Lettre n° 413

Par la grâce de D.ieu,
3 ‘Hechvan 5709,

Au distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav I. M. M. Lis(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à vos questions.

A) Nous n’avons pas coutume de dire, à Yom Kippour, les paragraphes Elokénou Velokeï Avoténou et Ribono Chel Olam, précédant et suivant la lecture du sacrifice d’Its’hak(2).

B) On ne dit pas le Ta’hanoun et le Al ‘Heth(3) dans le Chema Israël du coucher, à Yom Kippour, même si celui-ci n’est pas un Chabbat. Mon beau-père, le Rabbi Chlita, dit, à ce propos: "On dit, à Yom Kippour, juste le nombre de Al ‘Heth qu’il faut".

C) Pour quelle raison le premier chapitre du Tanya, citant les qualités que possèdent naturellement tous les Juifs, dit-il qu’ils sont miséricordieux et font le bien, sans mentionner qu’ils sont humbles(4)?

On peut donner, à ce propos, la précision suivante. Le premier chapitre du Tanya décrit la nature des Juifs, telle qu’elle découle de l’âme animale, alors que le chapitre 12 d’Igueret Hakodech définit celle de l’âme divine. Dans ces deux textes, il est dit qu’ils sont miséricordieux et font le bien, alors que leur humilité n’est pas citée.

En effet, la miséricorde et les bienfaits sont issus du domaine de la bonté et de ce qui tend vers lui. A l’opposé, l’humilité émane de la rigueur, qui a pour effet une contraction, selon le Or Hatorah du Tséma’h Tsédek.

Igueret Hakodech montre donc que, dans l’âme juive, le domaine du bien est dominant. C’est pour cela que les Juifs sont miséricordieux et font le bien. A l’opposé, l’orgueil et l’humilité n’ont pas leur place ici, l’un et l’autre émanant de la rigueur.

Le traité Yebamot 79a dit que les enfants d’Israël, par la nature même de leur âme animale, font le bien, sont miséricordieux et humbles, mais cette dernière qualité est différente des deux premières, que les Juifs possèdent depuis toujours. A l’opposé, le traité Beïtsa 25b dit qu’ils forment le plus fier de tous les peuples. Néanmoins, lors de la révélation du Sinaï, la Torah leur ôta toute force et ils devinrent humbles. Dès lors, les pères purent, selon le traité Nedarim 20, transmettre ce caractère à leurs enfants, sans effort de la part de ces derniers.

Vous consulterez, à ce propos, l’explication du Maharcha sur le traité Yebamot. C’est donc pour cela que le premier chapitre du Tanya, mentionnant les qualités naturelles d’Israël, qui émanent de l’âme animale, ne parle pas de leur humilité.

Vous avez sûrement fixé, dans votre ville, une étude publique du Tanya, dans un endroit très fréquenté. De plus, vous étudiez sans doute les causeries et les discours ‘hassidiques de mon beau-père, le Rabbi Chlita, ainsi qu’il est dit "le huitième sera pour vous une convocation sacrée"(5).

En saluant toute votre communauté,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Its’hak Mena’hem Mendel Lis.
(2) Au début de la prière du matin. Ces deux paragraphes sont lus uniquement lorsqu’est dit le Ta’hanoun.
(3) Certains ont coutume de le lire chaque jour.
(4) Voir, à ce propos, la lettre n°326.
(5) Le verset parle de Chemini Atséret, huitième jour de Soukkot. Le Rabbi le cite pour faire allusion au précédent Rabbi, le huitième maître de la ‘Hassidout depuis le Baal Chem Tov.