Lettre n° 5009

Par la grâce de D.ieu,
6 Tévet 5717,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Tsvi(1),

Je vous salue et vous bénis,

Après une très longue interruption, j’ai reçu les coupures d’articles des périodiques Am Ve Séfer et Ha Tsofé, du 30 Kislev. Je suis surpris de ne pas avoir eu, de votre part, des nouvelles concernant les bateaux(2), pendant toute cette période.

Or, j’ai reçu une réponse de quelqu’un, me justifiant le silence, sur ce sujet et sur cette analyse. En effet, affirme-t-il, la période ne permet pas de discuter de tout cela, du fait des événements de ces dernières semaines(3). Je lui ai répondu qu’il était tel un malade qui dirait au médecin que, du fait de sa faiblesse et de son état de santé déficient, il n’est pas en mesure de suivre un traitement médical et conservera donc le comportement qu’il a eu jusqu’à maintenant, même si, de ce fait, il aggrave sa maladie. Puis, quand il guérira, il s’intéressera à ce traitement . Vous devez comprendre cette image.

Bien entendu, mon objection n’est pas tournée contre vous. Toutefois, je suis surpris que ceux qui ont pour mission essentielle de trancher, en pareil cas, se servent de leur situation et de leur empressement uniquement dans des domaines qui concernent les autres personnes. On peut en déduire la conséquence pour les problèmes qui les concernent personnellement et l’on peut même les observer sur le terrain.

J’ai déjà expliqué, par ailleurs qu’en réalité, chaque Juif est prêt à accomplir la Torah et les Mitsvot, avec empressement et de manière effective. Néanmoins, le mauvais penchant est expert. Il sait orienter l’empressement et la volonté d’agir dans des domaines qui ne concernent nullement l’homme. De la sorte, il marque deux points :
A) Cet homme ne ressent nullement le manque, car il met effectivement en œuvre tout son empressement.
B) Le point essentiel manque totalement. En effet, un tel accomplissement n’appartient pas à la mission des autres, alors que ceux pour qui il s’agit bien de la mission profonde et essentielle se consacrent à toute autre chose.

Le Rambam dit qu’une maladie morale peut être comparée à une maladie physique. On peut donc trouver une illustration de ce qui vient d’être dit dans le cas où le cerveau et le cœur se consacreraient à digérer les aliments, à en retenir les éléments positifs et à en rejeter les déchets. Néanmoins, pour ce qui est du corps, la conséquence peut en être observée immédiatement et tout l’organisme est aussitôt mis en danger. De plus, la digestion ne se fait pas.

Il n’en est pas de même, en revanche, pour l’âme, car D.ieu a voulu ménager une place pour le libre arbitre. On accorde donc un délai et on peut même le prolonger. De temps à autre, on en repousse la date. Nous vivons dans la génération du talon du Machia’h(4), lorsque tout s’éclaircit, se clarifie et se précise. Tout ceci permet d’établir clairement ce qu’il en est. Il n’est nul besoin d’autres explications ni d’une profonde réflexion.

Celui Qui dit à Son monde : “ Cela suffit ”(5) mettra également un terme à cette permutation de fonctions, selon laquelle, dans le Temple, celui qui chante désire être un portier et vice versa, comme le rapporte le traité Ara’hin 11b. Du fait des nombreuses contractions, il en résulte, ici-bas, la situation qui est actuellement la nôtre. Que D.ieu nous envoie donc le juste libérateur, dont la génération sera entièrement coupable, ce qu’à D.ieu ne plaise, ou entièrement méritante, sans tracas(6).

Sans doute vous et les vôtres allez-vous bien. J’espère que vous avez déjà commencé à prendre part aux réunions des ‘Hassidim, en particulier pour le jour lumineux du 19 Kislev(7), qui vient de passer.

Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,

J’ai bien reçu le ‘Hidoucheï Ha Rachach sur le Rambam et je vous en remercie beaucoup. Mais, s’il avait été publié en lettres carrées(8), il aurait sûrement eu un plus grand nombre d’utilisateurs, en notre génération orpheline.

Vous trouverez ci-joint l’additif à la Haggadah de Pessa’h.

Notes

(1) Le Rav T. Harkabi, de Jérusalem. Voir, à son sujet, les lettres n°2078 et 2136.
(2) Israéliens voyageant pendant le Chabbat. Voir, à ce sujet, la lettre n°4796.
(3) La guerre du Sinaï. Voir, à ce sujet, la lettre n°4890.
(4) Lorsque sa venue est imminente.
(5) Y introduisant ainsi la limite.
(6) Voir, à ce sujet, la fin de la lettre n°5012.
(7) Libération de l’Admour Hazaken des prisons tsaristes.
(8) Et, non dans l’alphabet de Rachi. Voir les causeries du Chabbat Parchat Kedochim et du 2 Iyar 5749 (1989), au paragraphe 10.