Lettre n° 4347
Par la grâce de D.ieu,
19 Iyar 5716,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires, aux
multiples connaissances, le Rav C. Y.(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à vos lettres des 7 et 8 Iyar.
Je suis très surpris par votre réaction à ma lettre(2). En effet, vous avancez des interprétations totalement déplacées sur le fait que le nom du destinataire n’était pas mentionné. Bien plus, ces interprétations sont extraites de leur contexte, dans la lettre et déformées. Or, je ne m’en suis pas tenu à cela et j’ai clairement dit, à la fin de ma lettre, que j’écartais les deux éventualités que vous citez.
A) Il est inconcevable que je veuille manquer de respect à celui à qui j’écris. Le contenu de ma lettre fait la preuve que le contraire est vrai, par ce qui y est dit comme par la mention du commentaire que donnent nos Sages du mot “ riches ”.
Bien plus, à la fin de ma lettre, j’ai cité le traité Horayot 11a, qui fait référence à notre saint maître(3), sans mentionner le titre de Nassi dont il était question. Me soupçonnera-t-on de manquer de respect à notre saint maître, ce qu’à D.ieu ne plaise ?
B) Vous faites référence à l’état(4), alors qu’il n’en était pas du tout question dans l’ensemble de ma lettre. A la fin de celle-ci, je disais clairement : “ Concernant les enfants d’Israël… qui souffrent et sont oppressés… ”, ce qui est une citation des propos de nos Sages, au traité Yebamot 47a, que vous n’ignorez sûrement pas et qui ont une incidence sur la Hala’ha, dans le Choul’han Arou’h. Or, nul n’a envisagé que cette Hala’ha soit abrogée, comme permet de l’établir la manière dont on reçoit les convertis.
C) Vous dites que telle personne est présentée comme le président, Nassi, de tel parti ou de tel groupe de personnes. Je suis surpris par votre remarque, car c’est précisément pour écarter cette objection que j’ai dit, à la fin de ma lettre : “ non pas le chef, Nassi, d’une tribu… ”.
De fait, ceci prouve également qu’il ne s’agissait pas de manquer de respect à qui que ce soit, puisqu’il est question, en l’occurrence, de Na’hchon Ben Aminadav qui fut le premier Nassi.
Néanmoins, le titre de Nassi, en l’occurrence, a une portée différente, puisqu’il est utilisé depuis longtemps et qu’on lui prête un certain sens, lié à la vision messianique.
J’ai lu avec plaisir, dans la presse, ici, que l’on a proclamé, de l’estrade du congrès qui vient de se tenir à Jérusalem, que l’idéal messianique ne s’est, bien évidemment, pas encore réalisé, que le Machia’h n’est pas encore venu. Et, nul n’a protesté contre cette affirmation. Or, si nous en avions eu le mérite, ceux qui craignent la Parole de D.ieu auraient trouvé en eux suffisamment de courage pour en dire de même, il y a huit ans. Alors, une large part des malheurs que les Juifs ont connus depuis lors auraient été évités ou, tout au moins, diminués. Et, le plus grand de ces malheurs est la confusion dans laquelle se trouvent de nombreux Juifs, en particulier des jeunes(5).
Tout cela est, à mon sens, si évident, que je me suis d’abord demandé si je devais vous répondre, pour infirmer vos interprétations. En effet, il n’y a qu’une seule façon de comprendre un soupçon aussi étrange(6) et, si c’est le cas, à quoi bon répondre ? Finalement, j’ai décidé de vous écrire d’abord parce que, conformément à l’enseignement de nos Sages, chacun doit être jugé favorablement(7). Certains, parmi ceux qui ont soulevé cette objection, ont donc pu penser qu’un tel soupçon était justifié. Mais, aussi et surtout, je voulais vous exprimer ma surprise et ma douleur.
Et, si vous considérez que ma requête est justifiée, je vous demande également de transmettre ce message(8).
Ma lettre comptait deux pages, relativement grandes. Son contenu était essentiellement l’expression d’un cri du cœur, d’une voix, inaudible de l’extérieur, par les milliers, les dizaines de milliers de Juifs qui, ces quelques dernières années, ont abandonné la Torah du D.ieu de vie et Ses Mitsvot, précisément à partir du moment où ils ont mis le pied sur la Terre Sainte, “ vers laquelle toujours sont tournés les yeux de l’Eternel ton D.ieu, du début de l’année à la fin de l’année ”. Pour la plupart, il s’agit, en outre, de jeunes, qui sont le futur du peuple d’Israël.
Même si l’on met en avant l’impossibilité d’exercer des pressions, en la matière, pas même indirectement, il n’en reste pas moins que, si quelqu’un se suicide, on doit tenter, par tous les moyens, de l’en empêcher, de l’en dissuader.
Or, le seul point que vous mentionnez, dans la lettre que vous m’adressez, le seul, semble-t-il, qui ait retenu votre attention, est l’absence de titre !
A ce propos, ma lettre a été envoyée dans une enveloppe, sur laquelle il était écrit : “ Président ”(9). Or, si vos craintes étaient fondées, il n’aurait pas fallu la rédiger de cette façon, d’autant qu’il y avait une alternative simple, celle de placer la lettre dans une enveloppe adressée à notre ami, en le chargeant de la lui remettre en main propre.
Mais, la différence est bien simple. Le scrupule dont je faisais état ne s’applique pas au titre de “ Président ”(10). De fait, il y a là plus qu’un scrupule, car j’ai vu comment les jeunes réagissent à l’emploi du mot Nassi, en ce domaine.
Pour écarter également ces questions étranges, je préciserai encore un point. Pourquoi n’ai-je pas écrit “ Président ”(11) dans cette lettre ?
La réponse est très simple. Le fait de n’avoir cité aucun titre est ma décision personnelle. Bien plus, plusieurs de ceux qui rédigent dans la Langue sacrée procèdent systématiquement de la sorte, afin de ne pas humilier celui qui n’en possède pas(12). Changer un titre, en revanche, est une autre affaire, une ingérence dans ce qui concerne quelqu’un d’autre.
Cela était également une évidence pour moi et il est dommage de perdre son temps à répondre à des questions qui sont sans fondement. Néanmoins, tout cela sera malgré tout justifié si, grâce à cela, quelque chose est fait pour ce qui était le contenu véritable de ma lettre.
Avec mes respects et ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,
Notes
(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin, de Jérusalem. Voir, à son sujet, la lettre n°4310.
(2) Il s’agit de la lettre n°4226 adressée au président Ben Tsvi.
(3) Rabbi Yehouda le Prince, Nassi, terme qui désigne également le président.
(4) D’Israël.
(5) Voyant dans la situation actuelle une préfiguration messianique.
(6) La conséquence d’une relation inamicale.
(7) Il faut donc considérer que cette relation inamicale n’existe pas.
(8) A ceux qui ont pu éprouver ce soupçon.
(9) En anglais dans le texte.
(10) Mais seulement au mot Nassi.
(11) Plutôt que Nassi.
(12) De titres.
19 Iyar 5716,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires, aux
multiples connaissances, le Rav C. Y.(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à vos lettres des 7 et 8 Iyar.
Je suis très surpris par votre réaction à ma lettre(2). En effet, vous avancez des interprétations totalement déplacées sur le fait que le nom du destinataire n’était pas mentionné. Bien plus, ces interprétations sont extraites de leur contexte, dans la lettre et déformées. Or, je ne m’en suis pas tenu à cela et j’ai clairement dit, à la fin de ma lettre, que j’écartais les deux éventualités que vous citez.
A) Il est inconcevable que je veuille manquer de respect à celui à qui j’écris. Le contenu de ma lettre fait la preuve que le contraire est vrai, par ce qui y est dit comme par la mention du commentaire que donnent nos Sages du mot “ riches ”.
Bien plus, à la fin de ma lettre, j’ai cité le traité Horayot 11a, qui fait référence à notre saint maître(3), sans mentionner le titre de Nassi dont il était question. Me soupçonnera-t-on de manquer de respect à notre saint maître, ce qu’à D.ieu ne plaise ?
B) Vous faites référence à l’état(4), alors qu’il n’en était pas du tout question dans l’ensemble de ma lettre. A la fin de celle-ci, je disais clairement : “ Concernant les enfants d’Israël… qui souffrent et sont oppressés… ”, ce qui est une citation des propos de nos Sages, au traité Yebamot 47a, que vous n’ignorez sûrement pas et qui ont une incidence sur la Hala’ha, dans le Choul’han Arou’h. Or, nul n’a envisagé que cette Hala’ha soit abrogée, comme permet de l’établir la manière dont on reçoit les convertis.
C) Vous dites que telle personne est présentée comme le président, Nassi, de tel parti ou de tel groupe de personnes. Je suis surpris par votre remarque, car c’est précisément pour écarter cette objection que j’ai dit, à la fin de ma lettre : “ non pas le chef, Nassi, d’une tribu… ”.
De fait, ceci prouve également qu’il ne s’agissait pas de manquer de respect à qui que ce soit, puisqu’il est question, en l’occurrence, de Na’hchon Ben Aminadav qui fut le premier Nassi.
Néanmoins, le titre de Nassi, en l’occurrence, a une portée différente, puisqu’il est utilisé depuis longtemps et qu’on lui prête un certain sens, lié à la vision messianique.
J’ai lu avec plaisir, dans la presse, ici, que l’on a proclamé, de l’estrade du congrès qui vient de se tenir à Jérusalem, que l’idéal messianique ne s’est, bien évidemment, pas encore réalisé, que le Machia’h n’est pas encore venu. Et, nul n’a protesté contre cette affirmation. Or, si nous en avions eu le mérite, ceux qui craignent la Parole de D.ieu auraient trouvé en eux suffisamment de courage pour en dire de même, il y a huit ans. Alors, une large part des malheurs que les Juifs ont connus depuis lors auraient été évités ou, tout au moins, diminués. Et, le plus grand de ces malheurs est la confusion dans laquelle se trouvent de nombreux Juifs, en particulier des jeunes(5).
Tout cela est, à mon sens, si évident, que je me suis d’abord demandé si je devais vous répondre, pour infirmer vos interprétations. En effet, il n’y a qu’une seule façon de comprendre un soupçon aussi étrange(6) et, si c’est le cas, à quoi bon répondre ? Finalement, j’ai décidé de vous écrire d’abord parce que, conformément à l’enseignement de nos Sages, chacun doit être jugé favorablement(7). Certains, parmi ceux qui ont soulevé cette objection, ont donc pu penser qu’un tel soupçon était justifié. Mais, aussi et surtout, je voulais vous exprimer ma surprise et ma douleur.
Et, si vous considérez que ma requête est justifiée, je vous demande également de transmettre ce message(8).
Ma lettre comptait deux pages, relativement grandes. Son contenu était essentiellement l’expression d’un cri du cœur, d’une voix, inaudible de l’extérieur, par les milliers, les dizaines de milliers de Juifs qui, ces quelques dernières années, ont abandonné la Torah du D.ieu de vie et Ses Mitsvot, précisément à partir du moment où ils ont mis le pied sur la Terre Sainte, “ vers laquelle toujours sont tournés les yeux de l’Eternel ton D.ieu, du début de l’année à la fin de l’année ”. Pour la plupart, il s’agit, en outre, de jeunes, qui sont le futur du peuple d’Israël.
Même si l’on met en avant l’impossibilité d’exercer des pressions, en la matière, pas même indirectement, il n’en reste pas moins que, si quelqu’un se suicide, on doit tenter, par tous les moyens, de l’en empêcher, de l’en dissuader.
Or, le seul point que vous mentionnez, dans la lettre que vous m’adressez, le seul, semble-t-il, qui ait retenu votre attention, est l’absence de titre !
A ce propos, ma lettre a été envoyée dans une enveloppe, sur laquelle il était écrit : “ Président ”(9). Or, si vos craintes étaient fondées, il n’aurait pas fallu la rédiger de cette façon, d’autant qu’il y avait une alternative simple, celle de placer la lettre dans une enveloppe adressée à notre ami, en le chargeant de la lui remettre en main propre.
Mais, la différence est bien simple. Le scrupule dont je faisais état ne s’applique pas au titre de “ Président ”(10). De fait, il y a là plus qu’un scrupule, car j’ai vu comment les jeunes réagissent à l’emploi du mot Nassi, en ce domaine.
Pour écarter également ces questions étranges, je préciserai encore un point. Pourquoi n’ai-je pas écrit “ Président ”(11) dans cette lettre ?
La réponse est très simple. Le fait de n’avoir cité aucun titre est ma décision personnelle. Bien plus, plusieurs de ceux qui rédigent dans la Langue sacrée procèdent systématiquement de la sorte, afin de ne pas humilier celui qui n’en possède pas(12). Changer un titre, en revanche, est une autre affaire, une ingérence dans ce qui concerne quelqu’un d’autre.
Cela était également une évidence pour moi et il est dommage de perdre son temps à répondre à des questions qui sont sans fondement. Néanmoins, tout cela sera malgré tout justifié si, grâce à cela, quelque chose est fait pour ce qui était le contenu véritable de ma lettre.
Avec mes respects et ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,
Notes
(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin, de Jérusalem. Voir, à son sujet, la lettre n°4310.
(2) Il s’agit de la lettre n°4226 adressée au président Ben Tsvi.
(3) Rabbi Yehouda le Prince, Nassi, terme qui désigne également le président.
(4) D’Israël.
(5) Voyant dans la situation actuelle une préfiguration messianique.
(6) La conséquence d’une relation inamicale.
(7) Il faut donc considérer que cette relation inamicale n’existe pas.
(8) A ceux qui ont pu éprouver ce soupçon.
(9) En anglais dans le texte.
(10) Mais seulement au mot Nassi.
(11) Plutôt que Nassi.
(12) De titres.