Lettre n° 438

Par la grâce de D.ieu,
22 Tévet 5709,

Au grand Rav, ‘Hassid érudit qui craint D.ieu,
le Rav M. Hacohen(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je viens de recevoir votre lettre du 13 Tévet et je vous adresse, par colis séparé, la séquence des discours ‘hassidiques intitulée "Ma colombe" de 5640(2). Vous trouverez ci-joint le fascicule édité pour le 24 Tévet, une lettre(3) de mon beau-père, le Rabbi Chlita et une autre de Ma’hané Israël, dont le contenu concerne chacun. Vous vous efforcerez donc de lui donner la diffusion qui convient.

Possédez-vous des fonds collectés pour le Maamad(4) ou pour le Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h? Si c’est le cas, vous pourrez les transmettre au Rav D. Bravman(5) et lui demander de nous prévenir au plus vite.

Concernant la répartition du Talmud, je me suis demandé quelle définition il convenait d’en donner. Chaque participant est-il considéré comme s’il avait lui-même étudié l’ensemble du Talmud pendant l’année? Ou bien n’a-t-il appris que son propre traité tout en s’associant à l’étude des autres(6)?

Cette situation ne peut être comparée à un sacrifice public, qui implique la participation de tous. De même, comment définir, en pareil cas, une association? Chaque associé possède-t-il l’ensemble ou bien seulement une partie des différents éléments qui le composent?

Je proposerai une réponse rapide, n’ayant pas le temps d’approfondir cette question maintenant. On peut penser qu’en pareil cas, chacun est considéré comme s’il avait lui-même étudié la totalité du Talmud. On sait, en effet, que le côté du bien est plus fort que son pendant. Or, concernant les lois du Chabbat, le traité Chabbat 93b dit que deux personnes ayant, pendant ce jour, effectué un travail, sont condamnables si chacune ne pouvait le réaliser seule. Une véritable transgression est alors commise à la fois par l’une et par l’autre(7).

Certes, un avis conteste une telle condamnation, mais l’on peut considérer que sa position est spécifique au Chabbat, puisqu’elle est déduite d’un verset, comme le dit la Guemara.

Et, la situation, en l’occurrence, est bien la même. Nul ne peut, à lui seul, étudier l’ensemble du Talmud. Celui qui exerce une activité professionnelle doit, par son travail subvenir à ses besoins, alors que celui qui a l’étude pour seule occupation a le devoir de s’approfondir, dans toute la mesure du possible, de déterminer la Hala’ha concrètement applicable, d’avoir connaissance de la partie profonde de la Torah.

Je conclus en saluant toute votre communauté,

M. Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Morde’haï Perlov. Voir les lettres n°303, 326, 463, 500. Des lettres identiques furent également envoyées à d’autres personnes.
(2) 1880, du Rabbi Maharach.
(3) Sur la nécessité de répartir, dans chaque communauté, les différents traités du Talmud. Voir également les quatre lettres précédentes.
(4) Voir, à ce propos, les lettres n°375, 425, 436 et 437.
(5) Le Rav David Bravman, responsable des publications, en Europe, pour le compte des éditions Kehot.
(6) Voir, à ce propos, les lettres n°444 et 463.
(7) Le Rabbi note, en bas de page: "Par la suite, je me suis aperçu que cette preuve est citée par les responsa Na’hala Leïsraël, du Rav Ye’hyel Mi’hel de Niznov, chapitre 10, paragraphe 16. Il ajoute que, dans d’autres domaines, sans relation avec le Sanctuaire, ces deux personnes ne seraient pas condamnables. Le Maharacha’h commente longuement cette idée. Dans les responsa du ‘Ha’ham Tsvi, citant le Rachba, il est dit, au contraire, que, dans les domaines qui ne sont pas liés au Sanctuaire, toutes deux sont condamnées même si chacune pouvait, à elle seule, effectuer la totalité de ce travail. Le Yad Chaoul, sur le Yoré Déa, discute cette position. Vous consulterez également le Maguen Avraham, le ‘Hochen Michpat et le Ma’hané Efraïm."