Lettre n° 4391

Par la grâce de D.ieu,
29 Iyar 5716,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 21 Iyar et à celles qui la précédaient.

Il est bien évident qu’une absence de réponse n’est pas une marque de rancune, ce qu’à D.ieu ne plaise. Elle est uniquement due à mes nombreuses activités. Dans chaque lettre, vous évoquez plusieurs points à la fois et chaque page compte de nombreuses lignes. Or, vous écrivez également entre les lignes et au dessus des lignes. Ceci rend l’examen et parfois même la lecture plus difficiles. C’est pour cela que la réponse est retardée.

Le but de la présente est donc uniquement d’infirmer votre présomption et de vous exprimer ma surprise devant le peu de nouvelles que je reçois des activités des jeunes de l’association ‘Habad, en général et de vos propres accomplissements, en particulier.

A l’occasion de la fête de Chavouot, qui approche, puissions-nous avoir le mérite, au sein de tout Israël, selon la formulation de notre maître, mon beau-père, le Rabbi, de recevoir la Torah avec joie et d’une manière profonde.

Avec ma bénédiction,

L’expédition de la présente a été retardée afin de répondre à vos questions, au moins brièvement.

A) Concernant la nuit interdite(1), l’explication de tout cela et notre coutume sont exposées dans le Hayom Yom, à la date du 17 Tévet.

B) Il me semble que la date doit en être établie d’après le calendrier julien, correspondant au calcul du solstice de Chmouel et non d’après le calendrier grégorien, reprenant le calcul du solstice de Rav Adda, bien que ce dernier soit plus précis. En effet, on se sert du calcul de Chmouel, par exemple, pour la bénédiction du soleil.

Néanmoins, on peut considérer que la date de cette nuit interdite possède un caractère particulier, puisqu’elle n’est pas établie par les Juifs, mais bien en fonction du calendrier des non Juifs. En définitive, on adopte donc le calcul de ceux qui se trouvent dans l’endroit où l’on est. De même, on rapporte, au nom de mon beau-père, le Rabbi, qu’aux Etats-Unis, il convient de se conférer au calendrier en vigueur dans ce pays.

C) Vous avez entendu dire qu’en Erets Israël on ne tient pas du tout compte de cette date. Sans doute tenez-vous cette information de quelqu’un de particulièrement fiable. Si elle est exacte, on peut peut-être l’expliquer de la façon suivante. Ce pays, à l’exception de quelques périodes, a été dominé par les descendants d’Ichmaël. Or, tout dépend de l’astre céleste(2). La nuit interdite n’y a donc pas été introduite, car il n’y avait pas de risque d’ajouter de la vitalité(3).

Ceci justifie la nécessité, dans chaque pays, de suivre l’usage local des non Juifs, comme on l’a dit auparavant. Vous consulterez également le Darkeï ‘Haïm Ve Chalom, au chapitre 825.

D) Certains ne disent pas le Kiddouch…(4), conformément au Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, chapitre 271, paragraphe 3. Vous me demandez comment établir le compte des heures, en la matière, car vous vous interrogez sur ma réponse(5).

Je ne sais pas quelle est la nature de ce doute. Chaque astre domine pendant une heure de soixante minutes, selon un ordre défini par Rachi, dans son commentaire du traité Chabbat 129b et par d’autres références encore.

Il s’agit, en l’occurrence, de la septième heure après le milieu du jour, selon l’expression de l’Admour Hazaken, à cette même référence, les heures étant calculées de la façon qui vient d’être indiquée. Bien entendu, le milieu du jour est le point médian entre le lever du soleil et son coucher.

E) Vous dites qu’en Terre Sainte, on ne tient pas compte de tout cela(6). Si cet usage est effectivement répandu, peut-être est-ce parce que d’emblée, cette pratique n’y a pas été acceptée. De fait, le Choul’han Arou’h dit bien : “ Certains font attention… et il a déjà été dit qu’a priori, il faut dire le Kiddouch tout de suite… ”, y compris pendant cette heure.

Pourquoi ne pas avoir adopté cette pratique, même si ce n’est pas le moment de son arrivée(7) ? On peut penser qu’il en est ainsi parce que “ celui qui respecte la Mitsva est protégé du mal ”, selon le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, chapitre 455, paragraphes 15 et 16.

F) Vous expliquez cette situation par le fait que les astres n’ont pas d’emprise en Erets Israël(8). Il ne semble pas que cela ait un rapport car une telle explication n’est donnée nulle part. Et l’on peut en citer pour preuve le fait que Rabbi Akiva et, bien sûr, sa fille, se trouvaient en Erets Israël. Malgré cela, il était soucieux, comme le dit le traité Chabbat 156b(9).

De même , Rabbi Yochoua Ben Lévi, se trouvant en Erets Israël, inscrivit sur son carnet : “ Celui qui…(10) ”, selon le traité Chabbat 156a. Bien entendu, il est difficile d’avancer qu’il inscrivit sur son propre carnet une mention destinée à ses disciples de Babel(11), selon l’explication que donnent les Tossafot, au traité Soukka 44a.

G) Vous m’interrogez sur le mot Be Avlato, dans sa sottise. J’ai déjà noté, à ce propos, dans le Tanya, édition de Brooklyn, 5715(12), page 432, qu’à mon sens, il faut dire Ke Avlato, selon sa sottise.

H) Concernant le dernier jour de Pessa’h et les quatre coupes(13), mon opinion a été exposée dans la réunion ‘hassidique d’A’haron Chel Pessa’h, cette année(14). J’ai dit que cette pratique est désormais le fait de tous(15) et j’ai longuement expliqué pourquoi il en est ainsi.

Vous me donnerez sûrement de bonnes nouvelles de tous ceux que vous mentionnez dans vos lettres.

Notes

(1) La veille du 25 décembre.
(2) Spécifique au peuple qui habite le pays.
(3) Provenant du domaine de la sainteté, par exemple par l’étude de la Torah, dans une nuit sous l’emprise des forces du mal.
(4) Le vendredi soir, pendant la septième heure de l’après-midi, la durée de chaque heure étant variable, calculée en divisant par douze l’amplitude entre le lever du jour et la tombée de la nuit. Néanmoins, le Rabbi précise qu’en la matière, il faut effectivement compter des heures de soixante minutes.
(5) Il s’agit de la lettre n°4042.
(6) On fait également le Kiddouch pendant cette septième heure.
(7) De la synagogue, auquel cas il faut dire le Kiddouch tout de suite, comme le dit le texte qui vient d’être cité.
(8) Voir, à ce sujet, la lettre n°3975.
(9) Des astrologues lui ayant annoncé que sa fille mourrait au jour de son mariage. Il existe donc bien, dans ce pays, une influence astrale.
(10) Est né tel jour de la semaine aura tel caractère en fonction de l’influence astrale qu’il subit.
(11) Où existerait cette influence astrale.
(12) 1955.
(13) De vin du repas du Machia’h, qui conclut ce jour.
(14) Voir le Likouteï Si’hot, tome 4, page 1299.
(15) Tous doivent prendre part à ce repas et boire ces quatre coupes.