Lettre n° 7486

Par la grâce de D.ieu,
1er Kislev 5721,
Brooklyn,

Je vous bénis et vous salue,

J’ai bien reçu votre lettre et, comme vous me le demandez, je mentionnerai encore une fois vos noms près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, conformément à ce que vous m’écrivez. Malgré la formulation de votre lettre et son contenu, bien plus, malgré ce que vous répétez pratiquement dans chaque lettre, je n’ai pas perdu l’espoir, ce qu’à D.ieu ne plaise, qu’au final, non seulement vous observerez le bien de la vie, y compris de la vôtre, mais, en outre, que cette observation mettra un sentiment en éveil, dans votre cœur. Bien plus, selon l’expression de la ‘Hassidout, l’ensemble de ce monde est un amalgame de bien et de mal. Un homme doit donc faire le choix de ce qu’il lui appartient de mettre en exergue, de ce qui doit lui offrir l’occasion de méditer, de s’intéresser. En effet, deux voies s’ouvrent, dans la vie de tous : on peut observer le bien autour de soi ou bien…(1) Or, s’il en est ainsi pour chacun, combien plus est-ce le cas pour les fils et filles d’Israël, qui sont animés d’une foi intangible en l’éternité de l’âme, en le caractère immuable de la spiritualité, en la victoire du bien, une victoire absolue. En effet, ce qui n’est qu’éphémère et passager(2) ne peut que disparaître devant l’existence éternelle, dès lors que ces deux éléments n’ont rien de commun.

Un récit de nos Sages nous délivre un enseignement, en la matière. Adam, le premier homme, se trouvant encore dans le Gan Eden, avant d’en avoir été chassé, se plaignit de sa situation et, de ce fait, il fut qualifié d’ingrat. A l’opposé, les fils et filles d’Israël, étant dans les camps de concentration des allemands, que leur nom soit effacé, en la période la plus terrible, récitaient les bénédictions du matin, louaient et bénissaient le Créateur du monde, Qui le dirige. Au final, chacun se situe bien entre ces deux extrêmes.

Bien entendu, ce qui vient d’être dit n’a nullement pour but de justifier ce qui arrive à quiconque, ce qu’à D.ieu ne plaise, et surtout pas…(3). Il s’agit uniquement de décrire la réalité telle qu’elle est. Et, l’idée, en l’occurrence, est donc la suivante. La nature, le mode de vie que l’on mène, que celle-ci soit emplie de satisfaction et de contenu, ou bien qu’elle ait la définition inverse, dépendent, pour une très large part, de la volonté de l’homme, qui dirige l’observation de l’œil de son intellect et qui détermine ainsi s’il doit regarder à droite ou à gauche(4). Nous sommes en Kislev, mois de réussite pour toute la famille et puisse donc D.ieu faire que cette évolution intervienne immédiatement. Avec mes salutations et ma bénédiction,

Notes

(1) Le contraire du bien.
(2) Le mal.
(3) La situation de laquelle se plaint le destinataire de cette lettre.
(4) D’une manière large ou bien restrictive.