Lettre n° 9327
Par la grâce de D.ieu,
mardi(1) 5 Sivan 5727,
Brooklyn, New York,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre(2). Nous nous trouvons en des jours propices, qui commencèrent à Roch ‘Hodech, lorsque les enfants d’Israël parvinrent(3) dans le désert du Sinaï, “ et, Israël campa là-bas ”, “ comme un seul homme, avec un seul cœur ”(4).
Dès le lendemain, il fut dit à “ la maison de Yaakov ”, c’est-à-dire aux femmes(5), et rapporté aux “ enfants d’Israël ”, aux hommes : “ Vous avez vu ce que J’ai fait à l’Egypte(6). Je vous ai porté sur les ailes des aigles(7)… et maintenant… vous respecterez Mon alliance ”, “ en gardant la Torah ”(8), “ et vous serez, pour Moi, propices entre les nations… une nation de prêtres et un peuple sacré ”(9).
La fin et la conclusion de ces jours de préparation est le 5 de ce mois, lorsque tous les Juifs, unanimes(10), proclamèrent : “ Tout ce que l’Eternel dit, nous le ferons et nous le comprendrons ”(11). Nos Sages expliquent(12) que le Saint béni soit-Il se réjouit alors, qu’Il leur donna Sa Torah et qu’Il les bénit par la paix.
Puisse D.ieu faire que s’applique pour nous tout ce qui vient d’être dit. Et, qu’avec la tranquillité de l’esprit et du corps, se réalise, pour chacun et pour chacune, la bénédiction suivante, selon la formulation bien connue(13) : “ Recevez la Torah avec joie et d’une manière profonde(14) ”. Car, “ aucun peuple, aucune langue ne pourront les dominer ”(15), ainsi qu’il est dit(16) : “ Il prodiguera le bien à eux-mêmes et à leurs descendants, pour l’éternité ”(17). Avec ma bénédiction pour une joyeuse fête,
M. Schneerson,
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Je vous remercie(18) d’avance pour ce que vous ferez pour la pierre tombale de mon frère(19), puisse-t-il reposer en paix, dans toute la mesure de ce qui est nécessaire et je vous adresse ma bénédiction pour une joyeuse fête(20). Vous me ferez sûrement(21) connaître les dépenses que cela occasionnera. Je vous en remercie.
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S’agissant(22) de la demande relative à vos proches parents se trouvant là-bas(23), il serait bon, lorsque vous la leur adresserez, de leur expliquer qu’il est préférable de partir définitivement(24). S’ils l’acceptent(21), c’est effectivement ce que vous ferez.
Il n’y a pas lieu(25), au moins pour l’instant, que je quitte New York pour une quelconque destination.
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Je vous adresse ma bénédiction de Mazal Tov pour les fiançailles de votre fille, de même que pour une joyeuse fête(20) et pour une considérable réussite en votre mission sacrée. J’ai entendu que vous avez pleinement conscience de vous trouver en service actif(26) et j’en suis satisfait. Vous devez donc adopter un état d’esprit joyeux et avoir à la bouche une marche de victoire(27). Que D.ieu vous accorde la réussite.
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Je viens de recevoir votre lettre du 18(28) Sivan et je vous remercie beaucoup pour cette bonne nouvelle(29). Pour ce qui est du lieu et de la date du mariage de votre fils, qui sera célébré en un moment bon et fructueux, il est clair qu’à notre époque, on ne peut plus maintenir fermement ses exigences. On doit proposer et expliquer, c’est bien évident. Que D.ieu vous accorde la réussite. La demande de bénédiction figurant dans votre lettre sera lue, en un moment propice, près du saint tombeau(30).
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Je viens de recevoir votre lettre du 12 Sivan(31). Pour ce qui est de votre projet de visiter la Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, pendant une année, ceci entraînera des dépenses financières et vous conduira sans doute à contracter un emprunt. Il y aura, en outre, une perte de temps, d’énergie, cela remettra en cause l’éducation de vos enfants et il y aura d’autres éléments encore. Or, il y a maintenant de nouvelles possibilités(21) d’action à Melbourne et donc une obligation(21) de les mener à bien. Est-il vraiment permis de déserter le front ?
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En temps normal(32), vous m’écrivez souvent. Comment est-il possible que vous ayez cessé de le faire précisément maintenant(33) ?
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J’ai bien reçu(34) votre lettre du 3 Sivan. Je vous remercie pour son contenu m’annonçant une bonne nouvelle, qui vivifie le cœur et l’esprit.
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Je viens de recevoir(35) votre lettre des 10 et 11 Sivan. Je vous remercie pour la bonne nouvelle que vous m’annoncez, concernant la campagne des Tefillin(36). Que la visite de votre épouse et de votre fils en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, soit fructueuse. Les élèves de la Yechiva se rendront là-bas par la suite(37).
Notes
(1) Troisième jour de la semaine. Le Rabbi note, en bas de page : “ On verra le traité Chabbat 88a, qui dit : ‘une lumière triple… ‘, le commentaire de Rabbi Nissim Gaon, à cette référence et le Zohar, tome 3, à la page 246a ”.
(2) Cette lettre fut adressée à plusieurs personnes. Voir le Likouteï Si’hot, tome 8, à la page 245.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “Traité Chabbat 86b. Voir le Torah Or, au début de la Parchat Yethro”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “Commentaire de Rachi sur le verset Yethro 19, 2 et Me’hilta, à cette référence”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “Au verset 19, 3”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “On consultera le Choul’han Arou’h, Even Ha Ezer, chapitre 4, au paragraphe 10. Le Rambam considère qu’après le brassage des nations réalisé par San’hériv, personne ne peut désormais être considéré avec certitude comme étant un Egyptien. On consultera le Levouch, à la même référence, qui dit : ‘Sans doute, une minorité d’entre eux sont-ils restés en leur endroit et s’y trouvent encore, d’une manière fixe’. N’est donc plus égyptien celui qui se sépare du groupe ou bien se convertit, puisque le Choul’han Arou’h ne distingue pas celui qui réside en Egypte de celui qui se trouve dans un autre endroit. On consultera aussi le Rambam, lois des relations interdites, à la fin du chapitre 12, qui dit : ‘Celui qui se sépare d’eux pour se convertir…’. On verra aussi le commentaire de Rachi sur le traité Yebamot 16b. La notion de fixité qui est introduite par le Talmud semble lui donner raison, contre l’avis des Tossafot. Mais, l’on peut considérer, pour ce qui fait l’objet de notre propos, que les Tossafot sont du même avis, dès lors que l’interdiction frappe une telle personne en tant qu’égyptien, d’autant que le verset condamne également ce pays et le comportement qui le caractérise, ce qui répond à la question posée par le Arou’h Ha Choul’han, à la même référence, paragraphe 20. C’est pour cela que le Rambam interdit de résider en Egypte, y compris à l’époque actuelle, bien que la raison de cette interdiction soit le risque d’en imiter le comportement, selon le Séfer Ha Mitsvot, à l’interdiction n°46. Bien plus, le Rambam, dans ses lois des rois, chapitre 5, au paragraphe 8, change la formulation du verset et dit : ‘leur comportement est corrompu’, ce qui pourrait s’appliquer, de la même façon, à n’importe quel autre peuple. Il faut en déduire que l’interdiction provient du pays lui-même, comme le précise le Min’hat ‘Hinou’h, à la Mitsva n°500. Ceci peut être rapproché de l’affirmation du Midrash Bamidbar Rabba, chapitre 20, au paragraphe 22, selon laquelle le caractère des hommes est conditionné par l’eau qui est fournie par les sources locales. Néanmoins, une conquête faisant d’un pays Erets Israël modifie ce caractère. Le texte autorise donc ‘la conquête par un roi d’Israël sur l’avis des hommes’. Ceci conduit, cependant, à s’interroger, en particulier, sur l’affirmation des Hagahot Maïmonyot, à cette référence. Il faut aussi consulter le Birkeï Yossef et les références indiquées par le Otsar Ha Posskim, à cette référence. On verra aussi, en particulier, le Péri Ets ‘Haïm, au chapitre 3, le Séfer Ha Likoutim, au début de la Parchat Tétsé. Mais, ce point ne sera pas développé ici”. On verra, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 19, à partir de la page 171.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “En deux points, ils étaient éparpillés et, en un instant, furent tous rassemblés, puis ils parvinrent à destination en un seul instant, selon le commentaire de Rachi sur les versets Chemot 19, 4 et 12, 37, de même que d’après le Me’hilta, à ces références”. Voir la causerie du Chabbat Parchat Beaalote’ha 5727.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “Commentaire de Rachi sur le verset Yethro 19, 5”.
(9) Yethro 19, 1-6.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “Pirkeï de Rabbi Eliézer, au chapitre 41”.
(11) Michpatim 24, 7.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “Dére’h Erets Zouta, au début du chapitre : ‘la paix’”.
(13) Le Rabbi note, en bas de page : “Maintes fois citée dans les lettres de mon beau-père, le Rabbi”.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le traité Chabbat 130a, le verset Devarim 5, 4, le traité Pessa’him 68b, les Pisskeï Dinim de l’Admour Hazaken, dans le Choul’han Arou’h, chapitre 494, au paragraphe 18, qui dit : ‘on s’y réjouira… Ce jour est différent des autres fêtes et du Chabbat’”.
(15) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le traité Avoda Zara 2b, qui dit que D.ieu proposa la Torah à tous les peuples, qui la refusèrent”.
(16) Vaét’hanan 5, 26.
(17) Le Rabbi note, en bas de page : “Traité Avoda Zara 5a. Voir les lois de la Techouva, du Rambam, chapitre 5, au paragraphe 2, qui dit : ‘C’est pour cela que tout Israël souhaite la période messianique, afin d’être délivré des nations, de se consacrer comme il convient à la Torah et aux Mitsvot, de multiplier la sagesse’. On consultera aussi la conclusion de ces lois des rois”.
(18) Ce paragraphe manuscrit a été ajouté à l’exemplaire de cette lettre qui était destiné au Rav Yehouda Chmotkin. Voir, à son sujet, la lettre n°9063.
(19) Le ‘Hassid qui craint D.ieu, Rav Israël Aryé Leïb Schneerson, qui repose à Tsfat.
(20) De Chavouot.
(21) Le Rabbi souligne les mots : “sûrement”, “s’ils l’acceptent”, “possibilités” et “obligation”.
(22) Ce paragraphe manuscrit a été ajouté à l’exemplaire de cette lettre qui était destiné au Rav Chlomo Yossef Zevin, de Jérusalem. Voir, à son sujet, la lettre n°9033.
(23) En Union Soviétique. Il s’agit vraisemblablement d’une demande de réunion des familles.
(24) De ne pas se contenter d’une demande de visite en Erets Israël.
(25) Ceci est la réponse du Rabbi à l’invitation qui lui avait été faite de visiter la Terre Sainte. Voir, à ce sujet, les lettres n°9161 et 9342.
(26) En anglais dans le texte : “active duty”, selon l’expression militaire, le destinataire de la présente ayant vraisemblablement été mobilisé pour la guerre.
(27) Ce qui est la condition nécessaire pour emporter la victoire au combat. Voir, à ce sujet, le Séfer Ha Si’hot 5705, aux pages 3 et 59, le Séfer Ha Maamarim 5710, aux pages 104 et 191.
(28) Le Rabbi écrit ‘Haï, vivant, terme dont la valeur numérique est dix-huit.
(29) Une annonce de fiançailles.
(30) Du Rabbi Rayats.
(31) Ce passage est publié dans le Séfer Ha Chli’hout, qui a été édité à Kfar ‘Habad, en 5747 (1987), à la page 323.
(32) Ce paragraphe a été ajouté à l’exemplaire de cette lettre qui était destiné au Rav Avraham Its’hak Sosonkin. Voir, à son sujet, la lettre n°9284. Voir aussi Itkacherout, volume n°94, à la page 11.
(33) Peut-être à cause de la guerre des six jours.
(34) Ce paragraphe a été ajouté au début de l’exemplaire de cette lettre qui était destiné au Rav Moché Tsvi Ha Lévi Segal, de Jérusalem. Voir, à son sujet, les lettres n°4612 et 9344.
(35) Ce paragraphe manuscrit a été ajouté à l’exemplaire de cette lettre envoyé, après le 11 Sivan, au Rav ‘Haïm Ha Lévi Binyamini, qui se trouvait alors au Brésil. Voir, à son sujet, la lettre n°7263.
(36) Lors de la réunion ‘hassidique du Chabbat Parchat Bamidbar, bénissant le mois de Sivan, deux jours avant que soit déclarée la guerre des six jours, le Rabbi fit référence à la situation en Terre Sainte. Il souligna que, lorsque D.ieu Lui-même conduit la guerre, l’ennemi disparaît totalement et l’on ne déplore aucune perte, tous conservant l’intégrité. En la matière, les Tefillin possèdent une vertu particulière, puisque le traité Mena’hot 44a enseigne : “ Quiconque porte les Tefillin vit longtemps ” et le traité Bera’hot 6a précise : “Et, toutes les nations du monde verront que tu portes le Nom de D.ieu et elles te craindront: ceci fait allusion aux Tefillin de la tête”. Le Rabbi en déduisit qu’un soldat mettant les Tefillin a la capacité d’effrayer les ennemis d’Israël et de rendre la guerre inutile, qu’en outre, chaque Juif qui porte les Tefillin en l’honneur des soldats d’Israël leur vient en aide de cette façon, leur assure une longue vie et leur permet de terroriser ceux qui les assiègent. Dès la fin du Chabbat, cet appel fut lancé en Terre Sainte et dans le reste du monde. C’est de cette façon que naquit la campagne internationale des Tefillin.
(37) Le Rav Binyamini avait fondé, en 5624 (1964), la Yechiva Ma’hané Israël, à Petrópolis, au Brésil, avec la bénédiction et l’encouragement du Rabbi. Les élèves de cette Yechiva participaient donc à la campagne des Tefillin par la diffusion d’un guide et par des visites aux familles. Voir, à ce sujet, le Kérem ‘Habad, volume n°16, Tévet 5728 (1968).