De tous ceux qui consultent ces ouvrages, dans la bibliothèque du Rabbi.
(4) Considérer que le lecteur a déjà acquis certaines notions, alors que, de toute évidence, il ne les possède pas, peut avoir pour conséquence de graves confusions.
(5) Sifri sur le verset Ekev 11, 22. Lois de l’étude de la Torah, de l’Admour Hazaken, chapitre 2, au paragraphe 2.
(6) Qui ne sont pas recommandables ou, en tout état de cause, ne peuvent en aucune façon être présentés sur un pied d’égalité avec les écrits de nos Sages.
(7) Figurant dans le Midrash E’ha Rabba.
(8) Selon le traité Bera’hot 54a.
(9) Des livres qui seront rédigés par la suite.
(10) Voir le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, Ora’h ‘Haïm, à la fin du chapitre 68.