Lettre n° 5363

Par la grâce de D.ieu,
13 Nissan 5717,
Brooklyn,

Au jeune Chalom Leïb(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 29 Adar Chéni et à celles qui la précédaient :

A) Vous me dites qu’il est difficile de vous procurer des Tefillin(2). En outre, je me demande pourquoi vous ne mentionnez pas les frais de vérification de ces Tefillin, au moins quand vous ne savez pas d’où elles proviennent, où elles se trouvaient avant de vous parvenir. En tout état de cause, vous pouvez informer les jeunes de l’association ‘Habad que, sans en faire le vœu, pour chaque paire de Tefillin que vous parviendrez à vous procurer, je demanderai aux ‘Hassidim de vous en fournir une seconde, ce qui veut dire que l’effort et l’argent nécessaires pour obtenir une paire de Tefillin vous en apporteront deux. De temps à autre, vous me ferez connaître le résultat de tout cela et je demanderai que l’on vous transmette ce que l’on vous doit, de la caisse unifiée.

A ce propos, on a l’habitude, ici, de prendre les Tefillin qui se trouvent dans les synagogues, car personne ne les utilise. Pour la plupart, elles appartiennent à des défunts et les héritiers les déposent dans les synagogues. On peut donc les utiliser, bien entendu après les avoir fait vérifier.

B) Vous me demandez ce qu’il faut répondre aux personnes qui vous disent que l’on peut allumer du feu pendant le Chabbat et que l’interdiction s’appliquait uniquement quand il fallait frotter deux pierres ensemble, comme le faisaient les tribus sauvages, alors que la manière d’allumer la lumière, de nos jours n’impose aucune fatigue.

Bien entendu, l’explication essentielle est celle que vous donnez dans votre lettre. Il faut accomplir une Injonction du Créateur, même si on ne la comprend pas, d’autant que la logique élémentaire permet d’établir que l’intellect créé ne peut saisir la sagesse du Créateur, car ils n’ont aucune commune mesure. En effet, il est une évidence pour chacun que le petit enfant qui entreprend l’étude de l’alphabet n’est pas en mesure de comprendre un passage profond du Talmud et les commentaires qu’en donnent les premiers Sages. Pour autant, tous sont effectivement des hommes, possédant une âme intellectuelle. Bien plus, nous savons que cet enfant, quand il grandira, s’il investit son effort dans l’étude, parviendra à comprendre ce passage, ainsi qu’il est dit : “ Si tu fais des efforts, ils seront couronnés de succès ”. Cela veut bien dire que, de manière potentielle, l’enfant possède déjà cette compréhension, mais il ne peut pas encore la révéler. Combien plus en est-il ainsi dans la relation entre le Créateur et la créature.

Les raisons énoncées par la Torah n’expliquent qu’une petite partie des Mitsvot et de leur origine. C’est la raison pour laquelle chaque idée de la Torah peut recevoir plusieurs interprétations, être envisagée de différentes manières.

Pour autant, une telle question ne se pose pas du tout, ni par la pratique concrète, ni par la logique :

C) Par la pratique concrète : A l’époque du don de la Torah, c’est-à-dire quand les enfants d’Israël quittèrent l’Egypte, ce pays, d’après tous les livres d’histoire, possédait une culture et une technologie développées. Bien plus, on y possédait certaines méthodes de transport en charge, de construction, de mélange des couleurs, qu’il n’a pas encore été possible de retrouver, à ce jour.

Pour allumer du feu, en Egypte, on ne frottait pas deux pierres. On possédait plusieurs techniques plus aisées. De façon générale, un feu était allumé à partir d’un autre feu, comme le rapportent les livres d’histoire de la région, à cette époque. C’était, en particulier le cas, dans les maisons des sorciers de l’Egypte, dans lesquelles certains enseignements étaient alors dispensés. Différents actes qui y étaient effectués, en particulier l’allumage du feu nécessaire pour le culte idolâtre, étaient très évolués et n’imposaient qu’un effort réduit.

D) Par la logique : Au sens simple des versets, on respecte le Chabbat parce qu’en six jours, D.ieu a fait le ciel et la terre, puis Il s’est reposé le septième. Quiconque est doué de discernement comprend que D.ieu ne s’est pas “ fatigué ”, pour créer le monde. En fait, le septième jour, Il s’est “ reposé ” de la manière de créer pendant les six premiers, bien que celle-ci ne Lui ait imposé aucun effort. Il demanda donc aux enfants d’Israël d’en faire de même.

E) De façon générale, de telles questions font la preuve que celui qui les pose accepte l’idée que la Torah a été donnée par le Créateur. Néanmoins, un tel homme considère que les enseignements et les Injonctions de D.ieu s’appliquent uniquement sous certaines conditions, en fonction des époques. Or, une telle conception n’est pas défendable. En effet, la Torah a été donnée par le Créateur pour le bien de l’homme, ainsi qu’il est dit : “ Elles sont notre vie et la longueur de nos jours ”, ce qui est effectivement le bien de l’homme.

De fait, il ne pourrait en être autrement, car celui qui a foi en le Créateur admet également qu’Il est bon et droit. Il est donc nécessaire de mettre en pratique Ses Injonctions. En conséquence, il est inconcevable que la Torah cherche à abuser l’homme, ce qu’à D.ieu ne plaise, qu’elle laisse la place à un doute aussi fondamental et qu’elle émette un Commandement uniquement pour une certaine période, n’imposant plus sa pratique par la suite, bien que Celui Qui donne la Torah ait écrit le contraire, puisque, selon différents versets, les Préceptes de la Torah s’appliquent “ comme les jours des cieux sur la terre ”, y compris pendant la période de l’exil, jusqu’à la venue de notre libérateur, le Machia’h. Or, tout cela est mentionné plusieurs fois, dans la Torah, alors qu’aucun texte ne fait allusion à un changement de ses Préceptes, ce qu’à D.ieu ne plaise. Nous n’avons aucune explication sur ces modifications et sur leurs modalités.

Comme vous me le demandez, je mentionnerai votre nom, afin que vous obteniez la satisfaction de vos besoins et pour tout ce que vous écrivez, près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Puisse D.ieu faire que vous profitiez de cette période, entre deux cycles scolaires, pour diffuser les sources(3), de la manière qui convient, dans votre entourage, de sorte que ceux qui les reçoivent s’en humectent au point d’humecter les autres, dans le milieu où ils évolueront par la suite.

Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,

M. Schneerson,

Notes

(1) Le Rav C. L. Lerman, de Tel Aviv. Voir, à son sujet, la lettre n°5039.
(2) Pour les soldats de Tsahal souhaitant commencer à les mettre. Voir, à ce sujet, la lettre n°3890.
(3) De la ‘Hassidout.