Lettre n° 5433

Par la grâce de D.ieu,
7 Iyar 5717,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Alter Meïr,

Je vous salue et vous bénis,

Vous me dites, à la fin de votre lettre, que vous n’avez pas trouvé une source vous permettant d’établir la pureté des aliments, en Egypte(1). De ce fait, vous avez cité la formule usuelle(2).

Je suis surpris par ce que vous dites car, quand on cite une phrase qui n’est pas du tout courante, il est bien évident que celle-ci a une référence, car il y a tout lieu de penser qu’elle va susciter l’étonnement et l’interrogation.

Pourquoi ai-je insisté sur ce point ? Je dois préciser, au préalable, que ceux qui recherchent les formulations peu fréquentes se contentent, en général, d’indiquer l’ouvrage dans lequel on peut les trouver. Mais, à mon sens, ceci est l’aspect le plus accessoire, par rapport à l’essentiel, qu’il convient de préciser. En effet, on cite vraisemblablement cette version peu fréquente pour une bonne raison, parce que l’on renforce et l’on illustre ainsi ce que l’on explique, beaucoup plus que par la formule courante. Or, bien souvent, il est plus difficile de préciser cette illustration que d’en citer la référence. Par ailleurs, ce que l’on expose est également clarifié en montrant la précision de l’auteur de cette phrase ou du livre. Il n’en est pas de même pour l’indication de la référence. Il ne s’agit pas ici de sots et il est clair que, si l’on mentionne une affirmation de nos Sages, c’est qu’on l’a vue dans un livre.

Ceci s’applique également quand on remplace la formule peu courante par la formule courante. Certes, il peut arriver que la première ait été reproduite par erreur, mais, de manière générale, ce n’est pas le cas et, si l’auteur a cité la formule peu courante, le reprendre n’est pas une correction, mais bien le contraire de cela.

C’est effectivement le cas, en l’occurrence. J’ai voulu citer le texte qui fait référence à la nourriture, précisément parce qu’un combat est mené, dernièrement, dans ce domaine, que celui-ci a pris des formes douloureuses et même honteuses, en particulier en Terre Sainte et point n’est besoin d’en dire plus, tant cela est pénible. C’est une évidence.

J’ai longuement exposé tout cela, bien qu’il soit inutile de se plaindre du passé, car, à mon sens, si vous trouvez un moyen de réparer ce qui a été fait, il serait bon de vous y employer et peut-être même est-il judicieux qu’il en soit ainsi, car la correction soulignera encore plus clairement l’idée qu’il s’agissait de souligner.

Concernant la question proprement dite qui était posée, la référence de la formule peu fréquente est, en l’occurrence, la même que celle de la formule fréquente, “ leurs vêtements et leur langue ”. Elle est indiquée plus bas.

Puisse D.ieu faire que s’accomplisse prochainement la promesse selon laquelle “ c’est un peuple qui réside seul ”. Et, l’Admour Hazaken explique, au début du chapitre 37 du Tanya, que la perfection qui se révèlera, quand le Machia’h viendra, dépend de nos actions et de nos réalisations, pendant le temps de l’exil. On peut en déduire qu’à chaque aspect de cette perfection correspond un acte spécifique du service de D.ieu. Il en est de même pour cette “ solitude ” du monde futur. On s’y prépare et l’on forge un réceptacle pour l’obtenir en étant “ seul ”, pendant la période de l’exil, par le fait que les Juifs se distinguent, en tout ce qui les concerne.

Puissions-nous, au sein de tout Israël, nous servir du compte de l’Omer pour révéler la soif de voir tout ceci se réaliser, d’obtenir la réalisation de cette promesse. Cette soif intensifiera l’ardeur, la vitalité et la lumière, permettant de mettre en pratique tout ce qui hâte et rapproche la situation que l’on souhaite, notre délivrance véritable et complète.

Avec mes respects et ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,

Dans les notes du Rav C. Buber, sur la Pessikta de Rav Kahana, au chapitre 10, est citée la formule usuelle, “ ils n’ont pas changé leurs vêtements ”, que l’on ne retrouve dans aucun livre. Vous consulterez également le Otsar Divreï ‘Ha’hamim, du Rav Heyman, au paragraphe “ Par le mérite ”. Néanmoins, l’éditeur de la Pessikta, précise, dans une note, que le Léka’h Tov, à la Parchat Tavo 26, 5, dit : “ Ils se distinguaient, car leurs vêtements, leurs aliments et leur langue étaient différents de ceux des Egyptiens ”.

Vous verrez le Yalkout Chimeoni, sur ce verset, “ Un peuple qui réside seul ”. Vous consulterez aussi les additifs du Torah Cheléma, à la Parchat Chemot, page 239.

Notes

(1) Dans la lettre n°5357, le Rabbi disait : “ Les enfants d’Israël se distinguaient, là-bas, par leurs vêtements, leur nourriture et leur langue ”. Le Rav A. Meïr disait qu’il n’avait pu trouvé, dans les propos de nos Sages, une référence parlant de “ leur nourriture ”.
(2) En reproduisant cette lettre dans les journaux. La formule usuelle parle de “ leurs vêtements et leur langue ”.