Lettre n° 4253

Par la grâce de D.ieu,
27 Nissan 5716,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu votre lettre, qui faisait suite à une interruption particulièrement longue. Je vous remercie de la bonne nouvelle que vous m’annoncez, l’amélioration de votre état de santé.

Vous évoquez les réunions ‘hassidiques, dont on peut observer les fruits de ses yeux de chair. Néanmoins, ceux-ci ne sont rien, comparés aux véritables fruits, même si le mauvais penchant sème le trouble par différents moyens. L’un d’entre eux consiste à se demander si de telles réunions ont réellement une utilité. Les discours et les causeries ‘hassidiques précisent de quelle manière il intervient, dans ce domaine.

Vous me rapportez les propos de votre médecin traitant, concernant votre état de santé et vous soulignez la difficulté de votre travail, d’autant que vous menez conjointement les activités de ‘Habad. En conséquence, vous craignez de vous voir contraint à réduire ces activités.

Je suis surpris que vous ne ressentiez pas l’obscurité profonde de la période de l’exil, même lorsque l’on vous montre les choses du doigt. En effet, vous parvenez à des conclusions qui sont à l’opposé de ce qu’elles devraient être, contredisant même la logique élémentaire. Si vous méditiez à ce que je vous ai écrit et que vous avez lu, lors de la réception de ma lettre, en évitant la corruption induite par la mauvaise volonté, vous auriez vu que tout cela n’est pas pour vous.

Mais, je n’ai pas eu le mérite que mes paroles soient acceptées. En conséquence, un médecin est venu et il vous a dit la même chose que moi, mais dans des termes beaucoup plus vifs. Bien évidemment, il a fait référence au corps et non à l’âme. Or, cela est également resté sans utilité et vous m’excuserez de constater que vous avez décidé de vous en tenir aux conclusions inverses, d’abandonner ce que vous avez fait jusqu’à maintenant, dans le domaine de ‘Habad et de camper sur votre position.

Je ne sais pas si le développement de mon propos serait d’une quelconque utilité. On vous a montré du doigt ce qu’est votre activité et on le fait encore. Puisse D.ieu faire que, très prochainement, dans la bonté et la miséricorde, vous commenciez à assumer ce qui est votre mission véritable, dans l’endroit où vous vous trouvez actuellement. Celle-ci vous a été confiée dès que vous y êtes arrivé et toutes les autres considérations sont strictement accessoires. Vous le ferez donc dans la joie et l’enthousiasme, car vous aurez enfin compris ce que l’on veut vous dire.

Il est clair que je ne perds pas de vue la nécessité pour vous de gagner votre vie, mais la Yechiva peut vous fournir les moyens de vivre honorablement, avec les membres de votre famille. Bien plus, votre intérêt ira au-delà du salaire que vous recevez. Si vous aviez procédé de la sorte, il y a deux ou trois ans, votre situation aurait été matériellement plus saine et votre entourage, spirituellement plus sain. Tout ne dépend que de votre volonté.

Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,

N. B. : Ces propos ont une portée “ générale ” et il n’est donc pas exclu que certains commerçants “ avisés ”, parmi les ‘Hassidim de votre ville, tentent de vous expliquer que ma position ne leur convient pas, que tout cela n’est pas élégant, pour des personnes de même origine. Vous pouvez, en mon nom, leur faire la réponse suivante.

De fait, je considère que tous les ‘Hassidim, venus de Russie, doivent tirer les moyens de leur subsistance de leur action directe au profit de la Yechiva. En effet, ils reçoivent la bénédiction, en tout état de cause, par son intermédiaire. Néanmoins, ils s’entêtent à gagner leur vie en empruntant un chemin grossier, en faisant du commerce dans les marchés et dans les rues, ce qui leur impose des tracas effroyables. Ils multiplient donc les voiles et les obstacles, car la bénédiction doit franchir différentes étapes avant de leur parvenir. Bien plus, une partie en est perdue et il y en résulte des circonstances malheureuses, par exemple la nécessité de payer des médecins. Vous devez comprendre ce que je veux dire.

Que D.ieu fasse qu’au moins à l’avenir, vous gagniez votre vie de cette façon, en réduisant les voiles et les obstacles. De la sorte, vous pourrez satisfaire plus largement vos besoins et ceux des membres de votre famille, y compris dans le domaine matériel. Vous serez satisfait et vous éviterez les tracas. En outre, vous pourrez investir vos connaissances, vos forces et votre énergie dans des domaines véritables.

Point n’est besoin d’en dire plus, tant cela est évident. Mais, c’est précisément là que réside tout le problème. Chacun comprend parfaitement cette situation quand il la lit dans un livre ou l’explique à quelqu’un d’autre, qu’elle concerne. En revanche, lorsqu’il s’agit de sa propre personne, toute cette analyse n’est plus d’aucune utilité. Vous devez comprendre ce que je veux dire.

Il est bien clair que je ne vous en veux pas. Néanmoins, il est grand temps de reconnaître la vérité, même si elle était uniquement posée sur la table et, a fortiori, quand elle constitue une évidence incontestable, comme nous venons de le montrer.

Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,