Lettre n° 4954

Par la grâce de D.ieu,
19 Kislev 5717,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Chnéor ‘Haïm(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 2 Kislev, que je viens de recevoir, dans laquelle vous me détaillez la proposition qui vous est faite, d’un poste rabbinique à Adélaïde. Vous me demandez ce que j’en pense.

Je dois dire que je ne vois pas quel est le doute, en la matière, tant il y a là une évidence. Vous devez vous efforcer, bien sûr de la manière qui convient, mais avec toute la fermeté nécessaire, d’obtenir ce poste, dès lors que toutes les conditions pour restaurer et améliorer la pratique religieuse ont été acceptées. Il est à peu près certain que cette acceptation est liée à votre accord pour prendre ce poste(2). La lettre qu’ils m’ont écrit semble également établir un tel lien.

De fait, même si tout était d’ores et déjà parfait, concernant, par exemple, les édifices, ce poste est bien le plus important. Il y a bon espoir et il est même pratiquement certain que vous parviendrez à rapprocher les membres de votre communauté de notre Père, Qui se trouve dans les cieux, de Sa Torah et de Ses Mitsvot.

De fait, telle est la mission essentielle et profonde de chaque Juif. On doit rapprocher son propre cœur et celui des enfants d’Israël du Saint béni soit-Il et la Michna affirme que “ j’ai été créé pour servir mon Créateur ”. Vous connaissez, en outre, le dicton des premiers ‘Hassidim, ceux de l’Admour Hazaken, dont nous célébrons la joie(3), selon lequel “ l’ordre de la Torah en est partie intégrante ”. Or, dans l’ordre, la première Mitsva est : “ Croissez et multipliez ”, ce qui veut dire que chaque Juif doit former un autre Juif.

Vous évoquez l’éducation de leurs enfants, mais cela peut s’arranger, car il est impossible qu’en mettant en pratique la Mitsva du Créateur du monde, Qui donne la Torah, vous provoquiez une détérioration de l’éducation des enfants.

De même, il n’est pas judicieux, à mon sens, de repousser tout cela jusqu’à Pessa’h, comme vous le mentionnez dans votre lettre. En effet, chaque jour doit avoir son contenu spécifique. Certes, la hâte diminue le prestige, mais l’on peut sans doute trouver une voie médiane.

Plus généralement, si les membres de la communauté sont motivés, il n’y a pas lieu de retarder l’action concrète. Bien au contraire, il faut en profiter, car qui sait ce qui se passera par la suite ? De même, ils ont donné leur accord pour la construction d’un Mikwé et, même si votre arrivée sur place est retardée pendant quelques temps, il faudra, néanmoins, commencer cette construction au plus vite, en expliquant qu’elle requiert plusieurs semaines et peut-être même plusieurs mois.

Je suis satisfait de l’occasion qui m’est donnée de répondre à votre lettre en ce jour propice. Tout est effet de la divine Providence, comme le souligne, en particulier, la ‘Hassidout. Puisse D.ieu faire que le mérite de ce jour protège vous-même et les vôtres, afin que vous obteniez la satisfaction de tous vos besoins, ce qui implique également d’assumer votre rôle véritable, dans la joie et avec réussite.

Avec ma bénédiction à l’occasion de la fête de la libération et en saluant tous les ‘Hassidim de votre ville, en particulier votre père adoptif, le grand Rav et ‘Hassid, auquel D.ieu accordera longue vie(4),

N. B. : Je vous joins un fascicule qui vient de paraître. Vous en mettrez sûrement le contenu à la disposition du plus grand nombre. Le mérite de tous en dépend.

Notes

(1) Le Rav C. H. Gutnik, de Sidney, Australie.
(2) Ce qui veut dire que ces améliorations ne seront pas introduites, si le Rav Gutnik n’accepte pas le poste.
(3) Cette lettre est datée du 19 Kislev, date de sa libération des prisons tsaristes.
(4) Le Rav Acher Abramson.