Lettre n° 9349

Je fais(1) référence au contenu de votre lettre(2). Il y a deux candidats pour le poste de juge rabbinique, de sorte que le doute subsiste encore. Il est donc préférable de rester passif(3) et de ne pas intervenir, pour l’instant.


Votre proposition destinée à résoudre la situation des Agounot(4) est globalement(5) positive, à mon sens. Bien entendu, plusieurs Décisionnaires importants doivent, tout d’abord, en relire la formulation et décider le moment favorable pour l’écrire, mais, comme vous le dites, vous n’abordez le sujet, dans un premier temps, qu’en son aspect général. Pour autant, il faut se demander comment écarter totalement(5) l’appui que pourraient en tirer ceux qui désirent “ renouveler ” la Hala’ha et l’adapter à notre époque, à l’encontre de l’affirmation du Rambam(6) selon laquelle tout(5) ce qui est n’existe que par la vérité de Son Existence. Du fait de nos nombreuses fautes, il y a aussi, parmi ceux qui exercent des pressions en ce sens, des hommes qui, dans leur vie privée, ont la crainte de D.ieu. Malgré cela, ils transforment le défenseur de la Torah, le principe selon lequel elle ne peut pas être modifiée(7), en accusateur. Vous devez comprendre ce que je veux dire.


L’épidémie de notre époque est la publicité. Il est donc certain qu’au final, les termes de cette analyse seront rendus publics. Dès lors, tous, “ de vos chefs de tribus à vos puiseurs d’eau ”(8) décideront qu’il en est, a fortiori ainsi, pour les propositions qu’ils formulent eux-mêmes, concernant les six cent douze autres Mitsvot. De fait, quiconque émet une permission en Israël est susceptible de devenir le chef et il le devient effectivement(9). Vous devez comprendre ce que je veux dire. S’il est impossible d’écarter ce risque, je me demande s’il est justifié de s’introduire dans tout cela car, si l’on observe l’intérêt que cela présente, “ entre ce qui est certain et ce qui ne l’est pas, il faut opter pour ce qui est certain ”(10).


Notes


(1) Voir le Nél’ha Be Or’hotav, à la page 260.
(2) Cette lettre manuscrite fut adressée au Rav Hillel Medalyé, rabbin d’Anvers. Voir, à son sujet, la lettre n°9235.
(3) Selon le traité Erouvin 100a.
(4) Les femmes dont le mari a disparu sans laisser de trace et qui, en l’absence d’un acte de divorce, ne peuvent pas se remarier.
(5) Le Rabbi souligne les mots : “globalement”, “totalement” et “tout”.
(6) Au début de ses lois des fondements de la Torah.
(7) Selon le neuvième des treize principes fondamentaux de la foi.
(8) Selon les termes du verset, au début de la Parchat Nitsavim.
(9) D’après la formulation des Sages, au traité Guittin 56b.
(10) Comme l’indique le traité Baba Kama 118a.