Lettre n° 9411

Par la grâce de D.ieu,


17 Kislev 5728,
Brooklyn, New York,


A l’élève Dorith Walman, New Haven,


Je vous bénis et vous salue,


Je fais réponse à votre question portant sur le commentaire de Rachi, relatif à la Parchat Béréchit, que vous avez étudié(1). Tout d’abord, j’ai été satisfait de constater que vous étudiez avec constance et profondeur, que vous souhaitez comprendre parfaitement ce que vous apprenez. Sans doute exercez-vous une influence en ce sens également au sein de votre maison et dans votre classe. Ceci inclut le fait d’avoir un bon comportement, en général et de mettre en pratique les Mitsvot, en particulier. A ce propos, nos Sages affirment(2) que rien ne résiste à la volonté.


Pour en venir au contenu de votre question, bien que vous puissiez sûrement lever le doute auprès de votre enseignante, d’autant que de vive voix, face à face, cela est plus aisé que par écrit, je vous répondrai néanmoins, au moins brièvement, parce que vous m’avez écrit et, de la sorte, procuré de la satisfaction. Vous vérifierez donc les détails auprès de votre enseignante, qui vous apportera toutes les précisions nécessaires.


Votre question est la suivante. Commentant le verset(3) : “Et, ‘Hano’h marchait devant D.ieu”, Rachi dit : “ Il était un Juste, mais avait l’esprit léger et il pouvait mal agir. De ce fait, le Saint béni soit-Il se dépêcha de le supprimer et Il le fit mourir avant son temps ”. Vous vous demandez si, en le faisant mourir avant qu’il ne commette la faute, D.ieu ne lui avait pas ôté le libre-arbitre entre le mauvais et le bon penchants. De plus, pourquoi en fut-il ainsi précisément pour ce qui concerne ‘Hano’h et non pour d’autres personnes ? Troisième point, comment comprendre l’explication que vous a donnée votre enseignante, selon laquelle ‘Hano’h, par la suite, devint un ange(4) d’après ce commentaire de Rachi selon lequel il avait l’esprit léger ?


La réponse à ces questions(5) suppose la définition d’une notion préalable. De façon générale, tout ce qui concerne la Torah reçoit plusieurs interprétations, mais seule l’une d’entre elles sera mentionnée ici. Un homme est constitué d’un corps et d’une âme(6), mais il existe une distance incommensurable entre la dernière et le premier, avec l’âme qui lui est liée, l’âme animale. ‘Hano’h possédait une âme particulièrement élevée, d’autant qu’il vivait dans les premières générations, entre celle d’Adam et celle de Noa’h et les hommes étaient alors corrompus, comme on le sait. Seule une élite était capable de s’opposer à l’ensemble de son époque. J’ajoute également(7) que ceci se passait avant le don de la Torah, lorsque le monde, de façon générale, était plus grossier, qu’il n’était pas aisé d’accepter les notions de spiritualité et de Divinité, ce qui ne fut plus le cas après le changement introduit dans le monde par ce don de la Torah.


Tout au long de sa vie dans ce monde, ‘Hano’h lutta contre toutes les épreuves, par toutes(8) ses forces, car il était un Juste et, de ce fait, il mérita une récompense spécifique, celle de ne pas être soumis à une épreuve qu’il n’aurait pas eu la force de surmonter. En effet, le monde et le corps peuvent imposer des épreuves sans aucune commune mesure. C’est pour cette raison qu’il eut le mérite d’être repris par D.ieu. Ceci permet de répondre aux trois questions que vous avez posées.


Nous sommes entre la libération de l’Admour Haémtsahi, le 10 Kislev et celle de l’Admour Hazaken, le 19 Kislev et vous savez sûrement ce qui se passa, à l’époque. Vous avez assurément entendu de votre enseignante que l’on commémore ces événements afin qu’il en résulte une action concrète, dans l’esprit de ceux dont nous célébrons la délivrance. Puisse donc D.ieu faire que l’on avance, que l’on ajoute et que l’on éclaire, comme l’enseignent les jours de ‘Hanouka qui approchent(9). Avec ma bénédiction,


M. Schneerson,


Notes


(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 10, à la page 189.
(2) Voir le Zohar, tome 2, à la page 162b.
(3) Béréchit 5, 24.
(4) Voir le Zohar, tome 1, aux pages 37b et 56b.
(5) Voir également, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 15, à la page 86.
(6) Voir le Séfer Ha Ara’him ‘Habad, à l’article : “Adam”.
(7) Voir le Likouteï Si’hot, tome 15, à la page 52 et, à cette référence, dans la note 31.
(8) Le Rabbi souligne le mot : “toutes”.
(9) Selon le traité Chabbat 21b et le Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, lois de ‘Hanouka, chapitre 671, au paragraphe 2.