Lettre n° 5134
[18 Chevat 5717]
J’ai reçu, avec retard, votre lettre, à laquelle étaient jointes les épreuves de votre article relatif au monde, quand il était encore recouvert d’eau et au secret de la Chemitta et du Jubilé.
J’y réponds brièvement, selon ce que mon temps me permet, d’autant que l’explication, en la matière, qui convient devrait être très longue, même si vous abordez, dans cet article, plusieurs points essentiels :
A) Concernant la création du monde et ce que disent nos Sages, à ce sujet, par exemple ce que vous citez sur la période pendant laquelle le monde était recouvert d’eau, il faut essentiellement faire référence aux ouvrages de la Kabbala.
Certains commettent l’erreur de penser qu’ils peuvent interpréter ces faits comme bon leur semble, dès lors qu’ils n’ont aucune incidence sur la Hala’ha, telle qu’elle est tranchée dans le Choul’han Arou’h.
Cela est vrai quand on commente un verset, une explication ou une analyse de nos Sages. Si ce commentaire est fondé sur la crainte de D.ieu, il est clair qu’il ne heurte pas notre foi. Il peut alors être formulé, sans qu’on le conteste.
Il n’en est pas de même quand on décrit un événement qui s’est effectivement déroulé, même s’il appartient au passé et n’a pas d’incidence sur la Hala’ha. En effet, il a bien fallu qu’il se passe d’une certaine façon et d’aucune autre.
S’il y a un doute ou une controverse, nous possédons également des règles, permettant de lever le doute et établissant la Hala’ha. Les livres traitant de cette partie de la Torah précisent tout cela. L’idée générale et centrale est la suivante. Pour tout ce qui concerne la Kabbala, l’avis du Ari Zal est retenu plutôt que celui de ses prédécesseurs. Les débutants dans l’étude de la Kabbala le savent également.
Rabbi ‘Haïm Vital explique tout cela longuement dans son introduction à la Porte des introductions. Et, de fait, ce principe a été adopté par tous les Juifs, Séfarades et Ashkénazes, ‘Hassidim ou non.
B) La Torah fut l’instrument d’architecte du Saint béni soit-Il, lors de la création, puisque selon l’expression de nos Sages, au début du Midrash Béréchit Rabba, “ Il consultait la Torah et créait les mondes ” ou d’après le Zohar, tome 2, page 161a, “ Il observa la Torah et créa le monde ”. Ceci inclut tout l’enchaînement des mondes, depuis le plus élevé, jusqu’au nôtre, le plus matériel et grossier.
Les récits de la Torah, à ce sujet, ne font donc pas uniquement référence à notre monde. Ils traitent aussi des autres mondes, plus élevés. Ceci est vrai aussi bien pour la Loi Ecrite que pour la Loi Orale.
Ainsi, la Torah commence par : “ Au commencement, D.ieu créa le ciel et la terre ” et l’on rapporte, à ce sujet, ce que sont les Sefirot dans le monde le plus élevé, celui d’Atsilout, comme l’explique le Zohar, tome 1, pages 30b et 31b. Bien entendu, la création du ciel et de la terre matériels, dans ce monde, est exposée également, sans qu’il n’y ait de contradictions, de controverses. Chacun développe une idée et tous se complètent.
Pour autant, plusieurs écrits et commentaires de la Torah envisagent uniquement l’aspect spirituel des mondes. C’est le cas, par exemple, de l’anthropomorphisme, “ la main de D.ieu ”, “ l’œil de D.ieu. D’autres écrits et d’autres commentaires, en revanche, font référence uniquement à ce qui est matériel ou, tout au moins, aux mondes inférieurs. C’est le cas, par exemple, de la faute, de l’interdit. Car, c’est uniquement sur terre qu’existe le mauvais penchant, comme le dit le traité Chabbat 89a et la Hala’ha, énoncée au traité Sanhédrin 59b, retient que “ rien d’impur ne tombe du ciel ”.
Bien entendu, ces éléments ont aussi une source, dans les mondes plus élevés qu’eux. Rien n’existe ici-bas qui n’ait une origine, là-haut. Le Pardès, de Rabbi Moché Cordovero, précise cette idée, à la porte 25, chapitre 1, de même que le Torah Or, de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya, Parchat Béréchit, au discours intitulé “ Pour comprendre le sens des bénédictions ” et les notes du Tséma’h Tsédek, à la même référence. Ce point ne sera pas développé ici.
C) Concernant les cycles de Chemitta, les sept millénaires et les Jubilés dont il est question dans différents textes de Kabbala, il est vrai qu’il y avait auparavant des avis divergents, en la matière. Certains disent que notre monde est la seconde Chemitta, ce qui veut dire qu’il y a eu, auparavant, un premier monde, qui a existé pendant sept millénaires et qu’après ce monde, il y aura encore cinq Chemitta de sept millénaires chacune. C’est l’avis, en particulier, du Séfer Ha Temouna et de la troisième introduction à la Temouna.
Selon d’autres avis, en revanche, notre monde est la cinquième Chemitta. C’est ce que dit Rabbi Moché Cordovero dans son Chiyour Coma. Mais, le Ari Zal est venu ensuite et il a tranché, en la matière. Il explique que nous appelons seconde Chemitta les sept millénaires que nous vivons actuellement par référence aux Sefirot spirituelles qui l’ont précédé. En revanche, il n’y a pas eu de monde matériel, un ciel et une terre matériels, avant les nôtres.
Différents textes commentent ces affirmations, en particulier le Likouteï Torah du Ari Zal, à la Parchat Kedochim et la porte des discours de Rabbi Chimeon Ben Yo’haï, à la page 37a. Ces propos sont cités et commentés par l’Admour Hazaken, dans le Torah Or, Parchat Chemot, au discours intitulé : “ Et, Il dit : Qui a donné une bouche ? ”, de même que par son fils, l’Admour Haémtsahi, dans le Torat ‘Haïm, au discours “ Je ne suis pas un homme de paroles ”.
Comme je le disais, cette position est définitive. Elle est acceptée par tous les Sages de la Kabbala, au même titre que les autres notions de cette partie de la Torah.
J’ai reçu, avec retard, votre lettre, à laquelle étaient jointes les épreuves de votre article relatif au monde, quand il était encore recouvert d’eau et au secret de la Chemitta et du Jubilé.
J’y réponds brièvement, selon ce que mon temps me permet, d’autant que l’explication, en la matière, qui convient devrait être très longue, même si vous abordez, dans cet article, plusieurs points essentiels :
A) Concernant la création du monde et ce que disent nos Sages, à ce sujet, par exemple ce que vous citez sur la période pendant laquelle le monde était recouvert d’eau, il faut essentiellement faire référence aux ouvrages de la Kabbala.
Certains commettent l’erreur de penser qu’ils peuvent interpréter ces faits comme bon leur semble, dès lors qu’ils n’ont aucune incidence sur la Hala’ha, telle qu’elle est tranchée dans le Choul’han Arou’h.
Cela est vrai quand on commente un verset, une explication ou une analyse de nos Sages. Si ce commentaire est fondé sur la crainte de D.ieu, il est clair qu’il ne heurte pas notre foi. Il peut alors être formulé, sans qu’on le conteste.
Il n’en est pas de même quand on décrit un événement qui s’est effectivement déroulé, même s’il appartient au passé et n’a pas d’incidence sur la Hala’ha. En effet, il a bien fallu qu’il se passe d’une certaine façon et d’aucune autre.
S’il y a un doute ou une controverse, nous possédons également des règles, permettant de lever le doute et établissant la Hala’ha. Les livres traitant de cette partie de la Torah précisent tout cela. L’idée générale et centrale est la suivante. Pour tout ce qui concerne la Kabbala, l’avis du Ari Zal est retenu plutôt que celui de ses prédécesseurs. Les débutants dans l’étude de la Kabbala le savent également.
Rabbi ‘Haïm Vital explique tout cela longuement dans son introduction à la Porte des introductions. Et, de fait, ce principe a été adopté par tous les Juifs, Séfarades et Ashkénazes, ‘Hassidim ou non.
B) La Torah fut l’instrument d’architecte du Saint béni soit-Il, lors de la création, puisque selon l’expression de nos Sages, au début du Midrash Béréchit Rabba, “ Il consultait la Torah et créait les mondes ” ou d’après le Zohar, tome 2, page 161a, “ Il observa la Torah et créa le monde ”. Ceci inclut tout l’enchaînement des mondes, depuis le plus élevé, jusqu’au nôtre, le plus matériel et grossier.
Les récits de la Torah, à ce sujet, ne font donc pas uniquement référence à notre monde. Ils traitent aussi des autres mondes, plus élevés. Ceci est vrai aussi bien pour la Loi Ecrite que pour la Loi Orale.
Ainsi, la Torah commence par : “ Au commencement, D.ieu créa le ciel et la terre ” et l’on rapporte, à ce sujet, ce que sont les Sefirot dans le monde le plus élevé, celui d’Atsilout, comme l’explique le Zohar, tome 1, pages 30b et 31b. Bien entendu, la création du ciel et de la terre matériels, dans ce monde, est exposée également, sans qu’il n’y ait de contradictions, de controverses. Chacun développe une idée et tous se complètent.
Pour autant, plusieurs écrits et commentaires de la Torah envisagent uniquement l’aspect spirituel des mondes. C’est le cas, par exemple, de l’anthropomorphisme, “ la main de D.ieu ”, “ l’œil de D.ieu. D’autres écrits et d’autres commentaires, en revanche, font référence uniquement à ce qui est matériel ou, tout au moins, aux mondes inférieurs. C’est le cas, par exemple, de la faute, de l’interdit. Car, c’est uniquement sur terre qu’existe le mauvais penchant, comme le dit le traité Chabbat 89a et la Hala’ha, énoncée au traité Sanhédrin 59b, retient que “ rien d’impur ne tombe du ciel ”.
Bien entendu, ces éléments ont aussi une source, dans les mondes plus élevés qu’eux. Rien n’existe ici-bas qui n’ait une origine, là-haut. Le Pardès, de Rabbi Moché Cordovero, précise cette idée, à la porte 25, chapitre 1, de même que le Torah Or, de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya, Parchat Béréchit, au discours intitulé “ Pour comprendre le sens des bénédictions ” et les notes du Tséma’h Tsédek, à la même référence. Ce point ne sera pas développé ici.
C) Concernant les cycles de Chemitta, les sept millénaires et les Jubilés dont il est question dans différents textes de Kabbala, il est vrai qu’il y avait auparavant des avis divergents, en la matière. Certains disent que notre monde est la seconde Chemitta, ce qui veut dire qu’il y a eu, auparavant, un premier monde, qui a existé pendant sept millénaires et qu’après ce monde, il y aura encore cinq Chemitta de sept millénaires chacune. C’est l’avis, en particulier, du Séfer Ha Temouna et de la troisième introduction à la Temouna.
Selon d’autres avis, en revanche, notre monde est la cinquième Chemitta. C’est ce que dit Rabbi Moché Cordovero dans son Chiyour Coma. Mais, le Ari Zal est venu ensuite et il a tranché, en la matière. Il explique que nous appelons seconde Chemitta les sept millénaires que nous vivons actuellement par référence aux Sefirot spirituelles qui l’ont précédé. En revanche, il n’y a pas eu de monde matériel, un ciel et une terre matériels, avant les nôtres.
Différents textes commentent ces affirmations, en particulier le Likouteï Torah du Ari Zal, à la Parchat Kedochim et la porte des discours de Rabbi Chimeon Ben Yo’haï, à la page 37a. Ces propos sont cités et commentés par l’Admour Hazaken, dans le Torah Or, Parchat Chemot, au discours intitulé : “ Et, Il dit : Qui a donné une bouche ? ”, de même que par son fils, l’Admour Haémtsahi, dans le Torat ‘Haïm, au discours “ Je ne suis pas un homme de paroles ”.
Comme je le disais, cette position est définitive. Elle est acceptée par tous les Sages de la Kabbala, au même titre que les autres notions de cette partie de la Torah.