Lettre n° 9462

Par la grâce de D.ieu,


7 Adar 5728,
Brooklyn, New York,


A tous les participants à l’inauguration du
centre Loubavitch de Londres,
que D.ieu vous accorde longue vie,


Je vous salue et vous bénis,


L’inauguration du nouvel édifice du centre Loubavitch(1) et la suite de cette cérémonie se déroulent dans la semaine de Pourim, qui approche. Elles seront donc pénétrées de la noblesse d’esprit et de la motivation qu’apportent ces jours propices. L’histoire de Pourim est, brièvement, la suivante. Tous les enfants d’Israël, “ les vieillards et les jeunes gens, les enfants et les femmes ”, selon les termes du verset(2), étaient en danger, du fait de ce décret. Puis, vint Morde’haï le Juif, qui rassembla vingt deux mille enfants juifs. Il enflamma leur cœur par ses paroles et par l’éducation qu’il leur dispensa. Ainsi, ceux-ci furent prêts à donner leur vie pour leur Judaïsme. Dès lors, le décret fut annulé, comme le rapportent nos maîtres et nos sages, de sainte mémoire(3).


On connaît le dicton suivant de notre maître, le Baal Chem Tov(4), fondateur de la ‘Hassidout générale, dont l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, père du mouvement ‘Habad Loubavitch, était le disciple du disciple. Par ce dicton, il expliqua, d’une manière allusive, la Michna du traité Meguila 17a : “ Celui qui lit la Meguila à rebours ne s’est pas acquitté de son obligation ”(5). Il souligna qu’un homme considérant que ce miracle s’était passé à l’époque mais qu’il n’a aucune incidence sur le temps présent ne s’est pas acquitté de son obligation(5).


Une telle constatation délivre l’enseignement suivant. Les événements du temps de Pourim se déroulent encore à l’heure actuelle, avec la même force qu’alors. Certes, nous ne courons pas, de nos jours, un danger comparable à ce décret, ce qu’à D.ieu ne plaise. Bien au contraire, D.ieu a accordé la réussite, de sorte que les Juifs peuvent vivre dans le calme et même dans la largesse. Mais, cela ne modifie en rien ce qui est à l’origine de la pérennité de notre peuple, c’est-à-dire l’éducation des enfants, afin qu’ils soient en mesure d’offrir leur vie pour le Judaïsme.


Tel est précisément le rôle premier du centre Loubavitch de Londres, qui doit réunir les enfants juifs, enfants au sens littéral ou bien enfants par la connaissance de D.ieu, de Sa Torah et de Ses Mitsvot, afin de mettre en évidence la dimension profonde de leur âme, leur nature véritable. De la sorte, ils prendront conscience du fait que “ vous êtes des enfants pour l’Eternel votre D.ieu ”(6) et ils perpétueront la chaîne dorée de la Tradition ancestrale, jusqu’à faire don de leur propre vie pour le Judaïsme de la Torah et des Mitsvot. Bien entendu, leur abnégation doit se manifester également envers leur prochain, auquel ils viendront en aide, à la fois en ses besoins spirituels et matériels.


Tous ces traits de caractère apparaissaient clairement chez mon beau-père, le Rabbi, chef de ‘Habad Loubavitch en notre génération, comme en atteste sa biographie. Ainsi, alors qu’il était tout juste âgé de onze ans(7), il fut arrêté et incarcéré parce qu’il était venu en aide, dans un marché, à un Juif contre lequel un non-Juif se déchaînait.


Puisse D.ieu faire que le nouvel édifice du centre Loubavitch de Londres s’emplisse “ de nos jeunes et de nos vieux, de nos fils et de nos filles ”, qui s’engageront dans le même esprit. Il n’est pas de mot pour définir le grand mérite de tous ceux qui ont apporté leur concours afin d’édifier ce nouveau bâtiment. Ils ont été et seront parmi ceux qui lui viennent en aide, le soutiennent et prennent part à ses actions. En effet, toute bonne action de ses élèves et de ceux qui reçoivent leur influence dans cette maison et à l’extérieur de celle-ci sera aussi le mérite, la part et l’héritage de tous ceux qui agissent et font agir les autres. Avec mes respects et ma bénédiction pour une considérable réussite, pour me donner de bonnes nouvelles de tout cela et pour un joyeux Pourim,


Mena’hem Schneerson,


Notes


(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 6, à la page 384.
(2) Esther 3, 13.
(3) Voir, notamment, le Midrash Esther Rabba, chapitre 8, au paragraphe 7, chapitre 9, au paragraphe 4, chapitre 10, au paragraphe 4, de même que le Yalkout Chimeoni Esther, au paragraphe 657.
(4) Voir le Kéter Chem Tov, éditions Kehot, paru en 5759, dans les additifs, au chapitre 100.
(5) Le Rabbi souligne les mots : “Celui qui lit la Meguila à rebours ne s’est pas acquitté de son obligation” et “ne s’est pas acquitté de son obligation”.
(6) Reéh 14, 1.
(7) Voir les Iguerot Kodech du Rabbi Rayats, tome 3, lettre n°719, à partir de la page 82.
(8) Selon les termes du verset Bo 10, 9.