Lettre n° 4679

Par la grâce de D.ieu,
2 Elloul 5716,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Moché Ha Cohen(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre livre, le Chéérit Israël, recueil de propos des Grands d’Israël sur la Torah et la ‘Hassidout, qui vient de paraître et je vous en remercie.

Cet ouvrage vient en son temps. Certes, à chaque époque, les paroles de nos maîtres, luminaires d’Israël, sont comme de l’eau fraîche pour celui qui est épuisé.

Car l’âme d’un Juif est lasse des difficultés de l’exil, de l’obscurité et du voile qui nous empêchent d’observer les miracles.

Mais, combien plus en est-il ainsi dans notre génération, à notre époque. En effet, l’étroitesse d’esprit et le dur labeur que le corps et la matière imposent à l’âme et à la raison empêchent d’entendre comme on le devrait et comme il le faudrait cet appel(2) : “ Techouva, Torah et Mitsvot immédiates ! ”.

L’obscurité de l’exil est immense. Et, il est multiplié au point que certains le présentent comme de la lumière et la lumière comme de l’obscurité. Seuls les enseignements des yeux de la communauté que sont, en chaque génération, les Grands d’Israël, font briller la pénombre de la nuit de l’exil, par la crainte de D.ieu et Sa Torah, afin de nous indiquer le chemin que nous devons suivre, le comportement qu’il faut adopter et ce qu’il convient de ne pas faire.

Quand l’obscurité de l’exil et de la matière s’est renforcée, D.ieu a eu pitié de Son peuple, Israël. Il a étendu le bras et nous a éclairés par l’intermédiaire de notre maître, le Baal Chem Tov et par ses saints disciples, en particulier l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h.

Ceux-ci ont révélé l’enseignement de la ‘Hassidout et ses pratiques, mettant en éveil le sentiment divin dans le cœur d’Israël. C’est, en particulier, le cas de la ‘Hassidout ‘Habad, qui guide et lui permet, en fonction de son niveau, de s’approcher du domaine de la Sainteté, de servir D.ieu par son cerveau et par son cœur, bien plus de Le servir en mettant en pratique le principe : “ En toutes tes voies, reconnais-Le ” et dans la joie.

Le besoin du moment consiste donc à diffuser cet enseignement, ses paroles et ses adages, dans les cercles les plus larges, de sorte qu’ils parviennent également à ceux qui, pour l’heure, n’ont pas encore eu le mérite de recevoir ces luminaires.

En conséquence, il faut cueillir les perles de l’océan de la ‘Hassidout, enflammant “ la bougie de D.ieu ”, qui est “ l’âme de l’homme ”, que chacun et chacune porte en soi. De la sorte, la bougie deviendra une torche, illuminant la vie, y compris au quotidien et la part du monde que l’on reçoit en partage.

Et, que s’accomplisse concrètement ce que l’on trouve, de manière allusive, dans la Paracha de cette semaine :

“ Tu placeras des juges et des policiers à toutes tes portes ”. Les “ juges ” évoquent le verdict, la décision et les “ policiers ”, son application pratique, en adressant des remontrances à celui qui les comprend, en frappant le sot, qui est le mauvais penchant. Les “ portes ” sont les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, comme le précisent le Séfer Yetsira, au chapitre 4 et le Chneï Lou’hot Ha Berit, à la fin de la Parchat Choftim.

Tout ceci se trouve dans la “ petite ville ” que constitue le corps et “ ils jugent le peuple ”, c’est-à-dire les membres du corps, comme le précise le traité Nedarim 32b, “ selon un jugement juste ”. Or, “ il n’est de vérité que la Torah ”. En conséquence, “ tu ne détourneras pas le jugement ” par le fait que “ tu n’auras pas de complaisance ” et, pour cela “ tu n’accepteras pas la corruption ” résultant de l’amour propre, car “ l’amour couvre toutes les fautes ”. De la sorte, “ tu vivras et tu hériteras de la terre que l’Eternel ton D.ieu te donne ”(3).

On libère ainsi la part du monde que l’on reçoit en partage de l’obscurité de l’exil. Dès lors, elle deviendra brillante, s’affinera, se sanctifiera, en son atmosphère et même en son existence concrète.

Et, la libération de cette part hâtera la délivrance complète, celle de tous nos frères, les enfants d’Israël, au sens le plus littéral, cette délivrance véritable qui permettra d’hériter de la terre que l’Eternel ton D.ieu te donne, par notre juste Machia’h.

Avec ma bénédiction afin que vous soyez inscrit et scellé pour une bonne année,

Notes

(1) Le Rav M. Gordon, de Brooklyn.
(2) Lancé par le précédent Rabbi pour obtenir la venue du Machia’h.
(3) Toutes ces citations appartiennent au début de la Paracha de cette semaine, celle de Choftim.