Lettre n° 9526

Par la grâce de D.ieu,


22 Tamouz 5728,
Brooklyn, New York,


Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, aux multiples
accomplissements, le Rav ‘Haïm Yaakov Schlammé(1),
directeur de l’école d’enseignantes Beth Rivka, à Yerres,


Je vous salue et vous bénis,


Je fais réponse à votre lettre du jeûne du quatrième mois, qui sera prochainement transformé en allégresse et en joie(2). Vous trouverez ci-joint ma lettre adressée à celles qui achèvent leur scolarité(3). Le cas échéant, vous leur apporterez sûrement toutes les explications nécessaires et l’assurance nous a été donnée que les paroles émanant du cœur pénètrent dans le cœur et y agissent(4).


Selon les termes de l’Admour Hazaken(5), “ on n’impose pas ses conseils ”. J’ai donc hésité à exprimer ma réaction sur ce qui va suivre, avant d’avoir trouvé une allusion me confirmant que je devais effectivement formuler mon avis, sur le sujet. Or, j’ai découvert cette allusion dans votre lettre et, après qu’elle me soit parvenue, la situation s’est transformée. Désormais, je n’ai pas le droit de ne pas vous faire connaître ma réaction sur le sujet suivant.


C’est avec la plus grande surprise que j’ai appris, il y a quelques temps, par le grand Rav et ‘Hassid, Rav B. E. Gorodetski(6), que vous envisagiez(7) d’échanger la bonne part qui est la vôtre, celle d’éduquer les filles d’Israël et, plus important encore, de les préparer à être des enseignantes, le moment venu, d’être “ humides au point d’humecter ”(8). Nos Sages disent, en effet, que chacune d’elles est la descendante de Sarah, de Rivka, de Ra’hel et de Léa. A chacune s’applique donc pleinement le dicton selon lequel : “ la fille est comme sa mère ”(9). L’importance de tout cela est bien claire, en particulier d’après le proverbe du Baal Chem Tov(10), selon lequel l’amour du Saint béni soit-Il pour chaque Juif et chaque Juive est infiniment plus grand que celui de parents âgés pour leur fils unique, né pendant leur vieillesse.


Malgré tout cela, vous envisagez d’échanger une fonction aussi élevée et la mission que le Saint béni soit-Il vous a confiée contre un poste de rabbin, tel qu’il est défini à notre époque et vous devez comprendre ce que je veux dire. Comme je l’indiquais, je ne suis pas intervenu jusqu’à maintenant, car il n’y avait pas lieu de le faire tant que l’on ne m’avait pas interrogé. En outre, je pensais que cela resterait uniquement un projet, même si la simple formulation d’un tel projet suscite d’ores et déjà la plus grande surprise.


Bien entendu, tout ce qui est dit dans ma lettre adressée à celles qui achèvent leur scolarité s’applique aussi, combien de fois plus, y compris qualitativement, à celui qui a dirigé leur formation, jusqu’à ce qu’elles parviennent à cette fin de scolarité, avec un diplôme leur permettant d’enseigner. A quelqu’un comme vous, il est sûrement inutile d’en dire plus.


J’ajouterai uniquement un point. D’après ce que m’a dit, à maintes reprises, le grand Rav et ‘Hassid, Rav B. E. G.(6), votre épouse a également un rôle actif dans le renforcement et le développement de ce centre de formation des enseignantes, ce qui veut dire qu’elle-même remplace sa fonction, la mission qui lui est confiée dans ce domaine, par…


Bien évidemment, j’ai entendu, là encore à maintes reprises, par la même personne, les raisons qui ont conduit vous-même et votre épouse à envisager cette éventualité. Ainsi, quelqu’un vous dérangerait… Or, même si la situation était réellement celle-ci, même s’il n’y avait, en cela, aucune exagération, la solution ne serait pas la désertion du front de l’éducation, l’abandon de vos fonctions et de votre mission, mais, bien au contraire, l’effort pour supprimer ce qui dérange ou, tout au moins, pour le diminuer.


Il est bien clair que l’on pourrait dire, sur ce sujet, bien plus que ce qui est écrit ici, mais, pour quelqu’un comme vous, cela sera suffisant. J’ajoute que je considère cette éventualité, encore à l’heure actuelle, comme un simple projet(11). Mais, comme je l’ai dit, le simple fait qu’un tel projet puisse être envisagé est affligeant et surprenant.


Puisse l’Eternel, D.ieu de Vérité, Qui nous a donné la Torah de Vérité, un enseignement sur la mission de chacun et de chacune, définissant le rôle qui lui est confié dans notre monde, vous guider, avec les membres de votre famille, sur la voie de la vérité et du bien, en tout point. Avec ma bénédiction afin de me donner de bonnes nouvelles,


Notes


(1) Voir, à son sujet, la lettre n°8723.
(2) Le 17 Tamouz, selon le verset Ze’harya 8, 19. Voir le Rambam, à la fin des lois du jeûne.
(3) Il s’agit de la lettre suivante.
(4) Voir le Séfer Ha Yachar de Rabbénou Tam, treizième porte, cité par le Chneï Lou’hot Ha Berit, porte des lettres, lettre Lamed, à la page 69a.
(5) Voir, à ce sujet, la lettre n°4727.
(6) Le Rav Binyamin Elyahou Gorodetski, directeur du bureau européen pour les réfugiés. Voir, à son sujet, la lettre n°9528.
(7) Voir, à ce sujet, la lettre n°9528.
(8) Selon l’expression de nos Sages, notamment dans le traité Bera’hot 25b.
(9) D’après le verset Yé’hezkel 16, 44.
(10) Voir, à ce sujet, la lettre n°9390.
(11) Que la décision de partir n’est pas encore prise.