Lettre n° 403

Par la grâce de D.ieu,
Veille de Roch Hachana 5709,

A mon proche parent, érudit qui craint D.ieu, le Rav H.,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu vos lettres en leur temps et vous me pardonnerez pour le retard avec lequel cette réponse vous parvient. Il est dû à mes nombreuses occupations, qui m’ont conduit à classer les réponses que je dois apporter selon leur degré d’urgence.

Vous m’interrogez sur les discours ‘hassidiques de 5702 et 5700(1), selon lesquels l’expression Koved Roch est expliqué par Rachi de la manière suivante: "Soumission et humilité". Or, vous ne retrouvez pas ce terme d’humilité dans les propos de Rachi.

Une même affirmation figure dans le Sidour Maharid, à propos de la Amida.

Le chapitre 10 d’Igueret Hatechouva et les notes du commentaire de Pirouch Hamilot, du Tséma’h Tsédek, citent effectivement Rachi sans mentionner le mot "humilité".

A mon humble avis, ces discours ‘hassidiques précisent donc les termes de Rachi, en indiquant que la soumission doit conduire à l’humilité, alors que Rabbi Obadya de Bartenora interprète ce mot comme désignant la crainte. Du reste, les notes citées plus haut précisent que les deux explications sont exactes. Le discours ‘hassidique auquel vous faites référence permet de préciser la différence entre elles.

Car, selon une interprétation, on peut considérer que la soumission est plus restrictive, qu’elle a uniquement une dimension physique. Mais, elle peut aussi être prise au sens large et désigner à la fois la soumission du corps et l’humilité de l’esprit. Ainsi, le mot Ko’hav désigne les étoiles, en général, mais aussi une étoile particulière qui porte ce nom. Taharot est le nom d’un ordre de la Michna, mais aussi d’un traité particulier de cet ordre, comme le dit l’introduction du commentaire de la Michna.

Ces discours ‘hassidiques expliquent donc que Rachi emploie le terme de soumission en son sens le plus large, c'est-à-dire désignant également l’humilité. Certes, ces textes distinguent ensuite la soumission de l’humilité. Dès lors, comment établir que Rachi fait référence aux deux à la fois?

En fait, ces discours expliquent que les deux sentiments, éprouvés lors du Chema Israël, sont nécessaires pour se préparer à la prière(2), car il faut soumettre son corps à D.ieu pour pouvoir déverser son âme devant Lui, par cette prière, ce que l’humilité permet de réaliser.

Le Likouteï Torah explique qu’une méditation pénétrée de soumission "conduit à la fois à la soumission et à l’humilité". Il dit aussi qu’il faut "courber et réduire la matérialité et la grossièreté du corps". Il développe encore d’autres explications similaires(3), sans citer le commentaire de Rachi.

Je conclurai en vous souhaitant d’être inscrit et scellé pour une bonne année, une année de paix et de délivrance.

Votre proche parent, qui vous salue,

Rav Mena’hem Schneerson,

Vous trouverez ci-joint le fascicule édité à l’occasion du 18 Elloul, qui est paru il y a peu.

Notes

(1) 1942 et 1940, du précédent Rabbi.
(2) Du lendemain matin.
(3) Le Rabbi note, en bas de page: "En particulier les explications du Maguid et de l’Admour Hazaken, qui figurent dans le Likouteï Torah Chir Hachirim".