Lettre n° 9577

Par la grâce de D.ieu, entre


le Trône et le dixième jour(1) 5729,
Brooklyn, New York,


Je vous salue et vous bénis,


Je fais réponse à votre lettre de ce vendredi, veille du saint Chabbat, dans laquelle vous vous référez à votre fils. De façon générale, pour notre grande peine, une telle situation n’est pas rare, de nos jours et les médecins qui le traitent vous ont sûrement dit que ceux qui sont dans son cas sont nombreux. Je vous donne cette précision, non pas parce que : “le malheur atteignant de nombreuses personnes est une demi consolation”(2), ce qui pourrait être déplacé en l’occurrence, mais bien pour vous signifier que les médecins possèdent une large expérience, en la matière. En outre, une recherche intensive est menée sur les moyens de traiter et de guérir.


En conséquence, il n’y a nullement lieu de prédire l’avenir en affirmant, par exemple, que les chances, en la matière, ne sont pas très bonnes ou, en tout état de cause, qu’il convient d’introduire une nuance et de dire qu’il en est ainsi uniquement selon les connaissances actuelles de la médecine. Dans ce domaine, comme je l’ai dit, la recherche est très intensive, car elle a une incidence sur un grand nombre de personnes.


J’avais, en outre, une seconde intention en écrivant tout cela. Il est, de par le fait, judicieux de rester en contact avec ceux qui se consacrent(3) à cette recherche ou bien ceux qui leur sont proches. De temps à autre, il faut les interroger sur les dernières découvertes, en la matière. Il s’agit bien, en l’occurrence, de ceux qui se consacrent à cette recherche, car un délai particulièrement long s’écoule avant que leurs conclusions parviennent aux médecins traitants. Ces derniers en prennent connaissance par les journaux médicaux, dont les articles produisent de longs comptes-rendus, mais uniquement après que le médicament ait été essayé et mis à l’épreuve pendant une période prolongée.


Dans des cas similaires, on a observé des résultats positifs en écartant celui qui doit guérir de ses quatre coudées et en lui demandant de participer à une activité ou à une institution, par exemple, comme si l’on sollicitait un service de sa part. En effet, dans la plupart des cas, quand on formule pareille requête, de telles personnes refusent, car elles ont l’impression qu’on veut les aider ou bien que l’on cherche à les soigner. Par contre, lorsque telle institution ou telle activité ont besoin de l’aide de cette personne, de sa participation, qui leur est même indispensable, celle-ci donne, bien souvent, son accord et, peu à peu, elle devient plus sociable. Néanmoins, comme je l’ai dit, il faut s’adresser à lui sans éveiller sa suspicion, de sorte qu’il ne voit pas en cela une ruse pour le faire sortir de son cadre habituel.


Avec l’aide de D.ieu, votre demande de bénédiction sera lue près du tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, conformément à ce que vous m’écrivez. Je vous connais et il est donc inutile de préciser qu’un ajout à la Torah et à ses Mitsvot augmente la bénédiction de D.ieu, Qui “guérit toute chair et accomplit des merveilles”. En tout ce qui est lié au Tout Puissant, béni soit-Il, à la Torah et à ses Mitsvot, une situation, aussi bonne qu’elle soit, peut toujours être largement améliorée et c’est précisément pour cela qu’il est demandé à chacun de connaître l’élévation dans le domaine de la sainteté(4). En outre, quand il s’agit d’un homme public, exerçant son influence sur son entourage et sur un cercle très large, se servir pleinement de cette influence pour transmettre le Judaïsme et ses valeurs sans le moindre compromis est un rôle essentiel qui lui incombe. Selon les termes de nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction(5), il y a là une “barrière de Mitsva”, envers laquelle on doit être encore plus scrupuleux. Avec mes respects et ma bénédiction afin que vous soyez définitivement scellé pour une bonne année,


Notes


(1) Entre Roch Hachana et Yom Kippour.
(2) Selon le Séfer Ha ‘Hinou’h, à la Mitsva n°331.
(3) Le Rabbi souligne l’expression : “ceux qui se consacrent”.
(4) Voir le traité Bera’hot 28a, le Zohar, tome 3, à la page 162b, le Likouteï Si’hot, tome 13, page 250, dans la note introduite par : “pour s’élever dans la sainteté” et tome 20, page 210, dans la note 23.
(5) Dans le traité Chabbat 118b.