Lettre n° 4855

Par la grâce de D.ieu,
21 Mar ‘Hechvan 5717,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 13 ‘Hechvan, dans laquelle vous me dites que vous avez proposé à la direction de la Yechiva Tom’heï Temimim, à Lod, d’introduire des modifications dans le programme des études(1). Vous m’en exposez les raisons.

Vous savez à quel point il convient d’être prudent, quand on veut modifier un programme qui a fait ses preuves, depuis de nombreuses années, sur la base duquel ont été éduqués des centaines, des milliers d’élèves, qui ont permis d’établir à quel point celui-ci était juste, atteignait son objectif, consistant à former des élèves intègres, à l’intérieur comme à l’extérieur, à les protéger des vents inhabituels qui soufflent sur le monde.

Ceci est vrai pour tous les élèves et, combien plus, en est-il ainsi pour ceux qui se sont distingués dans leurs études, qui ont connu une réussite dépassant la moyenne. En effet, il n’est pas du propos des hommes de faire des essais, d’observer si les changements sont une réussite, s’ils ont un apport effectif ou non.

Bien plus, de façon générale, une modification est plus à même de susciter une perte qu’un profit. On lie ainsi l’élève non seulement avec la matière étudiée, mais aussi avec un environnement nouveau, des livres mais aussi des hommes(2), dont les conceptions s’opposent, jusqu’à un certain point, à la vision du monde que l’on veut conférer aux élèves.

A tout cela s’ajoute encore un autre point. Quand cette modification est introduite dans le programme de la Yechiva, on donne un aval à cette étude et à tout ce qui en découle. Vous devez comprendre ce que cela veut dire.

Je ne vous connais pas personnellement, mais je vous donnerai un conseil et je souhaite que vous l’acceptiez. Tant que votre fils peut se maintenir dans la tente de la Torah et de la crainte de D.ieu intègre, tant qu’il poursuit ses études à la Yechiva, il ne faut pas tempérer la joie de son cœur en lui faisant consacrer une partie de son temps à des matières nouvelles et diverses. Il ne s’agit pas uniquement là de la perte de quelques heures d’études sacrées, mais bien de l’introduction d’un élève dans un autre monde(3).

Vous dites que les contraintes de ce monde rendent indispensables certaines connaissances. Or, celles-ci sont malheureusement intégrées beaucoup plus aisément que les études sacrées. Après avoir quitté la Yechiva, après s’être suffisamment renforcé contre les influences dommageables, il pourra donc, en peu de temps et aisément, acquérir toutes les notions qui sont réellement utiles pour s’organiser et gagner sa vie, au sens le plus littéral.

D.ieu fasse que vous conceviez de tous vos enfants beaucoup de satisfaction véritable, c’est-à-dire de satisfaction juive traditionnelle.

Avec ma bénédiction,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,

Notes

(1) Le destinataire de cette lettre proposait, en particulier, l’étude de la langue hébraïque.
(2) Les auteurs de ces livres.
(3) Que celui de la Yechiva.