Lettre n° 5486

Par la grâce de D.ieu,
27 Iyar 5717,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de ce jeudi, que vous concluez en me posant douze questions. Et, vous précisez que vous en avez d’autres, mais que cela n’aurait pas de fin. Tout d’abord, il est impossible de répondre à douze questions comme celles-là dans le cadre d’une lettre. De plus, quand vous aurez ces douze réponses, le mauvais penchant vous en proposera d’autres, sûrement en un nombre encore plus important.

Avant tout, un garçon de ton âge ne doit pas rechercher les questions et se dire que, n’ayant, pour l’heure, pas obtenu de réponse, il ne peut étudier avec ardeur et constance. De façon générale, un élève de Yechiva doit étudier la Torah, vouloir comprendre ce qui y est écrit, mais en aucune façon s’employer à rechercher les questions que les autres n’ont pas encore trouvées et à se demander qui pourra y répondre.

Ceci peut être comparé à la situation de quelqu’un qui entreprend des études médicales, puis qui, au lendemain de ce début, fait savoir à ses professeurs qu’ils doivent absolument lui expliquer pourquoi l’on prescrit, pour traiter telle affection, des comprimés amers plutôt que ceux qui sont doux, pourquoi une intervention chirurgicale est-elle nécessaire, en pareil cas et pourquoi l’on ne peut s’en passer. Certes, tu précises, dans ta lettre, que tu te trouves à la Yechiva depuis deux ans déjà. Néanmoins, compte tenu de la profondeur de notre sainte Torah, un tel stade est peut-être même inférieur à celui de l’étudiant en médecine, au premier jour de sa formation, par rapport au médecin en fin d’étude.

Bien entendu, je ne veux pas dire qu’il ne faille pas comprendre ce que dit la Torah. Bien au contraire, il est une Mitsva de l’étudier et, précisément, de la comprendre. Mais, il est nécessaire, au préalable, d’affirmer : “ Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”, c’est-à-dire de marquer sa soumission. Ainsi, on n’est pas empêché, par le mauvais penchant, d’étudier avec ardeur et constance. Même si l’on se pose une question, cette ardeur n’est pas remise en cause.

Bien plus, relis tes douze questions. Comme tu le dis toi-même au début de ta lettre, il est certain que les Grands d’Israël les ont déjà posées et nous savons qu’eux-mêmes ont étudié la Torah avec ardeur et constance, qu’ils ont mis en pratique les Mitsvot de la meilleure façon qui soit. Il en résulte que :
A) il existe effectivement une réponse satisfaisante à ces questions,
B) s’il est un point qu’il n’est pas du tout possible d’expliquer logiquement, cela n’a aucune incidence sur le comportement qu’un Juif doit adopter, d’après la Torah.

De fait, pourquoi s’étonner qu’un homme ne comprenne pas la Sagesse de D.ieu ? C’est, bien au contraire, la situation inverse qui serait surprenante, c’est-à-dire le fait qu’un homme limité saisisse, par son intellect limité, la Sagesse et la Volonté du Saint béni soit-Il, la Torah.

Puisse D.ieu faire que tu abandonnes cette recherche systématique de questions, qui ne sont en aucune façon ton propos. Consacre-toi à mettre en pratique les termes de la Michna selon laquelle : “ J’ai été créé pour servir mon Créateur ”. Bien plus, nous nous approchons du temps du don de notre Torah qui, comme on l’a dit, fut obtenue quand on proclama : “ Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”. Et, nos Sages soulignent qu’il devait en être ainsi. De la sorte, “ l’intégrité de ceux qui sont droits les dirigent ”, alors que, dans le sens inverse… Vous consulterez le traité Chabbat 88a.

Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,