Lettre n° 6750

Par la grâce de D.ieu,
5 Adar Chéni 5719,
Brooklyn,

Je vous bénis et vous salue,

Je fais réponse à votre lettre du 12/3, dans laquelle vous me dites que vous avez fait la connaissance d’un jeune homme, que vous vous êtes rapprochés l’un de l’autre, pendant un certain temps, mais que vous êtes empêchée d’aller au-delà(1), car celui-ci n’est pas religieux. De ce fait, vous avez cessé de vous rencontrer. Malgré cela, à la fin de l’été, il vous a écrit. Or, de façon générale, les fiançailles et le mariage ne sont pas des actes éducatifs(2). Bien sûr, quand deux personnes se rapprochent et s’unissent, il est inévitable que l’une exerce son influence sur l’autre. Il est inconcevable que l’on ne souhaite pas faire partager par l’autre sa propre vision du monde. Toutefois, ceci ne concerne que des détails, des moyens de se coordonner, mais non un changement radical, passant d’une extrême à l’autre, de la conception du monde et de l’existence que l’on a eue jusqu’alors, dans son existence quotidienne.

Par ailleurs, en ce qui vous concerne, ce jeune homme vous dit qu’il étudiera la religion et qu’il deviendra pratiquant seulement après vous avoir épousé. En d’autres termes, il vous déclare qu’il le fera uniquement pour vous et vous pouvez en déduire la force et la détermination d’une telle pratique, puisque ceci est sa seule motivation. De plus, la religion juive exige plusieurs actions, plusieurs barrières, au quotidien. Il se dira donc, très souvent, qu’il se sacrifie pour vous en se contraignant à mettre en pratique ce qui ne lui apporte aucune satisfaction et qui le dérange. Une telle conception peut avoir des conséquences dommageables sur les relations au sein du couple.

Pendant l’été passé, vous avez cessé de le voir. On peut donc espérer qu’en méditant à ce qui vient d’être dit, vous prendrez la décision de rompre, au moins jusqu’à ce qu’il devienne religieux et se comporte comme tel pendant un certain temps. De cette façon, il s’apercevra et vous-même, vous pourrez vérifier qu’un tel mode de vie lui convient. Vous vous rendrez compte aisément que c’est là ce qu’il y a de mieux, pour votre bien et pour le sien. Que D.ieu, Qui accorde Sa Providence à chacun et à chacune, vous conduise sur la voie qui sera réellement bonne pour vous. Avec ma bénédiction,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,

Notes

(1) D’envisager le mariage.
(2) Ils n’ont pas pour but d’éduquer le conjoint.