Lettre n° 4380

Par la grâce de D.ieu,
26 Iyar 5716,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre de ce jeudi, qui faisait suite à une interruption.

Faisant référence à l’affirmation bien connue du Rambam, dans ses lois des opinions, chapitre 2 et dans ses huit chapitres, au chapitre 3, selon laquelle la guérison de l’esprit est identique à celle du corps, nous pouvons observer que, s’agissant de la santé physique, on accorde de l’importance au temps et, plus l’on peut anticiper la guérison, plus l’on cherchera à le faire, faisant abstraction pour cela de tout ordre établi, celui du temps et celui des valeurs. En pareil cas, il importe uniquement que l’on obtienne, au plus vite, une amélioration et un mieux-être.

Or, il en est strictement de même pour la diffusion des sources(1). Puisque “ votre connaissance, en la matière, est encore réduite, que la plupart des concepts ne vous sont pas clairs, vous attendrez, pour diffuser les sources, de combler cette lacune ”(2). Or, ce qui vient d’être dit vous montre à quel point une telle conception est exclue.

Bien plus, comme vous le savez, il est dit que, “ plus l’on accumule des connaissances, plus l’on multiplie les souffrances ”. De fait, on peut vérifier que plus l’on connaît réellement la Torah, plus on la comprend et plus l’on sent à quel point on manque de connaissances et de compréhension. Puis, de temps à autre, cette conscience du manque augmente(3).

Avant tout, le temps perdu ne peut jamais être retrouvé. L’attitude, en l’occurrence, doit donc être celle qui caractérise, selon l’expression de nos Sages, “ un peuple immature(4) ”. Cette idée apparaît encore plus clairement dans l’injonction qu’ils formulent ainsi : “ Attrape et mange, attrape et bois(5), car le monde duquel nous parvenons est comme un festin de mariage ”.

Pour quelqu’un comme vous, il est sûrement inutile d’en dire plus. Vous consulterez également la lettre du Rabbi Rachab, imprimée à la page 22 du Kountrass Ou Mayan, expliquant que la transformation de la matière ne répond plus à un ordre établi, à notre époque(6). Vous en appliquerez les termes à votre propre personne.

Puisse D.ieu faire que vous méditiez encore une fois à tout cela. De la sorte, j’ai bon espoir que vous parveniez effectivement à la conclusion précédemment citée.

Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles et pour recevoir la Torah avec joie et d’une manière profonde(7),

Notes

(1) De la ‘Hassidout.
(2) Le Rabbi cite la lettre de son correspondant.
(3) Avec l’augmentation des connaissances.
(4) Acceptant de mettre en pratique ce qu’il n’a pas compris.
(5) Mets en pratique toutes les bonnes actions parvenant à ta portée.
(6) C’est pour cela qu’il faut accomplir chaque bonne action qui se présente.
(7) Pendant la fête de Chavouot.