Lettre n° 5907

Par la grâce de D.ieu,
8 Kislev 5718,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et assume une mission
sacrée, le Rav David Avraham(1),

Je vous salue et vous bénis,

Après une interruption particulièrement longue, j’ai reçu votre lettre du 27 ‘Hechvan et j’y ai pris connaissance avec plaisir de la brève description de vos activités, pendant ce mois de Tichri.

Comme vous me l’écrivez, vous rencontrez, de temps à autre, monsieur Zeroubavel. Vous savez sans doute que, dans un certain milieu, celui-ci exerce une influence assez large. Il faudrait donc profiter de chaque rencontre pour le motiver. Ses actions qui ne sont pas souhaitables émanent essentiellement des habitudes qu’il a prises et non de sa réflexion actuelle ou d’une position délibérée de sa part. Si vous lui soulignez, régulièrement, le grand tort, la destruction qui en résultent, alors qu’il aurait pu se servir de ses capacités pour multiplier le bien dans le monde, en général et pour les enfants d’Israël, en particulier, vos propos, au final, auront un effet, car la vérité doit l’emporter, mais si, parfois, cela prend du temps.

Bien évidemment, dans une situation comme celle-ci, l’obstacle le plus important auquel il est confronté est celui auquel fait allusion le début des quatre parties du Choul’han Arou’h : “ On ne s’affectera pas des moqueurs ”. En effet, on comprend le retentissement que ceci(2) aurait, dans tous ces milieux. S’il réfléchit à la conception qui a été la sienne jusqu’à ce jour et s’il prend la décision d’aller en sens inverse, la nouvelle en sera diffusée sans fard. Pour autant, d’après ce que l’on dit, il n’a pas réellement tenu compte de l’avis majoritaire dans les actions qu’il a menées jusqu’à maintenant. Or, s’il en ainsi dans la souffrance, combien plus doit-il se servir de son courage dans le domaine positif, en proclamant : “ Je me suis trompé, en tout ce que j’ai dit devant vous jusqu’à maintenant ”. Car si, pour le malheur, nos Sages disent : “ Ne crois pas en toi-même ”, combien plus doit-il en être ainsi pour une évolution positive.

Puisse D.ieu faire que vous-même n’éprouviez pas de honte. Vous lui direz tout cela avec sincérité et l’assurance nous a été donnée que les paroles émanant du cœur pénètrent dans le cœur. Bien entendu, vous pouvez mentionner, dans la discussion, que vous intervenez en fonction de ce que je vous ai écrit, si vous pensez que ceci peut avoir, en la matière, un apport positif.

Vous pouvez également ajouter qu’il a sûrement des doutes, depuis un certain temps déjà, mais qu’il s’efforce de les faire taire et, dès qu’ils surgissent en son esprit, de les repousser, conformément à la nature humaine qui veut que l’on éprouve de l’appréhension, chaque fois qu’il faut se demander si l’on a choisi un mode de vie adapté. Un courage particulier est nécessaire pour cela. Mais, précisément parce que cet homme exerce une influence sur de nombreuses personnes, une amélioration de son comportement sera multipliée d’autant, auprès de ceux qui le suivent. Il ne reculera donc pas et n’aura pas peur d’établir un bilan encore et encore. Nos Sages soulignent que celui qui se cause du tort à lui-même n’est passible d’aucune peine uniquement devant le tribunal des hommes. Il n’en est pas de même pour celui qui cause du tort aux autres. Et, pour lui démontrer que le moment est venu de faire la critique des conceptions qu’il a adoptées au préalable, vous lui rappellerez le rêve qu’il a fait, peu après vous avoir parlé.

Vous me parlez de votre résidence à Kfar ‘Habad et des inconvénients qui en résultent. Vous comprendrez la contradiction qu’il y a dans le fait que vous parliez, dans la même lettre, de la visite de votre proche et de ce qui en a résulté. Conformément au dicton bien connu, maintes fois cité par mon beau-père, le Rabbi, une âme descend, ici-bas, pour soixante dix ou quatre vingt ans, uniquement afin de rendre, une fois, un service, spirituel ou matériel, à un Juif. Combien plus en est-il ainsi pour votre maison à Kfar ‘Habad, là où D.ieu a ordonné la bénédiction. Celle-ci possède, en tout état de cause, une immense élévation. Bien plus, une Mitsva en attire une autre et de tels événements peuvent encore se produire.

Vous parlez d’un nouveau quartier. Il faut établir la nature des candidats(3). S’il n’y a rien à redire, vous figurerez vous-même parmi ces candidats.

Notes

(1) Le Rav D. A. Lesselbaum, de Kfar ‘Habad. Voir, à son sujet, les lettres n°3392 et 6090.
(2) La modification de son comportement pour mettre en pratique les Mitsvot.
(3) Pour s’y établir.