Lettre n° 4309
Par la grâce de D.ieu,
8 Iyar 5716,
Brooklyn, New York,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
issu d’une illustre famille, le Rav C. Z.(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je vous écris avec beaucoup de peine, à la suite des événements de Kfar ‘Habad, alors que mon cœur souffre pour les victimes. Peut-être trouverez-vous, dans la présente, des expressions inhabituelles, mais l’homme qui a de la peine n’est plus le même. Vous comprendrez sûrement mes propos.
Vous avez sans doute eu connaissance du télégramme(3) que j’ai envoyé hier à Kfar ‘Habad. En voici le texte :
“ A chacun et chacune des ‘Hassidim, aux habitants de Kfar ‘Habad, aux institutions qui s’y trouvent, en particulier à l’école professionnelle et à l’école agricole, aux élèves, aux enseignants, aux directeurs, aux responsables et aux parents,
J’ai bon espoir qu’avec l’aide de D.ieu, Qui protège d’un œil ouvert et accorde Sa Providence, vous vous renforcerez contre tous les obstacles, vous multiplierez les constructions individuelles et publiques, vous développerez les institutions en quantité et en qualité.
Dans le calme et avec largesse d’esprit, vous grandirez et agrémenterez l’étude de notre Torah, qui est notre rempart, celui de la Torah de vie et des Paroles du D.ieu de vie, la pratique des Mitsvot, avec joie et enthousiasme, ainsi qu’il est dit : “ On vivra par elles ”.
A partir de Kfar ‘Habad, les sources de la ‘Hassidout, l’enseignement et les actions de nos saints maîtres, se répandront, jusqu’à parvenir à l’extérieur, rapprocher de notre Père Qui se trouve dans les cieux, tous nos frères, les enfants d’Israël, dans la bonté et la miséricorde, révéler la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h, très prochainement.
Je prends part à vos prières et à vos jeûnes. Avec l’aide de D.ieu, je suis convaincu que je participerai bientôt à votre joie véritable, profonde et entière, à la fois matérielle et spirituelle.
M. S. ”
Ma position est donc très claire, pour ce qui concerne les habitants du Kfar. Néanmoins, dans quelle mesure un télégramme et des propos d’encouragement permettront-ils de calmer les esprits traumatisés par cette horrible tragédie ? Tout dépend de l’action concrète qui le suivra. En effet, il ne s’agit pas, en l’occurrence, de rechercher un confort accru, mais bien d’une question de vie ou de mort, qui affecte et angoisse les habitants du Kfar.
Par ma part, j’avais une opinion très tranchée déjà avant cela. En fonction de celle-ci, j’ai proposé et demandé, depuis longtemps, un plan de développement du Kfar. Comme je l’ai maintes fois souligné, mon objectif n’était pas la recherche du bien-être, mais bien un besoin fondamental et vital de grandir, pour le futur de Kfar ‘Habad et de toutes les institutions ‘Habad qui en reçoivent l’influence, directement ou indirectement.
Certains se sont demandés si le plan que je proposais devait être appliqué intégralement. A l’heure actuelle, en revanche, il est évident pour tous que des paroles en l’air, des promesses ou même des actions limitées ne suffiront pas pour rassurer les habitants du Kfar. C’est uniquement en appliquant entièrement mon programme ou même en le dépassant que l’on pourra calmer les esprits, retrouver une vie normale, non pas sous la contrainte, mais de plein gré, dans la tranquillité et la largesse d’esprit, comme je le disais dans ce télégramme.
Je répéterai brièvement les points essentiels que j’ai proposés et demandés, mais qui n’ont malheureusement pas été suivis d’effet. Ce sont les suivants :
A) Je me suis toujours efforcé de faire en sorte que l’on multiplie, par tous les moyens, la population du Kfar et les sources de revenus. J’ai demandé, encouragé la création d’une école professionnelle, d’une école agricole, de la manière la plus large et au plus vite. J’ai eu le regret, la surprise et la peine de constater que, pour des raisons indépendantes de ma volonté, la procédure a été très longue, de la plus grande lenteur.
Aussi douloureux que cela puisse être, je dois dire que la raison en dépend des organismes et des administrations concernés, en Terre Sainte, de ceux qui ont le pouvoir de réaliser tout cela. En effet, ils ont été en proie à l’hésitation, comme un commerçant, avant de s’engager dans une transaction. Quel montant prêter ? A quelles conditions ? Quelles diminutions imposer ?
Bien plus, malgré les promesses qui m’ont été faites ici, quoique de manière officieuse, la parole donnée n’a pas été tenue et la main a été refermée là où elle aurait dû être largement ouverte. On a pratiqué ainsi, de manière particulièrement sévère.
Je n’ignore pas la situation financière difficile de ces administrations. Mais, je sais et j’observe que, quand il s’agit de la diaspora et de réalisations beaucoup moins importantes, non pas uniquement de mon point de vue, que l’école professionnelle ou l’école agricole de Kfar ‘Habad, en notre Terre Sainte, il n’y a pas de réduction de crédits, à la différence de ce qui est imposé au Kfar. L’argument de l’absence du financement disparaît donc.
Bien plus, la nécessité d’élargir le réfectoire ou de construire des bâtiments pour ces écoles n’est pas une fin en soi. Il s’agit de préparer le développement du Kfar. En effet, ceci aurait rassuré et encouragé ses habitants, hommes, femmes et enfants, avec tout leur entourage.
B) Il en est de même pour les constructions du nouveau Kfar, pour lesquels il est nécessaire d’adopter la même approche, laquelle, de fait, correspond bien à la réalité. Car, en l’occurrence, il ne s’agit pas de hâter cette édification pour des raisons de confort, mais bien de permettre le développement du Kfar.
En outre, il est clair que l’on pouvait encore habiter dans les anciens bâtiments et que l’on aurait ainsi ajouté des habitants au Kfar. Or, si l’on avait adopté cette optique au lieu de raisonner à l’économie et à la réduction de crédits, nous aurions pu entamer déjà les négociations relatives à la troisième tranche.
C) Le paragraphe B est également la raison pour laquelle j’ai demandé que le second Kfar soit à proximité de l’actuel. Tout d’abord, l’installation dans le nouveau Kfar aurait été facilitée, puisque la vie y aurait été la même que dans l’ancien. De plus, les habitants de l’ancien Kfar auraient été largement encouragés en constatant qu’ils constituent un point central, autour duquel se réunissent plusieurs implantations, adoptant le même mode de vie qu’eux et s’encourageant mutuellement.
Bien évidemment, je comprends parfaitement l’idée et l’effort requis pour peupler le nouveau Kfar, dans la bande de Lakish ou en un autre endroit. Mais, si l’on avait mis en balance la perte occasionnée pour ‘Habad et l’intérêt d’installer cent familles dans cette région, puisque c’est bien de cela qu’il était question dans un premier temps, on aurait vu qu’il n’y avait nulle comparaison entre ces deux situations.
Je me souviens aussi de l’explication selon laquelle les terrains autour de Kfar ‘Habad appartiennent à d’autres, à la compagnie Mehadrin. Mais, je sais que l’on trouve, chaque jour, des solutions à de tels problèmes, sans difficulté particulière, surtout dans la situation que connaît actuellement la Terre Sainte.
D) Je dois ajouter un autre point, même si je ne sais pas dans quelle mesure ceci correspond à la réalité. Néanmoins, l’argument m’a été présenté et je vous le transmets donc. La protection, au Kfar, est insuffisante et celui-ci est comme un champ ouvert. De plus, il est entouré de vergers, qui servent de cachettes lors des incursions(4).
Il n’y a pas là, de ma part, un reproche ou de la morale, ce qu’à D.ieu ne plaise et, à n’en pas douter, vous ne me soupçonnerez pas de cela. Comme vous le savez, la morale ne fait pas partie des conceptions de Loubavitch. En fait, je veux dire qu’au moins à l’avenir, et de façon immédiate, on doit commencer à ressentir un changement fondamental de la situation qui vient d’être décrite(5).
Avant tout, les habitants de Kfar ‘Habad, avec leur femme et leurs enfants, doivent pouvoir constater, de leurs propres yeux, que la relation avec leur village a été modifiée. Quand ils verront et s’apercevront que les administrations et les amis ont pris conscience et sont passés à l’action, en élargissant leur soutien, ils seront plus attachés au Kfar et, non seulement ce dramatique événement ne provoquera pas le découragement et l’impuissance, ce qu’à D.ieu ne plaise, mais bien plus, la profondeur de leur âme, une âme ‘Habad, se mettra en éveil. Ils verront alors que la chute les a conduits à une considérable élévation.
Bien évidemment, la condition à remplir, pour tout cela, est, comme je l’ai dit, d’agir concrètement, avec empressement, afin de multiplier les institutions et la population du Kfar, les moyens d’assurer sa subsistance, la sécurité, la garde et la protection.
Je sais, bien sûr, qu’une partie de ce qui vient d’être dit ne peut être obtenu par une intervention directe auprès des administrations auprès desquelles vous exercez votre activité. Néanmoins, la divine Providence a fait que vous soyez l’un de ceux qui sont à l’origine de la création du Kfar. Vous êtes intervenu, avec diligence, pour le développer. Sa fondation, son expansion et son futur dépendent donc directement de vous.
En conséquence, je suis convaincu que vous avez la possibilité d’intervenir et d’agir, en la matière. En effet, vous êtes personnellement impliqué et le Saint béni soit-Il attend une action, de la part d’un homme, uniquement en fonction des forces qu’Il lui accorde.
Vous pouvez vous demander quelle est la particularité de Kfar ‘Habad, justifiant que l’on dépasse la ligne de la loi, qu’on l’agrandisse et qu’on le développe, au-delà de la mesure. La réponse est la suivante. Tout d’abord, l’ensemble des paragraphes de cette lettre ne nécessitera pas un financement important, qui ne puisse être réuni. Autre point, qui est essentiel, Kfar ‘Habad a effectivement un caractère exceptionnel et ses habitants sont particuliers. En effet, après vingt cinq ans d’asservissement, dans le régime communiste, ils sont sortis, intègres en leur foi et fermes, en leur esprit. Ils ont pu s’installer en Terre Sainte, en renforçant l’esprit contre la matière. Ils peuvent donc servir d’exemples et de modèles à cette génération orpheline.
Vous gardez sans doute le souvenir de ce dont nous avons parlé, quand vous étiez ici. Il est indispensable que la jeunesse d’Erets Israël soit guidée et renforcée, moralement, afin de ne pas tomber dans les filets des idéologies destructrices, voulant s’en prendre à leur âme, en particulier en Terre Sainte. Il y a donc bien quelque chose à faire, en la matière.
On peut ajouter que Kfar ‘Habad est l’une des rares implantations, pour ne pas dire la seule, à laquelle ses habitants sont restés fidèles, malgré les difficultés, les voiles et les obstacles. Ils ont fait preuve d’une discipline exemplaire. Pour la plupart, ils ne me connaissent pas personnellement. Et, j’ai bon espoir qu’ils feront preuve du même courage, à l’avenir. Mais, il ne faut pas se voiler la face. La situation de Kfar ‘Habad est, à l’heure actuelle, particulièrement sérieuse. Si l’on tient compte du fait que nombre d’entre eux ont des amis et des proches qui se sont installés dans d’autres pays, d’une manière infiniment plus agréable et aisée, si l’on sait qu’ils correspondent avec eux et leur rendent visite, l’épreuve est, pour eux, d’autant plus forte.
J’espère qu’à l’avenir, je pourrais encore, avec l’aide de D.ieu, préserver l’intégrité du Kfar, son développement et son expansion. Néanmoins, chacun d’entre nous dit, chaque jour et dès le début du jour, dans la prière : “ Ne nous soumets pas à l’épreuve ”.
Je conclus en précisant que mon but n’est pas d’exercer des pressions, ce qu’à D.ieu ne plaise. Le télégramme que j’ai envoyé avant même de vous écrire et de recevoir votre réponse en fait la preuve. En d’autres termes, je ferai, en tout état de cause, avec l’aide de D.ieu, tout ce qui est en mon pouvoir pour assumer la responsabilité qui m’incombe. Pour autant, j’ai bon espoir que tous les amis de ‘Habad se trouvant sur place, a fortiori ceux qui sont d’origine ‘Habad et, en particulier, ceux qui sont conscients de ces origines(6), leur suggérant des sentiments qui les conduisent à agir, de manière chaque jour accrue, sauront de quels moyens ils disposent et quel est le besoin du moment. Ils feront tout ce qui est possible et même encore plus que cela.
De la sorte, je suis convaincu que tout sera fructueux, agréable et positif. Chacun et chacune pourra dire fermement, avec un cœur joyeux : “ Je Te rends grâce, Eternel, car Tu m’as réprimandé(7) ”, “ Il a donné l’élévation… ”.
Dans l’attente de vos bonnes nouvelles, je conclus en vous adressant mes respects et ma bénédiction.
Notes
(1) Chnéor Zalman Chazar. Voir, à son propos, les lettres n°3919, 4554 et 4728.
(2) L’attentat qui y a été perpétré. Voir, à ce sujet, la lettre n°4281 et l’avant propos.
(3) Il s’agit de la lettre n°4303.
(4) Des terroristes.
(5) Afin de redonner du courage aux habitants de Kfar ‘Habad, après cet attentat.
(6) Comme c’est le cas du destinataire de cette lettre.
(7) Puisque l’on verra alors les conséquences positives qu’a pu avoir ce drame.
8 Iyar 5716,
Brooklyn, New York,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
issu d’une illustre famille, le Rav C. Z.(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je vous écris avec beaucoup de peine, à la suite des événements de Kfar ‘Habad, alors que mon cœur souffre pour les victimes. Peut-être trouverez-vous, dans la présente, des expressions inhabituelles, mais l’homme qui a de la peine n’est plus le même. Vous comprendrez sûrement mes propos.
Vous avez sans doute eu connaissance du télégramme(3) que j’ai envoyé hier à Kfar ‘Habad. En voici le texte :
“ A chacun et chacune des ‘Hassidim, aux habitants de Kfar ‘Habad, aux institutions qui s’y trouvent, en particulier à l’école professionnelle et à l’école agricole, aux élèves, aux enseignants, aux directeurs, aux responsables et aux parents,
J’ai bon espoir qu’avec l’aide de D.ieu, Qui protège d’un œil ouvert et accorde Sa Providence, vous vous renforcerez contre tous les obstacles, vous multiplierez les constructions individuelles et publiques, vous développerez les institutions en quantité et en qualité.
Dans le calme et avec largesse d’esprit, vous grandirez et agrémenterez l’étude de notre Torah, qui est notre rempart, celui de la Torah de vie et des Paroles du D.ieu de vie, la pratique des Mitsvot, avec joie et enthousiasme, ainsi qu’il est dit : “ On vivra par elles ”.
A partir de Kfar ‘Habad, les sources de la ‘Hassidout, l’enseignement et les actions de nos saints maîtres, se répandront, jusqu’à parvenir à l’extérieur, rapprocher de notre Père Qui se trouve dans les cieux, tous nos frères, les enfants d’Israël, dans la bonté et la miséricorde, révéler la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h, très prochainement.
Je prends part à vos prières et à vos jeûnes. Avec l’aide de D.ieu, je suis convaincu que je participerai bientôt à votre joie véritable, profonde et entière, à la fois matérielle et spirituelle.
M. S. ”
Ma position est donc très claire, pour ce qui concerne les habitants du Kfar. Néanmoins, dans quelle mesure un télégramme et des propos d’encouragement permettront-ils de calmer les esprits traumatisés par cette horrible tragédie ? Tout dépend de l’action concrète qui le suivra. En effet, il ne s’agit pas, en l’occurrence, de rechercher un confort accru, mais bien d’une question de vie ou de mort, qui affecte et angoisse les habitants du Kfar.
Par ma part, j’avais une opinion très tranchée déjà avant cela. En fonction de celle-ci, j’ai proposé et demandé, depuis longtemps, un plan de développement du Kfar. Comme je l’ai maintes fois souligné, mon objectif n’était pas la recherche du bien-être, mais bien un besoin fondamental et vital de grandir, pour le futur de Kfar ‘Habad et de toutes les institutions ‘Habad qui en reçoivent l’influence, directement ou indirectement.
Certains se sont demandés si le plan que je proposais devait être appliqué intégralement. A l’heure actuelle, en revanche, il est évident pour tous que des paroles en l’air, des promesses ou même des actions limitées ne suffiront pas pour rassurer les habitants du Kfar. C’est uniquement en appliquant entièrement mon programme ou même en le dépassant que l’on pourra calmer les esprits, retrouver une vie normale, non pas sous la contrainte, mais de plein gré, dans la tranquillité et la largesse d’esprit, comme je le disais dans ce télégramme.
Je répéterai brièvement les points essentiels que j’ai proposés et demandés, mais qui n’ont malheureusement pas été suivis d’effet. Ce sont les suivants :
A) Je me suis toujours efforcé de faire en sorte que l’on multiplie, par tous les moyens, la population du Kfar et les sources de revenus. J’ai demandé, encouragé la création d’une école professionnelle, d’une école agricole, de la manière la plus large et au plus vite. J’ai eu le regret, la surprise et la peine de constater que, pour des raisons indépendantes de ma volonté, la procédure a été très longue, de la plus grande lenteur.
Aussi douloureux que cela puisse être, je dois dire que la raison en dépend des organismes et des administrations concernés, en Terre Sainte, de ceux qui ont le pouvoir de réaliser tout cela. En effet, ils ont été en proie à l’hésitation, comme un commerçant, avant de s’engager dans une transaction. Quel montant prêter ? A quelles conditions ? Quelles diminutions imposer ?
Bien plus, malgré les promesses qui m’ont été faites ici, quoique de manière officieuse, la parole donnée n’a pas été tenue et la main a été refermée là où elle aurait dû être largement ouverte. On a pratiqué ainsi, de manière particulièrement sévère.
Je n’ignore pas la situation financière difficile de ces administrations. Mais, je sais et j’observe que, quand il s’agit de la diaspora et de réalisations beaucoup moins importantes, non pas uniquement de mon point de vue, que l’école professionnelle ou l’école agricole de Kfar ‘Habad, en notre Terre Sainte, il n’y a pas de réduction de crédits, à la différence de ce qui est imposé au Kfar. L’argument de l’absence du financement disparaît donc.
Bien plus, la nécessité d’élargir le réfectoire ou de construire des bâtiments pour ces écoles n’est pas une fin en soi. Il s’agit de préparer le développement du Kfar. En effet, ceci aurait rassuré et encouragé ses habitants, hommes, femmes et enfants, avec tout leur entourage.
B) Il en est de même pour les constructions du nouveau Kfar, pour lesquels il est nécessaire d’adopter la même approche, laquelle, de fait, correspond bien à la réalité. Car, en l’occurrence, il ne s’agit pas de hâter cette édification pour des raisons de confort, mais bien de permettre le développement du Kfar.
En outre, il est clair que l’on pouvait encore habiter dans les anciens bâtiments et que l’on aurait ainsi ajouté des habitants au Kfar. Or, si l’on avait adopté cette optique au lieu de raisonner à l’économie et à la réduction de crédits, nous aurions pu entamer déjà les négociations relatives à la troisième tranche.
C) Le paragraphe B est également la raison pour laquelle j’ai demandé que le second Kfar soit à proximité de l’actuel. Tout d’abord, l’installation dans le nouveau Kfar aurait été facilitée, puisque la vie y aurait été la même que dans l’ancien. De plus, les habitants de l’ancien Kfar auraient été largement encouragés en constatant qu’ils constituent un point central, autour duquel se réunissent plusieurs implantations, adoptant le même mode de vie qu’eux et s’encourageant mutuellement.
Bien évidemment, je comprends parfaitement l’idée et l’effort requis pour peupler le nouveau Kfar, dans la bande de Lakish ou en un autre endroit. Mais, si l’on avait mis en balance la perte occasionnée pour ‘Habad et l’intérêt d’installer cent familles dans cette région, puisque c’est bien de cela qu’il était question dans un premier temps, on aurait vu qu’il n’y avait nulle comparaison entre ces deux situations.
Je me souviens aussi de l’explication selon laquelle les terrains autour de Kfar ‘Habad appartiennent à d’autres, à la compagnie Mehadrin. Mais, je sais que l’on trouve, chaque jour, des solutions à de tels problèmes, sans difficulté particulière, surtout dans la situation que connaît actuellement la Terre Sainte.
D) Je dois ajouter un autre point, même si je ne sais pas dans quelle mesure ceci correspond à la réalité. Néanmoins, l’argument m’a été présenté et je vous le transmets donc. La protection, au Kfar, est insuffisante et celui-ci est comme un champ ouvert. De plus, il est entouré de vergers, qui servent de cachettes lors des incursions(4).
Il n’y a pas là, de ma part, un reproche ou de la morale, ce qu’à D.ieu ne plaise et, à n’en pas douter, vous ne me soupçonnerez pas de cela. Comme vous le savez, la morale ne fait pas partie des conceptions de Loubavitch. En fait, je veux dire qu’au moins à l’avenir, et de façon immédiate, on doit commencer à ressentir un changement fondamental de la situation qui vient d’être décrite(5).
Avant tout, les habitants de Kfar ‘Habad, avec leur femme et leurs enfants, doivent pouvoir constater, de leurs propres yeux, que la relation avec leur village a été modifiée. Quand ils verront et s’apercevront que les administrations et les amis ont pris conscience et sont passés à l’action, en élargissant leur soutien, ils seront plus attachés au Kfar et, non seulement ce dramatique événement ne provoquera pas le découragement et l’impuissance, ce qu’à D.ieu ne plaise, mais bien plus, la profondeur de leur âme, une âme ‘Habad, se mettra en éveil. Ils verront alors que la chute les a conduits à une considérable élévation.
Bien évidemment, la condition à remplir, pour tout cela, est, comme je l’ai dit, d’agir concrètement, avec empressement, afin de multiplier les institutions et la population du Kfar, les moyens d’assurer sa subsistance, la sécurité, la garde et la protection.
Je sais, bien sûr, qu’une partie de ce qui vient d’être dit ne peut être obtenu par une intervention directe auprès des administrations auprès desquelles vous exercez votre activité. Néanmoins, la divine Providence a fait que vous soyez l’un de ceux qui sont à l’origine de la création du Kfar. Vous êtes intervenu, avec diligence, pour le développer. Sa fondation, son expansion et son futur dépendent donc directement de vous.
En conséquence, je suis convaincu que vous avez la possibilité d’intervenir et d’agir, en la matière. En effet, vous êtes personnellement impliqué et le Saint béni soit-Il attend une action, de la part d’un homme, uniquement en fonction des forces qu’Il lui accorde.
Vous pouvez vous demander quelle est la particularité de Kfar ‘Habad, justifiant que l’on dépasse la ligne de la loi, qu’on l’agrandisse et qu’on le développe, au-delà de la mesure. La réponse est la suivante. Tout d’abord, l’ensemble des paragraphes de cette lettre ne nécessitera pas un financement important, qui ne puisse être réuni. Autre point, qui est essentiel, Kfar ‘Habad a effectivement un caractère exceptionnel et ses habitants sont particuliers. En effet, après vingt cinq ans d’asservissement, dans le régime communiste, ils sont sortis, intègres en leur foi et fermes, en leur esprit. Ils ont pu s’installer en Terre Sainte, en renforçant l’esprit contre la matière. Ils peuvent donc servir d’exemples et de modèles à cette génération orpheline.
Vous gardez sans doute le souvenir de ce dont nous avons parlé, quand vous étiez ici. Il est indispensable que la jeunesse d’Erets Israël soit guidée et renforcée, moralement, afin de ne pas tomber dans les filets des idéologies destructrices, voulant s’en prendre à leur âme, en particulier en Terre Sainte. Il y a donc bien quelque chose à faire, en la matière.
On peut ajouter que Kfar ‘Habad est l’une des rares implantations, pour ne pas dire la seule, à laquelle ses habitants sont restés fidèles, malgré les difficultés, les voiles et les obstacles. Ils ont fait preuve d’une discipline exemplaire. Pour la plupart, ils ne me connaissent pas personnellement. Et, j’ai bon espoir qu’ils feront preuve du même courage, à l’avenir. Mais, il ne faut pas se voiler la face. La situation de Kfar ‘Habad est, à l’heure actuelle, particulièrement sérieuse. Si l’on tient compte du fait que nombre d’entre eux ont des amis et des proches qui se sont installés dans d’autres pays, d’une manière infiniment plus agréable et aisée, si l’on sait qu’ils correspondent avec eux et leur rendent visite, l’épreuve est, pour eux, d’autant plus forte.
J’espère qu’à l’avenir, je pourrais encore, avec l’aide de D.ieu, préserver l’intégrité du Kfar, son développement et son expansion. Néanmoins, chacun d’entre nous dit, chaque jour et dès le début du jour, dans la prière : “ Ne nous soumets pas à l’épreuve ”.
Je conclus en précisant que mon but n’est pas d’exercer des pressions, ce qu’à D.ieu ne plaise. Le télégramme que j’ai envoyé avant même de vous écrire et de recevoir votre réponse en fait la preuve. En d’autres termes, je ferai, en tout état de cause, avec l’aide de D.ieu, tout ce qui est en mon pouvoir pour assumer la responsabilité qui m’incombe. Pour autant, j’ai bon espoir que tous les amis de ‘Habad se trouvant sur place, a fortiori ceux qui sont d’origine ‘Habad et, en particulier, ceux qui sont conscients de ces origines(6), leur suggérant des sentiments qui les conduisent à agir, de manière chaque jour accrue, sauront de quels moyens ils disposent et quel est le besoin du moment. Ils feront tout ce qui est possible et même encore plus que cela.
De la sorte, je suis convaincu que tout sera fructueux, agréable et positif. Chacun et chacune pourra dire fermement, avec un cœur joyeux : “ Je Te rends grâce, Eternel, car Tu m’as réprimandé(7) ”, “ Il a donné l’élévation… ”.
Dans l’attente de vos bonnes nouvelles, je conclus en vous adressant mes respects et ma bénédiction.
Notes
(1) Chnéor Zalman Chazar. Voir, à son propos, les lettres n°3919, 4554 et 4728.
(2) L’attentat qui y a été perpétré. Voir, à ce sujet, la lettre n°4281 et l’avant propos.
(3) Il s’agit de la lettre n°4303.
(4) Des terroristes.
(5) Afin de redonner du courage aux habitants de Kfar ‘Habad, après cet attentat.
(6) Comme c’est le cas du destinataire de cette lettre.
(7) Puisque l’on verra alors les conséquences positives qu’a pu avoir ce drame.