Lettre n° 6011
Par la grâce de D.ieu,
24 Tévet 5718,
Hilloula de l’Admour Hazaken,
Brooklyn, New York,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, se consacre aux
besoins communautaires, ayant des comportements
généreux, issu d’une illustre famille, le Rav C. Z.(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu, avec plaisir, votre télégramme, accusant réception des deux livres de l’Admour Hazaken. Pour différentes raisons, la présente a été retardée jusqu’à ce jour, celui de sa Hilloula. Comme je le disais dans mon précédent courrier à propos d’une construction matérielle, on peut faire un plan précis sur l’investissement nécessaire, on ne s’en appauvrit pas moins en le réalisant. Il faut alors faire appel à des forces cachées, y compris les plus profondes. Or, combien plus en est-il ainsi pour une édification morale. Nos Sages disent, en effet, que : “ Je suis une muraille : ceci fait allusion à la Torah ”, même s’il agit uniquement de la publication et de la révélation d’un bâtiment qui existait déjà au préalable.
J’ai pu vérifier tout cela en préparant la publication de ces manuscrits(2). J’ai prévu l’attention et la concentration requises par ce projet. J’en ai d’emblée établi une évaluation large. Or, dans la pratique, j’ai pu constater que l’effort intellectuel et le temps que je pensais consacrer à ce projet n’étaient nullement suffisants. Bien plus, la publication et même la correction de ces textes, après qu’ils aient été mis en page, transportent dans un autre monde, un monde plus élevé. De fait, plusieurs textes figurant dans ces deux volumes furent dits avant Pétersburg(3), de sorte que s’applique, en ce qui les concerne, le dicton du Rabbi Rachab, prononcé le 19 Kislev 5663(4) selon lequel : “ Les discours ‘hassidiques prononcés avant Pétersburg brûlaient le monde et provoquaient un choc émanant du ciel ”.
On a coutume de dire, en pareil cas, que, si l’on prévoyait d’emblée toute la fatigue, tout l’effort nécessaires pour une telle entreprise et, plus encore, l’amertume qu’elle procure, qui sait si l’on s’y engagerait ? Mais, en l’occurrence, et bien que, comme je l’ai dit, je n’avais pas prévu tout ce qu’il faudrait faire, en particulier le fait que cette activité me conduise à changer de domaine, je m’y serais néanmoins engagé, mais peut-être aurais-je alors planifié une préparation plus longue. Vous êtes l’un de ceux qui ont été à l’origine de ce projet et vous avez donc votre part dans son apport positif. Je vous remercie de m’avoir conduit à le réaliser.
Nous évoquerons maintenant le quartier(5). J’ai été satisfait d’entendre l’enregistrement de votre discours, prononcé le 19 Kislev, au cours duquel vous en avez fait état publiquement. D’après les courriers que je reçois du comité de Kfar ‘Habad, tout se déroule encore avec lenteur. Il y a sûrement plusieurs raisons à cela. Pour autant, il faut consentir l’effort nécessaire. Je suis convaincu qu’il est inutile de vous conseiller l’empressement et la diligence, en la matière. Le besoin fait qu’il doit en être ainsi.
Je fais ici mention de ce quartier essentiellement pour recenser les possibilités qui existent, en la matière. Car, à mon sens, le moment est venu non seulement pour ce quartier de Kfar ‘Habad, mais aussi pour la fondation d’un second Kfar ‘Habad, qui sera mieux programmé. De la sorte, on peut avoir bon espoir que les douleurs de l’enfantement ne seront pas aussi sévères et longues que pour le Kfar ‘Habad actuel. Je fais ici également allusion aux contingences matérielles. Ainsi, il ne sera pas aussi ardu de gagner sa vie et la subsistance ne sera pas aussi étriquée. De même, on choisira un emplacement quelque peu éloigné de la frontière.
En créant un second Kfar ‘Habad, il sera plus aisé, dans différents domaines, d’organiser l’actuel. C’est en particulier vrai pour les écoles des adolescents, par exemple pour le séminaire de jeunes filles, l’école de formation des maîtres ou la Yechiva. Il est bon que ces deux institutions se trouvent à Kfar ‘Habad, mais, bien entendu, pas dans le même(6). C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne me hâte pas, à l’heure actuelle, de transférer la Yechiva Tom’heï Temimim(7) à Kfar ‘Habad.
Bien entendu, il n’y a là qu’une idée générale, car je n’ai pas une bonne connaissance des endroits dans lesquels on serait susceptible de fonder ce second Kfar ‘Habad. J’attends donc votre réaction à cette idée. Vous m’indiquerez également les endroits qui conviennent. Je ne connais pas non plus les méthodes et les techniques de construction en Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Néanmoins, l’édification d’un nouveau Kfar pourra peut-être résoudre, au moins pour une large part, les problèmes de la Chemitta, pour ceux qui résident actuellement à Kfar ‘Habad(8).
Je me suis permis de vous écrire à propos d’un programme relativement large et j’y ajouterai encore un point. J’espère que ce quartier et la fondation d’un second Kfar n’ôteront rien au projet d’un quartier ‘Habad dans la ville sainte de Jérusalem(9) puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Après une réunion ‘hassidique au cours de laquelle il a été question de ce quartier et du second Kfar, j’ai mentionné ce que j’ai entendu, à maintes reprises, de mon beau-père, le Rabbi, c’est-à-dire le dicton(10) suivant de son grand-père, le Rabbi Maharach : “ On considère, en général, que, si l’on ne peut passer sous l’obstacle, on passe au dessus de lui. Je pense, pour ma part, qu’il faut aller d’emblée par le dessus ”. Dans différents domaines, mon beau-père, le Rabbi, a adopté ce principe comme règle de conduite. Il avait un comportement large et il connut ainsi le succès, une réussite considérable.
Avec mes respects, ma bénédiction et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,
Notes
(1) Chnéor Zalman Chazar. Voir, à son sujet, la lettre n°5893.
(2) Ayant permis la publication de ces deux livres. Voir, à ce sujet, la lettre n°5970.
(3) Avant l’emprisonnement de l’Admour Hazaken qui se solda par la libération du 19 Kislev.
(4) 1903.
(5) De Kfar ‘Habad, aménagé avec le concours de C. Z. Chazar.
(6) Afin de séparer les jeunes gens des jeunes filles.
(7) Se trouvant à Lod.
(8) En leur fournissant des moyens de subsistance non agricoles.
(9) Voir, à ce sujet, la lettre n°5629.
(10) Voir, à ce sujet, les lettres n°2328, 3485 et 6026.
24 Tévet 5718,
Hilloula de l’Admour Hazaken,
Brooklyn, New York,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, se consacre aux
besoins communautaires, ayant des comportements
généreux, issu d’une illustre famille, le Rav C. Z.(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu, avec plaisir, votre télégramme, accusant réception des deux livres de l’Admour Hazaken. Pour différentes raisons, la présente a été retardée jusqu’à ce jour, celui de sa Hilloula. Comme je le disais dans mon précédent courrier à propos d’une construction matérielle, on peut faire un plan précis sur l’investissement nécessaire, on ne s’en appauvrit pas moins en le réalisant. Il faut alors faire appel à des forces cachées, y compris les plus profondes. Or, combien plus en est-il ainsi pour une édification morale. Nos Sages disent, en effet, que : “ Je suis une muraille : ceci fait allusion à la Torah ”, même s’il agit uniquement de la publication et de la révélation d’un bâtiment qui existait déjà au préalable.
J’ai pu vérifier tout cela en préparant la publication de ces manuscrits(2). J’ai prévu l’attention et la concentration requises par ce projet. J’en ai d’emblée établi une évaluation large. Or, dans la pratique, j’ai pu constater que l’effort intellectuel et le temps que je pensais consacrer à ce projet n’étaient nullement suffisants. Bien plus, la publication et même la correction de ces textes, après qu’ils aient été mis en page, transportent dans un autre monde, un monde plus élevé. De fait, plusieurs textes figurant dans ces deux volumes furent dits avant Pétersburg(3), de sorte que s’applique, en ce qui les concerne, le dicton du Rabbi Rachab, prononcé le 19 Kislev 5663(4) selon lequel : “ Les discours ‘hassidiques prononcés avant Pétersburg brûlaient le monde et provoquaient un choc émanant du ciel ”.
On a coutume de dire, en pareil cas, que, si l’on prévoyait d’emblée toute la fatigue, tout l’effort nécessaires pour une telle entreprise et, plus encore, l’amertume qu’elle procure, qui sait si l’on s’y engagerait ? Mais, en l’occurrence, et bien que, comme je l’ai dit, je n’avais pas prévu tout ce qu’il faudrait faire, en particulier le fait que cette activité me conduise à changer de domaine, je m’y serais néanmoins engagé, mais peut-être aurais-je alors planifié une préparation plus longue. Vous êtes l’un de ceux qui ont été à l’origine de ce projet et vous avez donc votre part dans son apport positif. Je vous remercie de m’avoir conduit à le réaliser.
Nous évoquerons maintenant le quartier(5). J’ai été satisfait d’entendre l’enregistrement de votre discours, prononcé le 19 Kislev, au cours duquel vous en avez fait état publiquement. D’après les courriers que je reçois du comité de Kfar ‘Habad, tout se déroule encore avec lenteur. Il y a sûrement plusieurs raisons à cela. Pour autant, il faut consentir l’effort nécessaire. Je suis convaincu qu’il est inutile de vous conseiller l’empressement et la diligence, en la matière. Le besoin fait qu’il doit en être ainsi.
Je fais ici mention de ce quartier essentiellement pour recenser les possibilités qui existent, en la matière. Car, à mon sens, le moment est venu non seulement pour ce quartier de Kfar ‘Habad, mais aussi pour la fondation d’un second Kfar ‘Habad, qui sera mieux programmé. De la sorte, on peut avoir bon espoir que les douleurs de l’enfantement ne seront pas aussi sévères et longues que pour le Kfar ‘Habad actuel. Je fais ici également allusion aux contingences matérielles. Ainsi, il ne sera pas aussi ardu de gagner sa vie et la subsistance ne sera pas aussi étriquée. De même, on choisira un emplacement quelque peu éloigné de la frontière.
En créant un second Kfar ‘Habad, il sera plus aisé, dans différents domaines, d’organiser l’actuel. C’est en particulier vrai pour les écoles des adolescents, par exemple pour le séminaire de jeunes filles, l’école de formation des maîtres ou la Yechiva. Il est bon que ces deux institutions se trouvent à Kfar ‘Habad, mais, bien entendu, pas dans le même(6). C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne me hâte pas, à l’heure actuelle, de transférer la Yechiva Tom’heï Temimim(7) à Kfar ‘Habad.
Bien entendu, il n’y a là qu’une idée générale, car je n’ai pas une bonne connaissance des endroits dans lesquels on serait susceptible de fonder ce second Kfar ‘Habad. J’attends donc votre réaction à cette idée. Vous m’indiquerez également les endroits qui conviennent. Je ne connais pas non plus les méthodes et les techniques de construction en Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Néanmoins, l’édification d’un nouveau Kfar pourra peut-être résoudre, au moins pour une large part, les problèmes de la Chemitta, pour ceux qui résident actuellement à Kfar ‘Habad(8).
Je me suis permis de vous écrire à propos d’un programme relativement large et j’y ajouterai encore un point. J’espère que ce quartier et la fondation d’un second Kfar n’ôteront rien au projet d’un quartier ‘Habad dans la ville sainte de Jérusalem(9) puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Après une réunion ‘hassidique au cours de laquelle il a été question de ce quartier et du second Kfar, j’ai mentionné ce que j’ai entendu, à maintes reprises, de mon beau-père, le Rabbi, c’est-à-dire le dicton(10) suivant de son grand-père, le Rabbi Maharach : “ On considère, en général, que, si l’on ne peut passer sous l’obstacle, on passe au dessus de lui. Je pense, pour ma part, qu’il faut aller d’emblée par le dessus ”. Dans différents domaines, mon beau-père, le Rabbi, a adopté ce principe comme règle de conduite. Il avait un comportement large et il connut ainsi le succès, une réussite considérable.
Avec mes respects, ma bénédiction et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,
Notes
(1) Chnéor Zalman Chazar. Voir, à son sujet, la lettre n°5893.
(2) Ayant permis la publication de ces deux livres. Voir, à ce sujet, la lettre n°5970.
(3) Avant l’emprisonnement de l’Admour Hazaken qui se solda par la libération du 19 Kislev.
(4) 1903.
(5) De Kfar ‘Habad, aménagé avec le concours de C. Z. Chazar.
(6) Afin de séparer les jeunes gens des jeunes filles.
(7) Se trouvant à Lod.
(8) En leur fournissant des moyens de subsistance non agricoles.
(9) Voir, à ce sujet, la lettre n°5629.
(10) Voir, à ce sujet, les lettres n°2328, 3485 et 6026.