Lettre n° 4240

Par la grâce de D.ieu,
23 Nissan 5716,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 5 Nissan, faisant état de votre bilan moral. Vous parvenez à la conclusion que vous ne ressentez pas votre avancement dans le service et la crainte de D.ieu à la mesure de votre étude de la Torah.

Nos Sages enseignent, au traité Avoda Zara 19a, que l’on étudie la Torah en deux temps. En effet, on apprend d’abord “ la Torah de D.ieu ” puis, par la suite, “ sa Torah(1) ”. C’est alors que l’on atteint le sommet de l’étude.

Certes, on peut s’interroger. Comment la “ Torah de D.ieu ” peut-elle devenir “ sa Torah ” ? Il n’y a pourtant rien de commun entre Celui Qui donne la Torah et celui qui l’étudie, entre le Créateur et la créature. Et, s’il est impossible qu’un éléphant traverse le chas d’une aiguille, même dans un rêve, alors que l’un et l’autre sont limités, combien plus en est-il ainsi pour la créature et le Créateur, Qui est véritablement infini, Qui n’est qu’un avec Sa Sagesse et Sa Torah, comme l’expliquent longuement le Rambam et le Tanya, dans Chaar Ha Y’houd Ve Ha Emouna.

Pourtant, il en est bien ainsi, par un effet de la bonté du Saint béni soit-Il, Qui est tout puissant, pour Lequel rien n’est impossible. Aussi, pour que la “ Torah de D.ieu ” devienne “ sa Torah ”, il faut Le servir et une étude purement intellectuelle n’est nullement suffisante. Ainsi, la Me’hilta dit, à la Parchat Yethro : “ Acceptez d’abord Ma royauté, puis Mes Décrets ”. Et, le traité Bera’hot, au début du second chapitre, précise que, chaque jour, il faut recevoir d’abord le joug de la royauté divine, puis celui de la Torah et des Mitsvot.

Il découle de tout cela que, si l’on ne se prépare pas de la manière qui convient et que nos Sages résument en un dicton court, constatant qu’il fallut, pour recevoir la Torah, dire : “ Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”, si l’étude n’est pas conforme à tout cela(2), elle ne se lie pas réellement à l’homme qui s’y consacre et, dès lors, son effet n’apparaît pas.

Certes, il convient de respecter le libre arbitre et un tel homme poursuivra donc son étude de la Torah. Bien plus, il la comprendra, s’il possède les capacités intellectuelles requises. Telle est, en effet, la situation naturelle et nos Sages disent, dans la Michna, au chapitre 4 du traité Avoda Zara, “ doit-Il perdre Son monde à cause des…(3) ”. Bien plus, l’assurance nous a été donnée que “ nul ne sera repoussé ” et, au final, ces paroles de la Torah le feront effectivement revenir sur le bon chemin. Néanmoins, il peut en être ainsi dans une vie ultérieure, comme le précise le Tanya, à la fin du chapitre 39 et, dans l’intervalle, des dizaines d’années seront perdues.

Il découle de tout cela que l’on doit étudier la Torah avec pureté, en respectant l’immersion rituelle selon Ezra(4), en faisant précéder cette étude par la crainte de D.ieu et l’acceptation du joug de la royauté divine. Mais, même après tout cela, l’aide de D.ieu reste encore nécessaire. Il faut donc donner une pièce à un pauvre. Alors, D.ieu agit, mesure pour mesure(5) et Il accorde la réussite dans l’étude, que l’on soit pauvre ou riche.

Bien entendu, il est difficile d’expliquer tout cela dans le cadre d’une lettre. J’ai, toutefois, bon espoir que ces quelques lignes suffiront, si vous les consultez avec toute l’attention nécessaire.

Vous connaissez sans doute les trois études qui concernent chacun, instaurées par mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Elles portent sur le ‘Houmach, les Tehilim, le Tanya et sont bien connues. Vous les gardez ou, tout au moins, vous le ferez à l’avenir.

Avec ma bénédiction,

Pour le Rabbi Chlita,
Le secrétaire,

Notes

(1) Celle de l’homme qui l’étudie.
(2) Si elle est purement intellectuelle, sans être précédée par la soumission.
(3) Insensés.
(4) Après chaque relation conjugale.
(5) A l’image de ce qui a été accompli.