Lettre n° 4501

Par la grâce de D.ieu,
3 Tamouz 5716,
Brooklyn, New York,

A l’attention du docteur D. Elkana,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre du 15 mai et j’ai été satisfait d’y apprendre que vous vous intéressez à la ‘Hassidout. J’ai pris connaissance de quelques unes de vos conceptions, en la matière, en particulier pour ce qui concerne la joie.

Vous écrivez que le sentiment de joie dépend de l’action des glandes, du transfert hormonal parvenant au cerveau par la circulation du sang. Néanmoins, le corps et l’âme sont attachés, véritablement unifiés, au point de ne former qu’une seule et même entité. Il est donc normal que chaque circonstance affectant l’âme se manifeste également dans le corps.

J’espère que vous reconnaîtrez avec moi que l’unité de ce microcosme est un exemple, une illustration de l’unité véritable qui existe dans le grand monde. Il ne s’agit pas là de panthéisme, selon lequel tout est nature et matière. Bien au contraire, tout est spiritualité et, plus encore, Divinité, comme l’explique brièvement l’auteur du Tanya, commentant le verset “ Une nation unique sur la terre ”. Il indique, en effet, dans Iguéret Ha Kodech, chapitre 9, page 114a, que “ même dans leurs préoccupations matérielles, ils(1) ne se séparent pas de l’Unité véritable, ce qu’à D.ieu ne plaise ”.

Il convient de noter que ceux qui ont adopté les idées du matérialisme(2) eux-mêmes, quand ils découvraient une manifestation morale, liée aux évolutions physiques, par exemple aux réactions électriques, étaient heureux “ comme s’ils avaient trouvé un large butin ”, comme si cela confirmait leur conception.

Mais, en réalité, il n’y a là aucune contradiction. Bien au contraire, c’est la conséquence logique de la vérité absolue, celle de l’unité du Créateur, “ D.ieu est un ” et “ il n’est nul autre que Lui ”. Cela ne signifie pas uniquement qu’il n’en est pas un autre, ce qu’à D.ieu ne plaise. Cela veut dire aussi qu’il n’est aucune autre existence que la sienne. Il s’agit là d’un des concepts fondamentaux de la ‘Hassidout, comme l’explique le Chaar Ha Y’houd Ve Ha Emouna, de l’Admour Hazaken.

A la conclusion de votre lettre, vous dites que la délivrance ne pourra pas être entière, tant que la pauvreté n’aura pas disparu de la terre, que les hommes n’auront pas un travail commun, une responsabilité partagée, sans distinction entre les pauvres et les riches.

Je ne partage pas votre avis. De manière naturelle, l’homme connaît le bonheur véritable quand il peut faire du bien aux autres. Pour cela, l’un doit être riche et l’autre, pauvre. Pour autant, ceci ne contredit pas votre objection justifiée sur l’injustice d’une telle situation.

La ‘Hassidout dit que chaque créature, si elle adopte un comportement conforme à sa création, ne fait pas que recevoir. Elle donne également, de sorte que celui qui est pauvre dans un domaine est riche dans un autre. Cette idée est merveilleuse et, bien plus, notre Torah l’applique même, pour ainsi dire, au Créateur du monde, Qui le dirige. Lui-même, parfois, reçoit et Il ne fait pas que donner, comme l’expliquent les discours ‘hassidiques commentant le verset “ Tu auras soif de l’action de tes mains ” ou bien les affirmations de nos Sages sur le service du Tout Puissant

Vous ne m’écrivez pas quelle est votre spécialité médicale et j’aimerais obtenir cette précision. En tout état de cause, quand vous vous consacrez à la guérison physique de ceux qui viennent vous consulter, j’espère que vous tenez compte des caractéristiques de leur âme et de la guérison de celle-ci. Combien plus doit-il en être ainsi pour ceux qui ne savent pas que leur âme est malade. Un traitement médical est alors encore plus nécessaire.

Avec mes respects et ma bénédiction,

Si vous avez publié des livres ou des articles, dans n’importe quelle discipline, en n’importe quelle langue, j’aimerais les recevoir pour ma bibliothèque. Je vous en remercie d’avance.

Notes

(1) Les Juifs.
(2) Voir, à ce sujet, 4506.