Lettre n° 815

Roch ‘Hodech Kislev 5711,
Brooklyn, New York,

Il est inutile d’ajouter(1) quoi que ce soit aux propos de mon beau-père, le Rabbi, dans la lettre qu’il adressa à tous les Juifs pour leur souligner l’importance d’étudier la ‘Hassidout. Il est clair que ceci est directement lié au 19 Kislev, qui est le Roch Hachana de la ‘Hassidout(2), "temps propice pour se renforcer et se raffermir dans l’étude de la partie révélée de la Torah et de la ‘Hassidout, se consacrer à la prière fervente, prendre la décision de modifier son comportement d’après la ‘Hassidout, éprouver un amour sans limite pour son prochain"(3).

Le lien entre le 19 Kislev et la diffusion de la ‘Hassidout parmi tous les cercles du peuple juif est tout aussi évident, d’après l’affirmation du Rabbi Rachab selon laquelle "la propagation des sources de la ‘Hassidout à l’extérieur(4) commença essentiellement après Pétersburg(5).

Avant la révélation de la ‘Hassidout, la perception de la Divinité n’était pas à la portée de chacun. Il fallait, pour l’obtenir, posséder une âme d’une grande élévation. Si ce n’était pas le cas, il fallait, au préalable, réparer tout ce qui pouvait l’être et l’on parvenait ainsi à affiner sa propre personne.

Grâce à la ‘Hassidout, chaque Juif peut percevoir la Divinité et s’en pénétrer. Tout ce processus commença après Pétersburg(5), car l’Admour Hazaken parvint alors à la plus haute élévation"(6).

* * *

Lorsque le Baal Chem Tov demanda au Machia’h quand il viendrait, celui-ci lui répondit en citant le verset (Michlé 5, 16) : "Lorsque tes sources se répandront à l’extérieur". On sait que l’eau d’une source représente la plus haute élévation(7). Où qu’elle se trouve, même à une très grande distance, elle reste considérée comme une source, à condition qu’elle ne soit pas séparée de son origine. A l’opposé, si elle en est coupée, elle n’est plus une source(8).

C’est donc là ce que l’on attend de chacun d’entre nous :
A) Diffuser
B) les sources
C) également à l’extérieur.

Pour y parvenir, il faut s’attacher de manière indéfectible à la source. Cet attachement à notre chef, mon beau-père, le Rabbi, doit être sans cesse plus fort. Il est à l’origine de la diffusion des sources de la ‘Hassidout dans tous les points du globe.

Et que nos yeux assistent à l’accomplissement de la promesse faite par notre juste Machia’h, selon laquelle "toutes les forces du mal disparaîtront et ce sera un moment propice, celui du salut". Il nous apportera la délivrance véritable et complète.

Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Cette lettre fut écrite par le Rabbi comme avant propos au fascicule édité à l’occasion du 19 Kislev. Elle figure dans le Sefer Hamaamarim 5711, à la page 134.
(2) Le Rabbi note en bas de page: "Voir, à ce propos, l’introduction du Kountrass Oumayan, pages 15-18 et 24-26.".
(3) Le Rabbi note en bas de page: "Selon la lettre de mon beau-père, le Rabbi, imprimée dans le fascicule n°52, qui fut éditée pour le 19 Kislev 5708".
(4) Le Rabbi note en bas de page: "Le Machia’h indiqua qu’il viendrait alors. Le Baal Chem Tov le dit dans sa lettre bien connue, qui raconte l’élévation de son âme, à Roch Hachana 5507. Celle-ci est imprimée à la fin du Ben Porat Yossef, dans le recueil des lettres du Baal Chem Tov et de ses disciples, imprimé à Lvov, en 5683. L’éditeur dit avoir reproduit le manuscrit original du gendre du Baal Chem Tov, Rabbi I’hyel, qui est signé par le Baal Chem Tov lui-même. Elle figure aussi dans le Guinzeï Nistarot, édité à Jérusalem en 5684, tome 1, chapitre 65, dans le Séfer Baal Chem Tov, édité à Lodj en 5698, à la Parchat Noa’h, note 13. Elle est partiellement reproduite au début du Kéter Chem Tov et dans le Likouteï Amarim du Maguid de Mézéritch".
(5) C'est-à-dire avec la libération de l’Admour Hazaken des prisons tsaristes.
(6) Le Rabbi note en bas de page : "Dans la causerie du 19 Kislev 5668, Torat Chalom, page 98 (dans l’édition actuelle : page 112). Un résumé en est présenté ici".
(7) Voir, à ce propos, la lettre n°818.
(8) Le Rabbi note en bas de page : "Ainsi tranche le Tséma’h Tsédek, dans ses responsa Yoré Déa, chapitre 164, paragraphe 2. Voir également les additifs, tome 3 sur le traité Mikwaot, chapitre 5, Michna 6. C’est aussi l’avis des Tossafot sur le traité Be’horot 55b, du commentaire du Rambam sur la Michna, du Rabad, du Rachba, du Ribach, du Pricha et d’autres encore. Le Sifteï Cohen sur Yoré Déa, chapitre 201, paragraphe 30, dit : "c’est ce qu’indiquent la Michna et les Décisionnaires". Le Tour, de même que le Choul’han Arou’h qui le reproduit, s’interroge, à ce propos. C’est ce qu’explique le Beth Yossef, dans le Yoré Déa, au chapitre 201. Le Maharik, que cite également le Beth Yossef, considère que la source porte encore son nom tant qu’elle s’écoule, même si elle est séparée de sa source. Néanmoins, on peut considérer qu’elle peut alors apporter uniquement une purification légère. On consultera le Sifteï Cohen, chapitre 201, paragraphe 20 et les responsa ‘Hatam Sofer, Yoré Déa, chapitre 209. Mais, même selon ces avis, l’eau qui est séparée de son origine ne peut transformer un bassin en source. Cette idée ne sera pas développée ici".