Lettre n° 6717

Par la grâce de D.ieu,
11 Adar Richon 5719,
Brooklyn, New York,

A monsieur Its’hak Kaufman,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 16 Chevat et à celle qui la précédait. Vous m’écrivez que, d’après ce que vous avez entendu, la ville de Kfar ‘Habad est affiliée à un certain courant. Je suis surpris que vous me posiez une telle question. En effet, chacun sait, en Erets Israël comme dans le reste du monde, que Kfar ‘Habad et le mouvement ‘Habad ne sont affiliés à aucun courant et à aucun parti, ne sont soumis à aucune autre influence que celle des enseignements de notre sainte Torah, Torah de vie, sa partie révélée et la ‘Hassidout. Il est vrai, comme vous le rappelez dans votre lettre, que Kfar ‘Habad reçoit des subventions de différentes sources, mais une condition préalable a été posée qui, ces dernières années, est même présentée comme allant de soi, ce qui n’empêche pas qu’elle est toujours clairement exprimée. Ces subventions ne doivent pas avoir pour conséquence d’imposer quoi que ce soit au Kfar et celui-ci doit pouvoir se diriger selon la conception de ‘Habad, fondé il y a environ deux cents ans, c’est-à-dire bien avant le mouvement que vous citez dans votre lettre.

J’ai lu, avec plaisir, dans votre courrier, que vous considérez Kfar ‘Habad avec satisfaction et que vous vous réjouissez de son développement. Ceci me donne l’espoir que cette joie et que cette conception positive seront suivis d’un effet concret et vous conduiront à agir pour le bien du Kfar, en tous les domaines et dans toute la mesure de vos possibilités, auprès de tous ceux qui reçoivent votre influence. A quelqu’un comme vous, il est sûrement inutile de répéter ce qui est une évidence. Il n’y a, en la matière, aucune compromission(1) par rapport aux conceptions de ‘Habad Loubavitch, un système qui cumule deux aspects extrêmes, un strict rejet des valeurs du monde étrangères à l’unité avec la Torah et avec la foi, d’une part, une proximité et un amour pour chaque Juif, à titre personnel, d’autre part. De fait, un point n’exclut pas l’autre et, bien au contraire, l’amour du prochain permet de les relier.

Je reprendrai la formule de votre conclusion, “ avec la bénédiction de la Torah et de son service ”, surtout d’après la définition que donnent nos Sages de ce service, lequel correspond à la prière, “ service de D.ieu du cœur ”, à l’amour et la crainte de D.ieu, avec tout ce qui en découle. A cette occasion, je voudrais souligner à vous-même et, par votre intermédiaire, à tous ceux qui reçoivent votre influence, la grande importance, surtout à notre époque, alors que les esprits n’ont jamais été aussi confus, de fixer un temps pour l’étude de la partie profonde de la Torah, dont la conséquence directe est l’amour et la crainte de D.ieu. Comme le dit également, notre grand maître, le Rambam, dans ses lois des fondements de la Torah, au début du second chapitre : “ Quelle est la voie qui conduit à L’aimer et à Le craindre ? Pour cela, l’homme doit méditer, observer la Sagesse du Saint béni soit-Il, avoir un grand désir de connaître Son grand Nom ”. C’est précisément là le contenu et la finalité de la ‘Hassidout ‘Habad.

Bien entendu, le cadre épistolaire ne permet pas d’expliquer pleinement cette nécessité, mais, en fait, cela est inutile, car différents textes le font par ailleurs, même si, pour diverses raisons, il n’est pas possible de les exposer ici. Malgré cela, différents milieux, pour l’heure, n’ont pas encore conscience de cette nécessité, en dépit de ce que dit le Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, au chapitre 98, paragraphe 1. Car, au moins trois fois par jour(2), un homme doit méditer à la grandeur de D.ieu, béni soit-Il. Je vous adresse mes respects et ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela. Du fait de mes nombreuses activités, ma réponse a été retardée et vous voudrez bien m’en excuser.

Notes

(1) Lors de l’acceptation de ces subventions.
(2) Pendant les trois prières.