Lettre n° 4321

Par la grâce de D.ieu,
12 Iyar 5716,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre express qui a été, en outre, expédiée par avion. Et, je m’interroge sur la raison de cette hâte.

Il semble que vous vous en teniez à votre position et moi, à la mienne. Je vous écris donc, encore une fois, pour vous exprimer clairement mon opinion. Je considère qu’il n’y a pas lieu de gaspiller de l’argent pour réaliser ce qui est le contraire d’une construction, c’est-à-dire pour quitter votre ville, dans laquelle il y a beaucoup à faire, où il faut diffuser les sources(1) jusqu’à ce qu’elles parviennent à l’extérieur.

Très simplement, votre désir de quitter cette ville vous est suggéré par votre mauvais penchant, qui ne peut souffrir la propagation d la ‘Hassidout, de quelque façon que ce soit. Et, mon avis est très clair. Vous devez diffuser les sources dans cet endroit et il n’y a donc pas lieu de le quitter.

Je vous ai déjà fait part, quand vous étiez ici, de ce que j’ai pu observer, chez mon beau-père, le Rabbi. Celui-ci n’acceptait pas la conception selon laquelle “ l’argent n’est pas un problème ”(2), y compris chez ceux qui étaient riches en or et en argent matériels. Combien plus n’admettait-il pas une telle attitude de la part de celui qui assume une fonction communautaire, c’est-à-dire de quelqu’un que l’on observe attentivement(3). Lorsque celui-ci dépense un Chekel, on prétend qu’il en a donné dix. Or, ceci s’applique bien à vous et à votre comportement qui, en l’occurrence, n’est pas adapté, me semble-t-il. Ainsi, il n’était pas nécessaire d’avoir une conversation téléphonique sur le sujet(4) qui a été discuté et l’on pourrait formuler d’autres remarques encore.

J’ai jugé bon de formuler ma lettre en ces termes, bien que ce ne soit pas mon habitude, car j’ai dit, d’abord en allusion, puis clairement, à différentes reprises, que tous ceux qui se consacrent aux besoins communautaires doivent rendre des comptes sur leurs dépenses, non seulement aux autres, mais aussi à eux-mêmes, en sachant que “ je me trouve au sein de mon peuple ”(5). Certes, de telles personnes subissent des limites et elles doivent tenir compte des possibilités, mais il en est de même pour moi. Bien sûr, l’avancement et le développement sont nécessaires, mais ils doivent aussi se marquer dans la dimension morale. Or, votre comportement va à l’encontre de cela. Vous réduisez le financement destiné à la diffusion des sources(6), car vous vous installez dans une situation, dans laquelle vos pensées sont tournées vers l’Amérique. Et, dans le domaine matériel, vous adoptez donc le comportement qui vient d’être décrit.

Cela sera sûrement inutile, mais, néanmoins, je répète encore une fois qu’il ne s’agit nullement, de ma part, de contraindre les ‘Hassidim à vivre dans une situation matériellement difficile, ce qu’à D.ieu ne plaise. Un examen sommaire(7) suffit pour déterminer que ma conception est précisément le contraire de cela. Néanmoins, une vie organisée et non étriquée exclut le désordre et le gaspillage que même la logique première ne permet nullement de justifier.

Avec ma bénédiction pour que vous compreniez tout cela d’une manière joyeuse et donc profonde,

N. B. : Je n’envoie pas la présente en express et puisse D.ieu faire qu’à l’avenir, les ‘Hassidim adoptent la même attitude, si ce n’est dans les cas les plus exceptionnels.

Notes

(1) De la ‘Hassidout.
(2) En russe dans le texte.
(3) Textuellement “ avec sept yeux ”.
(4) Vraisemblablement d’un autre continent, avec le secrétariat du Rabbi.
(5) Ils sont redevables envers les autres.
(6) De la ‘Hassidout.
(7) De la réalité.