Lettre n° 432

Par la grâce de D.ieu,
3 Tévet 5709,

Au ‘Hassid érudit, qui craint D.ieu,
le Rav I. N.(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre, qui n’était pas datée.

Mes nombreuses occupations, en particulier la préparation, pour l’impression du Tséma’h Tsédek sur Chemot, sur le modèle du Or Hatorah Béréchit, mais avec quelques notes et références, ne me permettent pas de répondre ici à toutes vos questions, d’autant que je ne souhaite pas retarder l’envoi de la lettre, que vous trouverez ci-jointe, pour le Rav Y. Gordon(2).

Je ne répondrai donc qu’à certaines de ces questions. Par la suite, au fur et à mesure, je traiterai, à mon humble avis, des autres questions:

A) La divine Providence: D.ieu, par Sa connaissance propre, perçoit tous les minéraux, végétaux, animaux et humains, de même que toutes les situations auxquelles ils sont confrontés. Mais, y a-t-il, en outre, selon l’enseignement du Baal Chem Tov, une finalité spécifique à chaque détail les constituant?

Réponse: Je vous ai déjà écrit, dans ma précédente lettre(3), qu’un discours ‘hassidique de 5696(4) permet d’établir que c’est effectivement le cas.

Il faut, en l’occurrence, distinguer quatre notions, création, providence, connaissance, finalité. Avant même la révélation de l’enseignement du Baal Chem Tov, on savait que D.ieu crée et connaît le moindre détail des minéraux, végétaux, animaux et humains, de même que les situations auxquelles ils sont confrontés.

Le Baal Chem Tov révéla donc que la Providence porte également sur le détail, que le hasard n’existe pas, que chaque événement est voulu par D.ieu. Une créature douée de discernement n’agit pas sans raison. Combien de fois plus doit-il en être ainsi pour D.ieu Lui-même.

Je vous joins ce que j’avais répondu, il y a quelques temps(5) à des questions portant sur la divine Providence et sur les révélations du Baal Chem Tov, en la matière, par rapport à ses prédécesseurs. Au premier paragraphe et à la fin du cinquième, j’indique ce qui est, à mon humble avis, la position de la ‘Hassidout, en citant des références dans les écrits de nos maîtres. Le discours ‘hassidique auquel je faisais allusion auparavant y est également reproduit. Vous voudrez bien me restituer cette lettre, après en avoir pris connaissance.

B) Peut-on appeler plus de sept personnes à la lecture de la Torah, pendant le Chabbat, pour ne pas donner à quelqu’un l’impression d’être mis de côté?

Réponse: Tout dépend, en fait de la nature de cette personne, des conséquences que peut avoir pour elle le sentiment d’être écartée. En la matière, il appartient de juger en fonction de la situation particulière.

Comme vous le savez, la pratique s’est répandue d’ajouter des appelés à la Torah, le Chabbat. En Pologne, il me semble même qu’un dernier appelé(6) est tellement courant que l’on n’envisage même pas qu’il puisse en être autrement.

A l’opposé, nous faisons attention de ne pas augmenter le nombre des appelés à la Torah, y compris le Chabbat. Il semble que cet usage soit basé sur l’enseignement du Tséma’h Tsédek, dans ses responsa Ora’h ‘Haïm, au chapitre 35.

Une telle situation s’est présentée ici, lors d’un Chabbat précédant un mariage. Mon beau-père, le Rabbi Chlita, n’a pas accepté que l’on augmente le nombre des appelés. Il a demandé que l’on organise deux lectures de la Torah, dans deux endroits différents.

La valeur, l’importance et le plaisir d’être attaché au Rabbi, surtout lorsque l’on est séparé de lui par la distance, font que nous devons tous nous efforcer de mettre en pratique les enseignements des maîtres de la ‘Hassidout ‘Habad, leurs usages, leurs gestes, dans la mesure où il nous concerne, ce qui exclut, bien évidemment, les coutumes qui leur sont propres.

Vous voudrez bien m’excuser car je dois conclure, pour cette fois-ci.

Vous transmettrez mon salut à toute la communauté,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Israël Noa’h Bélinitski. Voir les lettres n°405 et 717.
(2) Le Rav Yo’hanan Gordon, qui fut, par la suite, membre du secrétariat du Rabbi.
(3) La lettre n°417.
(4) 1936, du précédent Rabbi.
(5) Il s’agit de la lettre n°94.
(6) Après les sept nécessaires.