Lettre n° 4094

Par la grâce de D.ieu,
6 Chevat 5716,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Its’hak(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de l’issue du Chabbat et à la demande de bénédiction qui l’accompagnait et qui sera lue, en un moment propice, près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Puisse D.ieu faire que votre effort, dans tous les domaines que vous mentionnez, soit fructueux et que vous donniez de bonnes nouvelles de tout cela.

Vous m’interrogez sur ce que dit le chapitre 7 du Tanya, à propos de l’élévation des parcelles de sainteté. Le texte précise que “ elles n’en sont pas libérées(2) jusqu’à ce que le jour(3) vienne… ”. Vous objectez, en effet, que l’enfer lave et affine(4).

En effet, l’enfer délivre l’âme humaine de tous les éléments malencontreux qui l’entourent et des taches qui la souillent. En revanche, il n’en réalise pas l’élévation. C’est pour cette raison que l’assujettissement aux nations put être l’alternative de l’enfer, comme l’explique le Midrach(5). Car, celui-ci a pour effet d’améliorer les comportements des hommes. En revanche, il ne transforme pas ce qui émane des trois forces du mal totalement impures, n’en assure pas l’élévation.

Vous faites référence à la ferveur de la prière(6). Il est clair que je n’éprouve pas de rancune, en la matière, ce qu’à D.ieu ne plaise. Puisse D.ieu exaucer vos prières, pour vous-même et pour vos élèves, en particulier quand elles sont ferventes.

Vous connaissez ce récit, rapporté par mon beau-père, le Rabbi. Le Rav I. Salanter demanda au Rabbi Maharach pourquoi les ‘Hassidim prient si longtemps. Le Rabbi lui répondit en rappelant la controverse tendant à déterminer si la prière réalise la moitié(7) ou bien la totalité. On prie donc longtemps pour qu’une moitié soit effectivement suffisante(8).

Vous organiserez sûrement une réunion, au jour de la Hilloula(9), de la manière qui convient. Puisse D.ieu faire que vous connaissiez le succès.

Avec ma bénédiction,

M. Schneerson,

Notes

(1) Le Rav I. Dubov, de Manchester. Voir, à son sujet, la lettre n°3968.
(2) Quand elles sont emprisonnées dans les forces du mal, parce qu’elles se trouvent, par exemple, dans les aliments interdits ou les relations interdites.
(3) Celui de la venue du Machia’h.
(4) Dès maintenant, avant même la venue du Machia’h.
(5) Selon lequel D.ieu donna à Avraham le choix de l’un ou l’autre, pour sa descendance.
(6) Dont il était question dans la lettre n°3968.
(7) Le reste appartenant à D.ieu.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ On peut peut-être avancer l’explication suivante. L’allongement de la prière permet d’atteindre un stade plus élevé, dont la partie la plus inférieure porte en elle tous les stades suivants, comme le dit le Tanya, à la fin du chapitre 13. Cette moitié évoque la répartition entre Ari’h Anpin et Atik Yomin, qui sont les moitiés inférieure et supérieure de Kéter, la couronne surplombant l’enchaînement des mondes. Et, l’on ne peut objecter que la prière du grand Prêtre était courte, car celle-ci est comparable à l’extrémité de la lettre Youd, ou même à la pointe, placée au dessus de cette lettre. Vous consulterez le Midrach Vaykra Rabba, chapitre 10, paragraphe 5 et le traité Bera’hot, 32b et 34a. ”
(9) Du précédent Rabbi, le 10 Chevat.