Lettre n° 399

Par la grâce de D.ieu,
20 Elloul 5708,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav A.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous trouverez ci-joint le fascicule que mon beau-père, le Rabbi Chlita, a demandé d’éditer à l’occasion du 18 Elloul. Il est certain et il ne fait pas de doute que vous le mettrez à la disposition du plus grand nombre. Du reste, le mot Bevadaï, certain, est constitué des initiales du verset "et David bénit l’Eternel", comme l’explique le Sidour du Ari Zal(2) et le doute, Safek, a la même valeur numérique que Amalek, qui doit être effacé.

J’évoquerai un point lié à la présente période. Le Rambam dit: "Pourquoi Roch Hachana ne peut-il être un dimanche, un mercredi et un vendredi? Parce que certains jours furent adoptés pour cette fête et d’autres repoussés". Mais, il n’explique pas pourquoi est-ce précisément ces trois jours qui furent exclus, alors que le lundi, le mardi, le jeudi et le Chabbat furent conservés et le Rabad pose lui-même cette question.

Selon Rabbénou ‘Hananel, sur le traité Chabbat, Rabbi considère que l’impossibilité, pour ces trois jours, d’être Roch Hachana est un principe transmis à Moché, sur le mont Sinaï(3). Le Ramaz, en revanche, lui trouve une explication d’après l’enseignement ésotérique de la Torah.

En effet, le premier jour de Roch Hachana est celui du jugement sévère. Il ne peut donc être le dimanche, premier jour de la création, celui de l’Attribut de bonté, ni le mercredi, qui correspond à celui de l’éternité, également liée à la bonté. Or, deux jours exclus ne peuvent se suivre et il ne restait donc que le vendredi qui pouvait être repoussé.

Mais, il est plus satisfaisant d’expliquer que le vendredi est lié à l’Attribut du fondement, Yessod, qui adoucit la sévérité. C’est pour cela qu’il fut déclaré deux fois "bon", lors de la création. D.ieu le définit même, cette seconde fois, comme "très bon" et nos Sages expliquent: "Il fait ainsi allusion au roi Machia’h", après que la sévérité ait été adoucie. Le second terme "bon" fut dit après la création de l’homme et c’est pour cela que le premier Roch Hachana, qui commença donc avant l’apparition de l’homme, put être un vendredi. Cette idée ne sera pas approfondie ici.

Nos Sages disent, au traité Pessa’him 54, que le mot "bon" ne fut pas dit, le second jour de la création, parce qu’alors fut créée la lumière de l’enfer. Ce terme fut donc réintroduit, le vendredi. Le Maharya ‘Haver dit, à ce propos: "Le lundi représente le jugement sévère, contrebalancé par la bonté que révéla la circoncision(4). C’est pour cela que le mot bon fut réintroduit, le vendredi".

Ceci nous permettra de répondre à une autre question. Le Rambam avait sans doute une bonne raison pour repousser précisément ces trois jours, comme l’indique le Rabad. Dès lors, pourquoi ne l’énonça-t-il pas?

On peut le comprendre si l’on adopte l’explication qui vient d’être donnée. Le Séfer Hasi’hot de l’été 5700(5), citant le Baal Chem Tov, dit que le Rambam était versé dans la Kabballa. Vous consulterez le commentaire que je donne, à ce propos. Néanmoins, il ne souhaitait pas le révéler, même pas par allusion, à cause du danger qui en découlait, à son époque.

Avec ma bénédiction pour que vous soyez inscrit et scellé pour une bonne année, avec tous vos disciples,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rav A. Schvebel. Voir, sur le contenu de la présente lettre, la lettre n°298.
(2) Voir, à ce propos, la lettre suivante.
(3) Donc sans raison logique.
(4) Liée à l’Attribut du fondement, qui se révèle le sixième jour.
(5) 1940, du précédent Rabbi.