Lettre n° 4197

Par la grâce de D.ieu,
2 Nissan 5716,
Brooklyn, New York,

A nos frères, les enfants d’Israël et, en particulier,
aux responsables éducatifs, partout où ils se trouvent,
que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue et vous bénis,

Pessa’h, la première fête qui nous fut donnée, concerne, à la fois le peuple d’Israël, dans son ensemble et chaque Juif, en particulier. Sa célébration est spécifiquement liée à l’éducation.

Pour tout Israël, la sortie d’Egypte marqua la naissance en tant que peuple et le début de la préparation pour recevoir la Torah, laquelle délivre un enseignement et constitue le guide de la vie.

A chaque Juif, à titre individuel, la Torah souligne l’importance d’éduquer un enfant, ainsi qu’il est dit : “ Et, tu diras à ton fils ”. L’éducation est, précisément, l’un des aspects déterminants de cette fête.

Pessa’h est donc un moment propice pour méditer au dispositif et aux propriétés de l’éducation, à la manière de la dispenser concrètement, en particulier pendant les fêtes.

Les fêtes, en général et Pessa’h, en particulier, ont de nombreuses lois et coutumes, qui sont alors mises en pratique. En outre, elles marquent de leur influence l’existence quotidienne, tout au long de l’année.

Cette influence, qui est importante pour chaque Juif, devient fondamentale, pour les jeunes et les enfants.

Une telle influence aurait donc dû être renforcée et accrue pendant les fêtes, mais, dans la pratique, pour différentes raisons, les enfants et les élèves, garçons et filles, sont soustraits à celle de la Yechiva supérieure, de la Yechiva élémentaire ou du Talmud Torah, non seulement durant la fête, mais aussi pendant les jours qui la précèdent.

Là où nous vivions auparavant, les vacances des élèves, entre les périodes scolaires, n’était pas dommageables à leur éducation. La rue et, a fortiori, la maison, procuraient à l’enfant et au jeune une atmosphère vivante et chaude de valeurs juives, de pratique des Mitsvot, au quotidien, de la meilleure façon. L’objectif des écoles était alors, essentiellement, de faire acquérir aux élèves la connaissance de la Torah.

A notre époque, en revanche, en particulier, dans ce pays, les institutions scolaires ne se contentent pas de donner aux élèves la connaissance de la Torah et du Judaïsme. Elles doivent, avant tout, implanter en eux la crainte de D.ieu, l’accomplissement des Mitsvot le plus scrupuleux et, plus généralement, le mode de vie du Judaïsme.

Dans ce contexte, le fait d’être soustrait à l’influence des écoles pendant les vacances et, surtout, pendant les fêtes, prive les élèves d’une impulsion dont ils ont un besoin vital, précisément au moment où ils devraient la recevoir de manière la plus large.

Je m’adresse donc à tous ceux qui interviennent dans le domaine éducatif ou pourraient le faire, afin de leur demander de prendre les mesures nécessaires pour rectifier cette situation. Ce sont essentiellement les suivantes :

A) A la veille de la fête ou, tout au moins, à la date la plus rapprochée de celle-ci, on enseignera encore une fois aux enfants, de la manière qui convient, les lois et les coutumes de cette fête, de même que son contenu et ses explications.

B) Il est, en outre, indispensable, pendant la fête, en particulier à ‘Hol Ha Moëd, que les enseignants réunissent les enfants, d’une façon convenable, afin de profiter de ces jours propices pour renforcer l’influence exercée sur les enfants par tout ce qui concerne cette fête, en général et ce qui doit affecter leur comportement, en particulier.

On trouvera sûrement un moyen de surmonter les difficultés et les problèmes qui surgiront, du fait de l’éloignement des enfants ou de leur dispersion. En effet, la réunion, pendant les jours de fête, n’aura pas nécessairement lieu dans les locaux de l’école. De même, la répartition entre les classes et les professeurs importe peu, en la matière, puisqu’il ne s’agit pas d’enseignement. Plusieurs classes peuvent donc être groupées.

C) En outre, les parents ne s’en remettront pas totalement aux écoles. Pour leur part, ils auront conscience, d’une part, que l’influence de la rue est dommageable, d’autre part, qu’une responsabilité accrue leur incombe, lorsque leurs enfants disposent de beaucoup plus de temps libre, pendant les fêtes et les vacances. Pour autant, ils doivent savoir que les forces dont ils disposent sont également accrues.

D.ieu fasse que les garçons et les filles, les enfants appartenant aux quatre catégories définies par la Haggadah se réunissent, autour de la même table, dans le but de mettre en pratique “ les Témoignages, les Décrets et les Jugements que l’Eternel notre D.ieu nous a ordonnés ”, qu’ils posent bien les questions, afin de connaître la véritable réponse de la Torah et de la mettre en pratique.

Ce début de rassemblement des exilés, réunissant les enfants dispersés autour de la même table du Séder, hâtera le début de la délivrance, puis la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h, lorsque s’accomplira le vœu par lequel ce Séder est introduit : “ Cette année, nous sommes esclaves. L’an prochain, nous serons libres ”.

Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,

M. Schneerson,