Lettre n° 4283

Par la grâce de D.ieu,
4 Iyar 5716,
Brooklyn,

A Chlomo, qui est appelé docteur Heidelberg,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre du 28 Sivan et vos livres sur les responsa de Rabbénou Guerchon Maor Ha Gola, de même que le fascicule du docteur ‘Haïm Beinart(1). Comme vous me le demandez, je lui en accuserai réception. Je vous remercie pour tout cela.

En fonction de ce que mon temps m’a permis et en signe d’appréciation, j’ai feuilleté les responsa de Rabbénou Guerchon Maor Ha Gola. Il apparaît, à l’évidence, que vous y avez investi beaucoup d’efforts. Puisse D.ieu faire que s’accomplisse en vous l’affirmation de nos Sages selon laquelle grande est l’étude qui conduit à l’action.

L’étude et l’action sont “ plus longue que la terre ” et il est dit que “ Ta Mitsva est très large ”. Aussi bonne que puisse être votre situation actuelle, dans ces deux domaines, il est donc possible d’ajouter, de faire mieux, à l’infini.

Il est sûrement inutile de vous conseiller la largesse envers les autres, que vous conduirez à l’étude de notre Torah, afin d’enseigner, de garder, de faire et d’accomplir. Bien plus, on peut constater, précisément à notre époque, une recherche de la vérité, après la déception qu’ont suscitée les idéaux des différents partis et des autres nations. Aucune période n’a été plus propice que celle-ci, en particulier pour celui qui est capable de guider positivement son entourage.

Vous avez sûrement entendu ce que l’on rapporte et qui est édité, en différents endroits, au nom d’un Grand de notre peuple. Pourquoi est-ce précisément Rabbénou Guerchon qui a été appelé Maor Ha Gola(2) ? Parce que les deux institutions introduites par lui illuminent le peuple juif, pendant le temps de l’exil.

Il est donc Maor Ha Gola, parce que “ il instaura que l’on ne puisse avoir une seconde épouse et que l’on ne puisse divorcer sans le consentement de la femme. En conséquence, il n’y a pas lieu de craindre que D.ieu nous échange contre un autre peuple. Il ne peut pas nous contraindre à divorcer. Et, le prophète dit : ‘Où est l’acte de divorce de votre mère ?’. Nous avons foi en ce qu’Il a dit : ‘Vous Me serez propices…’ et Il ne choisira donc pas un autre peuple, car Il ne peut avoir une seconde épouse, si l’on peut s’exprimer ainsi. C’est à ce propos qu’il est dit : ‘Tu M’es uni pour l’éternité’. ”

Telle fut l’erreur des érudits d’Israël, à une certaine période(3), qui faisaient des recherches sur l’écriture cunéiforme, sur les lois de Hammourabi et sur une culture défunte. Il leur était donc impossible de parvenir à des conclusions justes(4). Il est clair que l’on a une approche différente de ce qui est vivant, que l’on s’y prépare de manière différente.

Certes, logiquement, ces deux éléments(5) sont indépendants. Pour autant, on peut observer que le contraire est vrai, comme l’établit un court dicton de nos Sages. Pourquoi la Hala’ha retient-elle son avis(6) ? Non pas du fait de la profondeur de sa compréhension et de son raisonnement, par rapport à ceux des autres, mais bien parce que “ D.ieu est avec lui ”, comme le dit le traité Sanhédrin 92b. Et, à propos des hommes saints d’Israël, bien que “ l’un et l’autre expriment l’avis du D.ieu de vie ”, celui qui a le mérite de voir la Hala’ha retenir son opinion est agréable et conciliant(7), alors que l’autre(8) est plus acerbe, comme le précise le traité Erouvin 13b.

Ceci nous permettra de comprendre un enseignement de nos Sages qui peut paraître surprenant. On étudie la Torah après la prière, comme le dit le traité Bera’hot 5b. Or, celle-ci est une Torah de vie et une Torah de vérité(9), comme l’explique le Likouteï Torah de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, Devarim, à la page 96c.

Avec ma bénédiction de réussite en tout ce qui vient d’être dit et pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,

Notes

(1) Voir, à ce sujet, la lettre n°4463.
(2) Le luminaire de l’exil.
(3) Ceci fait suite au paragraphe précédent, affirmant le caractère propice de cette période.
(4) Car, ils observaient le Judaïsme comme un héritage du passé.
(5) L’analyse intellectuelle et la vie.
(6) Celui du Sage dont l’avis est adopté.
(7) Comme on le dit à propos de Beth Hillel.
(8) En l’occurrence Beth Chamaï.
(9) Et, il faudrait donc l’étudier avant même la prière. En fait, pour la comprendre, il faut être conciliant, ce qui est possible grâce à la prière.