Lettre n° 818

Par la grâce de D.ieu,
8 Kislev 5711,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav Chlomo(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse, au plus vite, à votre lettre de Roch ‘Hodech Kislev, afin de vous dire que vous devez avoir fortement conscience d’être l’un de ceux qui ont apporté leur contribution à l’un des secteurs d’activité de mon beau-père, le Rabbi. Bien plus, vous diffusez les sources de la ‘Hassidout à l’extérieur, de la manière la plus littérale.

Cela signifie que vous devez prendre ces sources et les conduire en Afrique de nord, afin de les répandre parmi ceux qui, pour l’heure, peuvent encore être qualifiés d’ "extérieurs". L’un des points de la mission qui vous est confiée consistera à les rapprocher, à les placer dans un rayon de lumière, celle de la Torah, avec son luminaire, qui est son enseignement profond, c'est-à-dire la ‘Hassidout.

Des obstacles se sont peut-être dressés ou se dressent encore. C’est une preuve supplémentaire de l’importance de cette tâche. La ‘Hassidout explique, en effet, que le mot Yakar se traduit à la fois par difficile et précieux.

Un télégramme a été envoyé, ce jour, à Casablanca, afin que l’on prépare tous les documents officiels, pour vous et votre épouse. En tout état de cause, j’ai bon espoir qu’en ce mois, celui de la délivrance(2), vous puissiez les obtenir, afin que les sources se répandent à l’extérieur.

J’ai déjà expliqué brièvement(3), dans l’introduction du fascicule édité à l’occasion du 19 Kislev, cette expression employée par le Machia’h, "que les sources se répandent à l’extérieur". On sait, en effet, que l’eau de source peut purifier également après avoir été puisée, à condition qu’elle soit encore en relation avec sa source. La Michna, au cinquième chapitre du traité Mikwaot, parle, à ce propos, d’une source qui alimente un bassin.

A l’opposé, dès lors qu’elle se coupe de son origine, elle ne peut plus être considérée comme une source, comme le tranche le Tséma’h Tsédek, dans ses responsa, Yoré Déa, chapitre 164, paragraphe 2 et dans les additifs, tome 3, page 37a et b, de même que selon l’avis du Rabad, du Rachba, du Rambam, dans son commentaire de la Michna, qui traite d’un bassin vide. Ces Sages contredisent l’opinion du Maharik, cité par le Beth Yossef.

Mais, bien plus, même selon le Maharik, un bassin plein d’eau est considéré comme une source seulement s’il est relié à celle-ci.

Le Rambam, chapitre 9, paragraphe 9, impose, en outre, une condition supplémentaire. L’eau doit aussi s’écouler du bassin.

Pour ce qui fait l’objet de notre propos, les sources doivent donc se répandre à l’extérieur. Pour cela, les eaux que nous dispensons doivent être reliées à la source, grâce à notre attachement au chef de notre génération, mon beau-père, le Rabbi, qui est le Baal Chem Tov de notre époque.

Et le Rambam ajoute une condition de plus. L’eau de la source doit continuer à s’écouler. On ne peut se contenter de transmettre aux autres. Il faut, en outre, que ceux-ci soient, à leur tour, capables de le faire, tout comme l’eau ne demeure pas dans le bassin, mais s’en éloigne et agit également à l’extérieur de celui-ci.

Igueret Hakodech, au chapitre 27 et dans son commentaire, fait allusion à tout cela, à propos du décès, en parlant "du fruit des fruits"(4). La partie révélée de la Torah en parle aussi, dans l’interprétation que donnent nos Sages du verset "elles(5) ne quitteront pas ta bouche, celle de tes enfants et celle de tes petits enfants".

Avec ma bénédiction de réussite, dans votre installation, matérielle et spirituelle, avec votre épouse,

M. Schneerson,

Je viens de recevoir votre lettre du 8 Kislev. On a déjà écrit au Rav M. Lipsker pour qu’il vous communique, au plus vite, les détails nécessaires. Puis, vous demanderez, ainsi que votre épouse, un visa pour Meknès.

Notes

(1) Le Rav Chlomo Matusof. Voir, à son propos, les lettres n°587, 918, 972, 1129 et 1167.
(2) De l’Admour Hazaken et de l’Admour Haémtsahi.
(3) Il s’agit de la lettre n°815.
(4) Après que le Juste ait quitté ce monde, son oeuvre continue à se développer.
(5) Les paroles de la Torah.